La Bourgogne souterraine, comme au ciel
La grotte ornée d’Arcy-sur-Cure
La grotte d’Arcy-sur-Cure était déjà connue au XIXe siècle. « À l’époque, elle fut même l’objet d’un commerce, explique Franck, le guide. On y venait pour découper les stalactites et les réinstaller dans les jardins des grandes villes, comme le Jardin des Plantes à Paris. » La visite s’étire entre les concrétions le long d’un bras mort de la rivière. Tour de Babel, salle du chaos, dromadaire couché : autant d’appellations suggestives de sculptures naturelles qui participent du charme désuet de l’endroit.
Au fond de la grotte, le ton se fait plus grave : « C’est en 1990, lors d’une séance de photo, qu’un archéologue a découvert la première peinture grâce à la lumière des spots ». Et de dresser la liste des figurants : un mégacéros (ancêtre de l’élan), des rennes, des ours, des poissons. Tous datés de 30 000 ans au carbone 14. « Ce qui ferait d’Arcy la grotte ornée la plus ancienne du monde, si en 1976, pour nettoyer le noir de fumée accumulé par des siècles de visites, on n’avait pas “nettoyé” les parois avec un mélange d’acide chlorhydrique projeté à haute pression. » Avec pour effet la destruction de la majeure partie des peintures. Et d’un trésor inestimable.
Texte : Laurent Boscq
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