Tallinn à l’heure d’Internet

Au Reval Cafe, situé dans la rue Müürivahe, de jeunes Estoniens viennent se connecter avec leur ordinateur portable à l’heure de l’apéro. Un mobile collé à l’oreille, un ordinateur allumé sur la table et des planches de dessin à ses pieds, Martin Kernumees vient souvent travailler dans ce café branché wi-fi. En ce moment, il planche sur l’ouverture d’une galerie d’art. « Tallinn est une ville où l’on peut pratiquement se connecter partout en wi-fi. Grâce à l’Internet sans fil, je me connecte ainsi facilement pour récupérer mes mails, consulter des sites web ou téléphoner avec Skype », s’enthousiasme-t-il.

Ici, se servir d’Internet en wi-fi est devenu une pratique banale. Comme Martin, de nombreux Estoniens ont déjà basculé dans l’ère du numérique. Car Tallinn est l’une des capitales européennes les plus branchées high tech. Un peu partout dans la ville, des panneaux portant le sigle « Wifi ee », sur fond noir et orange, indiquent discrètement que l’Internet sans fil, le wi-fi, est disponible gratuitement. La plupart des cafés et des restaurants proposent aussi le wi-fi en libre accès. Autant de signes tangibles que le high tech a fait irruption dans le médiéval.

L’Estonie est considérée par les économistes comme l’une des terres saintes d’Internet, de la téléphonie mobile et de l’informatique. Qualifiée souvent de « tigre de l’Internet », parfois même d’« e-Estonie », la république balte fait partie des pays pionniers en matière de nouvelles technologies et de vote électronique. Des applications aussi emblématiques que Skype (téléphonie sur Internet) ou bien KaZaa (réseau peer to peer, le site d’échange de morceaux de musiques en fichier MP3) ont été conçues par des cerveaux estoniens.

« 61 % de la population en Estonie utilise Internet, 95 % des foyers de Tallinn sont connectés au réseau des réseaux », précise Väïno Olev, le directeur « Infotechnology » de la mairie de Tallinn. À l’école, chaque élève doit aujourd’hui passer un examen Internet. « Nous avons aussi mis en place des centres éducatifs réservés aux jeunes consacrés à l’apprentissage et à l’utilisation d’Internet », explique le monsieur high tech de la mairie de Tallinn. Aujourd’hui, on compte près de 60 lieux publics équipés de l’Internet sans fil, dans les parcs, les places et les bibliothèques publiques. On trouve à Tallinn de nombreux « hotspots wi-fi », « il y en aurait près de 360 », indique notre interlocuteur dans son bureau du City Government.

L’Estonie est aussi une démocratie en phase avec son temps, pionnière en matière de démocratie électronique. À deux reprises, ce petit pays balte a expérimenté le vote électronique à l’occasion d’élections municipales en 2005 et législatives en 2007. Aux dernières élections de mars, ce sont près de 30 000 électeurs qui ont choisi les candidats sur Internet. « Tallinn est un laboratoire pour le système de vote par Internet », précise le responsable.

La ville de Tallinn est également en pointe dans l’administration électronique. Les documents administratifs sont digitalisés et téléchargeables, tandis que les séances du conseil municipal sont retransmises en direct. L’usage du téléphone portable est aussi entré dans la vie quotidienne. Avec leur cellulaire, les Estoniens peuvent régler leur ticket de parking ou de bus, payer les taxis ou les commerçants. Bref, c’est un grand bond en avant, des Soviets à Internet, pour ce petit pays indépendant seulement depuis seize ans.

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