C’est à Alger

Auteur : Fellag

Editeur : J.-C. Lattès

200 Pages

C’est à Alger

Mohammed Saïd Fellag, dit Fellag est un homme de paroles. En France, on a découvert cet humoriste kabyle dans les années 1990 avec des spectacles qui éclairaient cette Algérie si lointaine d’une autre lumière que celle des massacres télévisés du 20 h, il nous la rendait plus vivante, plus quotidienne et plus désespérée. Dans son pays, voilà bien longtemps qu’il est un héros national, un prophète cynique. Si bien que ses sketches au vitriol sont dans toutes les bouches, ses tournures impudiques sur toutes les lèvres, et qu’il a su élever l’espoir au rang de proverbe : « partout quand on touche le fond, on finit par remonter ». Bientôt, l’homme de scène s’est mis à écrire, un premier recueil de nouvelles Rue des petites daurades puis, C’est à Alger, état des lieux de l’Algérie d’aujourd’hui. Ce recueil de nouvelles n’est pas un one man show, c’est la voix de toute une jeunesse muselée, sacrifiée. Les cinq courts récits composent une galerie de portraits grimaçants de jeunes Algériens brisés par les fanatismes de tous bords. Il y a Mourad torturé par la police politique pour avoir ri avec ses voisins de café aux dépens du président Boumediene ; Kamel et Nordine qui jouaient ensemble enfants et qui s’entretuent désormais parce que l’un porte un uniforme et l’autre une épaisse barbe ; il y a Farid, peintre miniaturiste dans un pays où tout rétrécit un peu plus chaque jour et il y a Samia, cloîtrée par des frères-geôliers, qui passe ses nuits sur le balcon à se confier à l’amant qu’elle n’aura jamais… L’écriture est aiguisée comme un scalpel, la description ne s’embarrasse pas de paysages, elle implose de sentiments, de sensations. Fellag nous peint un pays magnifique où chacun avance la peur au ventre, un Éden où tout invite au bonheur des sens jusqu’à ce qu’une balle venue de nulle part fauche un ami, un frère. Et la fuite ne règle rien : dans Alger-New York, Hocine, qui tente d’échapper à l’horreur quotidienne en se réfugiant aux États-Unis, se retrouve accusé d’avoir participé aux attentats du World Trade Center. Au sommet de sa gloire en Algérie, Fellag a lui-même été pris au piège de ce cercle vicieux qui se trompe de victime. Au beau milieu d’un spectacle où il suppliait à genoux les Algériennes de pardonner l’attitude de leurs hommes, une bombe explose dans les toilettes des femmes, et le contraint à l’exil. C’est depuis la France qu’il continue son combat, sur les planches et sur le papier, pour le peuple algérien auquel ce livre est dédié, et pour cette voix plaintive qui, dans la nouvelle La Théorie des dominos, résonne du fin fond des cellules de la police politique : « Y’a quelqu’un ? Oh mes frères, pitié ! Faites de moi ce que vous voulez, mais ne m’abandonnez pas. Parlez-moi. Je veux entendre des mots. Je vous les achète. Combien pour un mot ? Dehors, j’ai de l’argent. S’il vous plaît ! Y’a quelqu’un ? ».

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Texte : Clémence Petit-Perrot

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