La Festa de’Noantri à Rome : le Trastevere comme on l’aime !

La Festa de’Noantri à Rome : le Trastevere comme on l’aime !
© APT Rome

Fin juillet, le quartier romain du Trastevere s’anime, en souvenir de la Madone du Carmel, pour « la Festa de’Noantri ». Une procession religieuse qui sert de prétexte à huit jours de fête : spectacles de rue, artisanat, gastronomie, mais surtout couleurs, parfums et joie de vivre vous y donnent rendez-vous. L’occasion de découvrir le versant populaire et l’authenticité préservée de l’un des plus beaux quartiers de Rome, à la personnalité bien marquée.

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De l’autre côté du Tibre

Tout est dans le nom : étymologiquement, Trastevere veut dire « de l’autre côté du Tibre ». De l’autre côté, par rapport au centre de Rome, siège du pouvoir depuis l’Antiquité. Le Trastevere, c’est donc l’autre Rome. Ce quartier, dont l’activité a longtemps été liée à la navigation fluviale, n’a intégré la ville éternelle qu’au Ie siècle av. J.-C. Longtemps considéré comme un faubourg, le Trastevere a toujours eu une identité très marquée qu’il doit à ses habitants, parfaits représentants du peuple romain, sanguin, hâbleur et épicurien. Quartier populaire, donc, et longtemps populeux, il possède une architecture distincte qui évoque la province à quelques encablures du Colisée. Petits immeubles qui regorgent de charme, échoppes d’un autre âge, labyrinthe de ruelles (vicoli) où il fait bon se perdre, pour déboucher, au fil de la promenade sur la ravissante place Santa Maria in Trastevere : le promeneur a l’impression de voir battre le cœur véritable de la ville éternelle. Les plus anciens habitants du quartier ne parlent-ils pas entre eux ce dialecte romain, difficile à comprendre pour un étranger ?

Et, pourtant, revers de la médaille, le Trastevere, depuis une dizaine d’années, paie son authenticité très cher. Comme l’Est parisien, l’ancien faubourg romain est en voie de « boboïsation ». Touristes américains et européens friqués se pressent dans les restos et les bars du quartier, où un caffé peut coûter jusqu’à 3 € ! Depuis 1950, le quartier est passé de 55 000 à 20 000 habitants suivant une évolution inversement proportionnelle au coût de l’immobilier. Bref, une triste rengaine qui ne nous est pas étrangère. Heureusement, la mixité sociale n’a pas disparu de ce quartier des bords du Tibre. Il reste encore des gargotes où l’on mange sa pasta sur des nappes en papier pour trois fois rien, des barbiers que l’on croirait sortis d’un film de Dino Risi, du linge aux fenêtres et d’exquis effluves échappés d’une cuisine de mamma. Autre signe de la résistance populaire du Trastevere : une fête traditionnelle, la Festa de’Noantri. Une vraie fête de quartier avec des animations plein la rue, de la bonne bouffe, des lampions, une procession et, surtout, une légende. Mais toujours pas de site internet…

Aux origines de la fête, une légende

Encore une fois, le nom dit tout. La Festa de’Noantri affiche la couleur : en dialecte romain, elle signifie « la fête de nous autres », les habitants du Trastevere. Depuis 1927, cette fête de quartier débute chaque année à partir du samedi suivant le 16 juillet et constitue le versant profane d’une fête en l’honneur de la Madone du Carmel (Madonna del Carmine). À l’origine de la Festa, on trouve une vieille légende du Trastevere qui commence, comme il se doit, un soir de violente tempête. En 1535, des pêcheurs auraient retrouvé dans les eaux du fleuve agité une statue en bois de la Vierge, baptisée « la Madonna Fiumarola » (la madone du fleuve). Elle est alors offerte aux carmélites de l’église San Crisogono, qui se trouve sur l’actuelle place Sydney Sonnino.

