Les migrants dans le monde : et pourtant ils tournent...
La France

Un Français sur quatre a un aïeul étranger. Voilà qui devrait clore un certain nombre de débats sur la capacité de ce pays à intégrer des populations venues d’ailleurs. Mais ce n’est pas le cas. La fébrilité qui saisit une partie de l’opinion publique à l’évocation des questions d’immigration – que l’on nomme « problèmes » – vient sans doute, du moins pour une bonne part, du fait que la France n’a pas connu dans son histoire de vagues d’émigration.

La France en mouvements
L’idée que les Français sont des gens attachés de longue date à leur terre est une idée largement fausse. Des mouvements continus ont fait migrer à l’intérieur du territoire des provinciaux allant là où ils trouvaient du travail et une possibilité de s’établir. Ces flux ont été d’autant plus massifs vers les campagnes, pendant longtemps, puis vers les villes, surtout depuis la révolution industrielle. L’exode rural est un phénomène ancien – par exemple, Paris s’est peuplé de Picards, de Bretons, de Morvandiaux, d’Auvergnats, de Limougeauds… – et n’est d’ailleurs toujours pas terminé.

Plusieurs vagues au XXe siècle
La France a vu venir à elle de forts contingents d’étrangers dans les régions industrielles et minières, et notamment quand les besoins s’en sont fait sentir (en Lorraine, dans le Nord…). L’attraction des grandes villes (Paris, Marseille…) a aussi attiré des groupes plus ou moins importants, souvent spécialisés dans une profession ou victimes d’un accident de l’histoire.
Sont ainsi parvenus en France des Belges, des Italiens, des Arméniens, des Indochinois, des Polonais, des juifs d’Europe de l’Est, des Espagnols, des Portugais, des Maghrébins. Depuis la toute fin du siècle dernier, on constate l’arrivée d’Africains de l’Ouest, de Congolais, de Chinois et d’autres Asiatiques : Indiens, Sri Lankais, Turcs, Kurdes…
Se sont également joints à la communauté hexagonale des Français d’outre-mer, Antillais surtout, ainsi que les rapatriés des anciennes colonies, notamment ceux d’Algérie, lesquels étant d’ailleurs pour bon nombre d’entre eux d’origine étrangère (Espagnols, Maltais, Italiens…).

Assimilation, intégration
Par méprise, ces deux termes sont souvent pris l’un pour l’autre en France. L’assimilation, c’est l’abandon de toutes ses particularités pour se fondre dans la population. C’est l’horizon mythique que fixent particulièrement les nationalistes à tout étranger. Ce pourrait être une solution, mais elle n’est guère viable car on pourra toujours vous reprocher de ne pas vous être complètement assimilé (surtout si votre couleur de peau ou la pratique de votre religion vous distingue).
À ce concept, on préfère majoritairement celui d’intégration. À condition de respecter les lois du pays, on reste libre de vivre comme on veut. Dans d’autres pays, l’étranger peut être un résident auquel on accorde des droits spécifiques. C’est ce que l’on appelle le communautarisme.

Législation
L’ordonnance du 2 novembre 1945 précise le statut des étrangers en France. Au fil des décennies, elle est modifiée au gré des politiques menées par les gouvernements successifs. Les premières lois apparaissent vraiment en 1849. Déjà, il est question de procédures d'expulsion. Les étapes suivantes sont 1888, 1893 et 1917, année où l’on institue une carte d'identité pour les travailleurs émigrés. En 1938, on précise les modalités d’entrée et de séjour des étrangers.
Donc, en 1945, le recrutement de la main-d’œuvre est confié à un Office national d'immigration (ONI). Un contrat de travail est exigé, mais on laisse filer, selon les besoins, et on fait des exceptions (notamment pour les migrants de la CEE, des colonies). En 1968, puis en 1972, des circulaires veulent interdire l’entrée aux travailleurs sans contrat de travail. Durant cette période-là, commencent les premières luttes des « sans-papiers » pour être régularisés.
En 1974, décision est prise de suspendre l’immigration. En 1977, sont encouragés les retours volontaires. On ne renouvelle plus systématiquement les autorisations de travail, le regroupement familial est restreint (principe adopté en 1976). En 1980, une loi rend plus strictes les conditions d’entrée sur le territoire, faisant de l’entrée et du séjour irréguliers des motifs d’expulsion, et prévoit la détention dans un établissement pénitentiaire. Durant les premiers mois de l’année suivante, une autre loi légalise les contrôles d’identité à titre préventif.
En 1981, la gauche arrivée au pouvoir assouplit la réglementation et procède à une régularisation exceptionnelle d’environ 130 000 personnes. Une loi permet la constitution d’associations réunissant des étrangers. Une autre encadre et limite les expulsions. À partir de 1984, c’est un incessant ballet de lois, circulaires et autres règlements qui se contredisent au gré des mandatures de droite et de gauche en 1986, 1989, 1991, 1993, 1996 (année de l’expulsion des sans-papiers de l’église Saint-Bernard à Paris), 1997, 2002, 2003, 2004, 2006…
L’accumulation de textes rend la régularisation difficile, aléatoire, sujette à tous les abus. Les « sans-papiers » font désormais parler d’eux en permanence.

Les effets des politiques sur la population
Les expulsions posent d’énormes problèmes. Les passagers des avions se révoltent souvent contre les conditions d’embarquement des expulsés. Des manifestations réunissent régulièrement de grandes foules, des artistes, des enseignants, des parents d’élèves, des élus, et d’autres citoyens s’organisent pour lutter contre les divers effets des politiques gouvernementales. De temps à autre, on rappelle que chaque année, 20 000 personnes sont maintenues dans les zones d’attente des aéroports français.

Instrumentalisation, discrimination
L’étranger, pour peu qu’il soit pauvre ou misérable, n’est guère le bienvenu, du moins si l’on s’en tient aux contraintes de la législation en vigueur et à l’instrumentalisation politique de sa présence.
Le racisme, issu des théories nées au XIXe siècle, alors que se mettait en place la colonisation, tient une grande part dans la stigmatisation des anciennes possessions françaises d’outre-mer. Il en va de même pour la xénophobie (le rejet de l’étranger) qui, elle, est aussi vieille que le monde. Il n’est pas difficile d’élever une population dite « de souche » face à « l’envahisseur » qui aurait tous les droits (soins, travail, logement, etc.), alors que le national, quant à lui, n’a rien… De la foutaise, bien sûr, car, dans la réalité, c’est plutôt le contraire qui est vrai.
En France, comme dans d’autres pays européens, des partis politiques ont fait leur miel de cette rhétorique. Parfois, les arguments résonnent dans l’esprit des autochtones : la sensation de « ne plus être chez soi » repose sur des faits. Mais lorsqu’un voisin « bien de chez nous » gêne, on ne met pas son origine en cause. S’il s’agit d’un étranger, c’est cela qui vient en premier. Du racisme et de la xénophobie découlent des pratiques discriminatoires : refus de logement, de travail, de relations de tous ordres.

Des destins contrariés
Les enfants de migrants connaissent fréquemment le même sort que leurs parents. Certains sont étrangers, d’autres français par leur naissance sur le territoire (en vertu du droit du sol). Mais pour beaucoup, on les classe dans la catégorie « population d'origine étrangère ». Cela dit, petit à petit, l’oiseau fait son nid et la fameuse intégration donne des résultats, par l’école et quantité d’activités, grâce aussi à l’action d’organismes divers et de très nombreux individus qui s’opposent à la stigmatisation, aux discriminations. Les naturalisations sont nombreuses, les mariages ou unions libres aussi.

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