Essaouira : L’art à l’abri des remparts
La ville aux mille et une galeries
Si les traces des passages de Welles ou Hendrix se sont estompées, Essaouira est restée une ville d’art. Le nombre impressionnant de galeries disséminées dans la médina témoigne du dynamisme culturel de cette cité portuaire. N’hésitez pas à franchir leurs portes, ne serait-ce que pour jeter un coup d’œil. L’accueil y est bien plus chaleureux que dans les galeries françaises. La plus importante se trouve en face de l’Horloge. La galerie Frédéric Damgaard porte le nom de son créateur, un mécène danois qui fit beaucoup pour le rayonnement de l’art marocain en Europe. Vous y trouverez des œuvres de la jeune génération d’artistes souiris, dont les tableaux naïfs et colorés tranchent avec la blancheur des murs. Des pièces de mobilier, qu’on imagine sans difficulté trôner dans un coin de son salon, sont également exposées.
Située dans un ancien entrepôt, rue du Caire, la galerie Othello est plus intimiste. La lumière est tamisée et un disque de Gotan Project passe en boucle. Après la profusion de couleurs que l’on trouve dans la plupart des autres galeries, l’œil est attiré par ce qui ressemble de loin à des calligrammes d’Apollinaire, en fait des calligraphies de Mohammed Tifardine.
Dans son atelier de la rue de la Ceuta, ce peintre reçoit avec un calme certainement hérité d’une pratique intensive de la calligraphie. Il explique timidement sa démarche artistique : « Mon idée est de dessiner avec des lettres arabes des poèmes ou des proverbes issus de la littérature occidentale ». Il trouve son inspiration chez Socrate ou Rousseau. Ses tableaux symbolisent la rencontre de l’Orient et de l’Occident. Son œuvre est à l’image de sa ville : un véritable mariage de cultures.
Texte : Jean-Baptiste Herrera
Mise en ligne :