Peshawar, dernier arrêt avant Kaboul...
Peu de touristes !
Les voyageurs occidentaux sont rares dans cette zone. La police pakistanaise,
il est vrai, fait tout pour les en dissuader. On dit que la région est le fief
de grands trafiquants de drogue. De fait, la route longe parfois, de magnifiques
maisons, cernées d’impressionnantes murailles de terre, au travers des meurtrières
desquelles on aperçoit de temps à autre le nez d’une mitrailleuse. Tous les
hommes sont armés. C’est une tradition. Une Kalachnikov ne vaut pas plus de
300 F au souk de Landikhotal. De là, la route mène directement à Torkham,
dernière oasis de verdure avant la fatigante route de Kaboul ou de Jalalabad,
toutes proches. La chaleur y monte d’un cran, une fois franchie la frontière.
Le paysage se fait aride et l’ambiance électrique.
Des rumeurs circulent, selon lesquelles Oussama Ben Laden et le mollah Omar,
le chef spirituel de la milice talibane, auraient trouvé refuge dans cette zone
tampon entre l’Afghanistan et le Pakistan. Cette zone tribale où ni la police
ni l’armée pakistanaise ne se risquent plus depuis les escarmouches de 1996.
Ces territoires, appelés aussi “ Agencies ” (agences), présentent
pour les miliciens intégristes afghans de gros avantages. Ils sont d'abord peuplés
de tribus pachtounes sunnites, qui s'identifient sans problème aux anciens maîtres
de Kaboul. Ils offrent en outre de nombreuses caches, idéales pour des guerriers
harcelés par les troupes de l’Alliance du Nord. Certains endroits ne sont en
effet accessibles que par hélicoptère. Et les réseaux souterrains d’irrigation
constituent de formidables bunkers pour s’abriter lors de frappes aériennes.
Texte : Baudouin Eschapasse
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