5 décembre 2006

Les libertés individuelles reculent encore aux États-Unis au nom de la lutte contre le terrorisme, avec une nouvelle trouvaille de Washington : le ciblage automatisé (Automated Tracking System). Ce programme, qui fait froid dans le dos, est entré en vigueur lundi dernier pour évaluer le risque terroriste posé par chaque voyageur ou marchandise.
Chaque personne, américaine ou non, qui entre ou sort des États-Unis fait désormais l’objet, d’une « évaluation de risque » terroriste, dont elle ne pourra pas connaître le résultat pourtant enregistré pour quarante ans. Le ciblage automatisé puise dans les données des services du Commerce, du Trésor et des compagnies aériennes. Ces dernières doivent transmettre aux autorités américaines l’adresse postale et électronique du passager, le type de bagages utilisé, le numéro de sa carte de crédit et le type de repas qu’il a demandé pendant le vol.
Par ailleurs, le ministère de la Sécurité intérieure n’autorisera pas les dizaines de millions de personnes concernées à consulter le résultat de leur évaluation. Elles ne pourront donc pas contester d’éventuelles erreurs. Les données seront en revanche accessibles, toujours pendant quarante ans, à une liste imprécise d’autorités fédérales, locales ou étrangères. Le ciblage automatisé pourra pourtant interdire à quelqu’un de pénétrer aux États-Unis ou d’obtenir un emploi dans un secteur sensible. Plusieurs associations de défense des libertés ont dénoncé ce système portant atteinte à la vie privée. Le ciblage automatisé risque de faire porter les soupçons sur d’innocents voyageurs, victimes collatérales du délire sécuritaire de l’administration républicaine.

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