États-Unis : une nation divisée

Auteur : Hans-Georg Betz

Editeur : Editions Autrement

240 Pages

États-Unis : une nation divisée

Voici un ouvrage bien utile pour qui veut comprendre l’échiquier politique américain actuel, à l’orée d’une année électorale qui s’annonce cruciale pour les États-Unis. Au-delà de l’affrontement très médiatisé entre les démocrates Hillary Clinton et Barack Obama, une ligne de fracture beaucoup plus profonde divise la nation de l’Oncle Sam : celle entre les tenants de la droite chrétienne et les partisans libéraux d’une société laïque. Grosso modo, cette division correspond à celle entre les États rouges (républicains) et bleus (démocrates). D’un côté, l’Amérique rurale de la Bible Belt et des plaines, de l’autre la nation multiculturelle des grands centres urbains, comme la côte Est et la Californie.
Entre ces deux Amériques, le fossé ne cesse de se creuser jusqu’à l’incompréhension, voire la guerre culturelle. Car, comme nous le révèle ce précieux essai de Hans-Georg Betz, politologue canadien enseignant à la York University de Toronto, il s’agit bien d’une guerre de valeurs entre deux conceptions du monde. L’élection de 2004, qui a vu la victoire de George W. Bush, s’est jouée sur ce terrain : les questions de l’avortement, du mariage gay, du rôle de la famille et de la place de la religion dans la vie publique ont tenu un rôle tout aussi important que la guerre en Irak dans l’élection de Bush.
La question religieuse est de loin la plus inquiétante : une coalition conservatrice, convaincue d’être dans une « guerre sainte » visant à installer une théocratie à Washington, a porté les Républicains au pouvoir. Ces bien sinistres « penseurs », qui considèrent que l’Islam est l’ennemi à abattre et que les Liberals sont des suppôts de Satan, ont vu leur influence grandir dans l’Amérique rurale et conservatrice. En passant, nous signale Betz, c’est dans ces États-là que le nombre de divorces, d’avortements et d’assistés sociaux est le plus important. Il y a donc bien une certaine hypocrisie chez les défenseurs des moral values qui ont porté Bush au pouvoir.
L’Amérique bleue des villes ne comprend donc plus celle des champs. Entre ces deux univers règnent l’incompréhension et le mépris mutuels. L’ère Bush se caractérisera peut-être par cette profonde rupture qui traverse le pays, marquée par le soupçon, le ressentiment et la haine du voisin. Espérons que le (la) président(e) qui entrera à la Maison-Blanche cette année saura réduire ce fossé culturel. Et par là-même, combler l’abîme qui sépare désormais l’Europe majoritairement laïque d’une certaine Amérique conservatrice, celle des fous de la Bible qui inspirent les Républicains.

Texte : Jean-Philippe Damiani

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