Devenue la sainte protectrice du Trastevere au XVIIe siècle, la Madone est placée dans l’église Sant’Agata. Depuis, chaque année, le samedi après la mi-juillet, les habitants du quartier rendent hommage à la Madonna del Carmine en la transportant, au cours d’une procession, le long des rues du Trastevere, de Sant’Agata à San Crisogono, où elle est exposée pendant huit jours à la vénération populaire avant de retourner d’où elle vient.

Et le sacré devint profane…

En Italie et dans les pays latins, les célébrations religieuses servent souvent de prétexte à des réjouissances bien terrestres. Il faut dire que, pour se remettre de la chaleur de l’été, les porteurs de la Vierge ont pris l’habitude de s’arrêter dans les tavernes du Trastevere pour boire un petit coup. Bref, la fête de la Madone n’a jamais engendré de pieuse mélancolie. Devenue Festa de’Noantri, elle assume pleinement son côté séculier et, plus que la Vierge, la Madonna del Carmine représente le Trastevere dans le cœur des Romains. Ici, du samedi 22 au dimanche 30 juillet prochains, c’est tout un quartier qui va s’autocélébrer.

Outre la procession, qui cette année ne pourra s’achever à San Crisogono pour cause de travaux de restauration, Noantri propose de nombreuses activités aux habitants du quartier et aux touristes. Pendant huit jours, le Trastevere devient un village qui fait appel à tous les sens. Couleurs, parfums, éclats de voix… La rue est un spectacle où l’on admire le travail des artisans, les étalages des marchés et les décorations des boutiques. C’est aussi une foire aux délices, où l’on se régale du délicieux cochon de lait rôti aux herbes, la porchetta, de beaux fruits et d’antipasti, d’amuse-gueules, de charcuteries, de fromages et de gelati de toutes sortes, en sirotant un bon petit vin, une bière glacée ou la grattachecca, glace pilée arrosée de sirop.

Mais la Festa de’Noantri possède aussi un volet culturel qui met en valeur le travail des artistes locaux. Il fait bon flâner dans le quartier pour admirer des expositions en plein air, des spectacles de rue, des concerts et des pièces de théâtre qui nous rappellent que les Italiens sont les créateurs de la Commedia dell’Arte. À l’occasion de la fête, une foire aux livres (Libri in Campo) se tient également sur la belle place Santa Maria in Trastevere à la Casa delle Letterature, où des lectures et des rencontres avec des auteurs sont prévues. Mais vous pouvez également vous laisser porter par le charme de l’été romain, suivre les ondulations de la foule, aller où bon vous semble, porté par les clameurs et les odeurs… Rien n’est plus agréable, en effet, que de se perdre dans les ruelles de ce quartier unique. Si cela vous arrive le soir de la clôture de la fête, le 30 juillet, levez les yeux au ciel : un feu d’artifice vous montrera la voie vers le cœur du Trastevere, la piazza Santa Maria. Et n’oubliez pas : tous les chemins mènent, de toute façon, à Rome.

Infos pratiques

- Office du tourisme de Trastevere : piazza Sydney Sonnino, tél. : (00-39) 06-58-33-34-57.
- Informations touristiques sur le site : www.romaturismo.it
- Informations sur l’actualité culturelle du festival Estate Romana, partenaire de la Festa de’Noantri : www.estate.roma.it

P'tites adresses

Où dormir ?
- Hotel Trastevere : Via Luciano Manara, 24. Tél. : (00-39) 06-58-14-713. Un hôtel bien tenu, au cadre harmonieux et aux chambres parfaites. Excellente adresse au cœur du quartier. Doubles à 105 €, petit-déjeuner buffet compris.

Où manger ?
- Da Augusto : piazza de Renzi, 15. Tél. : (00-39) 06-58-03-798. Fermé samedi soir et dimanche. Sur une place charmante, derrière Santa Maria in Trastevere. Ambiance populaire et plats entre 7 et 9 €. Bonnes pâtes, viandes et superbe tiramisu.

Églises
- Chiesa San Crisogono : Piazza Sonnino, 44.
- Chiesa Sant’Agata : Largo S. Giovanni de Matha, 9.

Texte : Jean-Philippe Damiani

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