Les mal passés
Auteur : Pierre-François Moreau
Editeur : Éditions Jean-Paul Rocher
107 Pages
L’été 1962 fut radieux, “ sans aucun doute le plus beau de ces années-là ”, écrit l’auteur. L’été des mal passés, l’été des rapatriés, ces centaines de milliers de pieds noirs qui arrivèrent en France fuyant l’Algérie. Malpasset, c’est aussi le nom d’une vallée au-dessus de Fréjus où se trouvait un barrage dont les murs cédèrent le soir du 2 décembre 1959, libérant une vague de 50 m de haut qui détruira tout sur son passage jusqu’à la mer. Le bilan sera lourd, plus de 400 morts et des milliers d’habitations détruites. C’est dans cette atmosphère de catastrophe nationale que le narrateur du livre, un petit garçon de cinq ans, arrive d’Alger chez sa grand-mère à Nice. Son père a profité d’un concours administratif pour fuir l’Algérie en guerre avant l’alternative cruelle de la valise ou du cercueil. Tout commence dans l’insouciance de la ville blanche ensoleillée, puis la rumeur des “ événements ” jusqu’aux bombes qui explosent dans les rues algéroises. Enfin, le retour en France, ce qui signifie pour l’enfant “ une vie fourmillant d’aventures et de tribulations ”. D’abord le Midi, puis la banlieue lyonnaise et au bout du voyage, Paris, la “ ville noire ”. Pierre-François Moreau a choisi le regard d’un enfant pour nous faire revivre le cheminement douloureux de ces rapatriés d’Alger à Paris. Un choix judicieux qui permet à l’auteur de relater une période polémique à travers le témoignage souvent tendre et émouvant d’un petit garçon. Pour le lecteur qui se demanderait si le récit est autobiographique, la quatrième de couverture du livre indique que l’auteur est né à Alger en décembre 1954.
Texte : Jean-Luc Bitton
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