Les principaux genres classiques

La plupart des genres que nous connaissons aujourd'hui ont pris forme à partir de la fin du XIXe siècle. Auparavant s'étaient développés deux grands types de musiques, la modinha et le lundu. Le premier, style de chanson d'amour joué à la guitare, est d'origine européenne, l'autre, d'héritage africain, est très rythmique. Finalement devenus très proches, ils se fondront dans les nouveaux modes en gestation : choro, samba, forró... Deux grandes régions vont être les berceaux de ces derniers : le Sud et le Nordeste. Petit tour d'horizon.

Au Sud

Le choro est le genre par lequel, vers 1880, s'acclimate les danses européennes dont la bourgeoisie carioca blanche est friande. La partie plus modeste de la population, notamment les métisses, s'empare des valses, des polkas, etc., et leur donne quelques atours africains. Même si le mot choro signifie « pleurs », cette musique ne tire pas de grosses larmes à ses auditeurs. De type instrumental, elle permet aux ensembles qui l'interprètent de développer des thèmes délicatement mélancoliques et de procéder à des improvisations inspirées. Le choro se joue basiquement à la flûte, au cavaquinho et à la guitare. Jamais vraiment passé de mode, il continue d'être pratiqué.

La samba (certains mettent le mot au masculin pour parler de la musique, adoptant le féminin pour définir la danse) est née à la fin des années 1920. Elle succède au maxixe (La mattchiche, chantée par le Français Mayol en 1905 !), un mélange de polka, de habanera et de rythmes africains aussi sensuel et scandaleux que son contemporain le tango. C'est dans le quartier de la Pequena Africa et dans les favelas de Rio que la samba trouve son identité, là où sont venus s'installer des migrants du Nordeste. Contrairement au choro, la samba trouve principalement ses racines dans les traditions africaines restées vivaces par-delà les temps d'esclavage. Après une courte période pendant laquelle les élites condamnent cette nouvelle musique comme étant l'œuvre de voyous lubriques, on ne veut plus entendre qu'elle, à tel point qu'elle devient la musique reine du carnaval. Les fameuses écoles de samba de Rio naissent très vite, donnant l'occasion aux classes les plus défavorisées de s'exprimer - celle de Portela est une des plus fameuses. Puis, comme beaucoup de musiques du XXe siècle, c'est par le disque - le premier est consacré à Pelo telefone en 1917, un énorme tube - et la radio que le genre se propage. Il s'impose dans tout le pays - puis, plus tard, séduit le monde entier. Aux États-Unis, par exemple, la chanteuse Carmen Miranda mènera une carrière exubérante dans les années 1940. C'est ainsi que depuis un siècle, la samba est associée au Brésil et inversement. Le genre se décline en de multiples formes : samba carnaval, de breque (qui comporte des passages parlés), cançao (ballade, considérée comme étant l'ancêtre de la bossa nova), gafiera (instrumentale), pagode (qui se joue au cours de fêtes)… Mélangée à d'autres genres, la samba devient soul, rock, reggae, etc. Parmi les grands noms de la samba, il faut signaler Pixinguinha - et son Grupo da Guarda Velha -, l'un de ses premiers maîtres avec Donga et Sinhô, Noel Rosa, Ary Barroso (créateur de Aquarela do Brasil, qui a servi de thème au fameux film Brazil de Terry Gilliam…), Dorival Caymmi, Paulinho de Viola…

Le carnaval de Rio commence à prendre la forme qu'on lui connaît à présent au milieu du XIXe siècle. Dans les années 1920, par le biais des écoles de samba, les Afro-Brésiliens jusque-là quelque peu tenus à l'écart des festivités gagnent le droit d'y prendre part. En 1935, le gouvernement autorise officiellement ces défilés musicaux et dansants qui réunissent des milliers de participants en grand apparat. Chaque école de samba rivalise d'imagination pour « vaincre » ses adversaires : meilleures chansons, plus beaux costumes, pas de danse les plus fous… C'est qu'il faut emporter le premier prix - la gloire ! - ou, au moins, demeurer dans la première division. Car le système qui régit les écoles de samba est aussi impitoyable que celui du futebol. À présent, le carnaval de Rio est une énorme machine encore très populaire. Mais il est vertement critiqué par certains : trop de spectacle, trop de touristes…

La bossa nova est fille de la samba. Elle vient des quartiers chics de Rio et fréquente les clubs de jazz. Desafinado, Chega de saudade, Garota de Ipanema : autant de chansons immortelles, jouées et rejouées à l'infini en tous points du globe. Quel succès tout de même ! C'est à la fin des années 1950 que la nouvelle vague (traduction de bossa nova) brésilienne surgit sur la plage de Copacabana. Les créateurs de ce qui va devenir un genre en soi sont João Gilberto, Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes - ils seront rejoints par Astrud Gilberto, Baden Powell, Toquinho, Roberto Menescal… Volontiers provocateurs, ces grands artistes adoptent une manière de chanter décalée par rapport au cadre rythmique, ce qui donne de prime abord l'impression qu'ils chantent faux… Leurs paroles sont très travaillées, économes d'effets, parfois caustiques, souvent désenchantées. On apprécie très vite la bossa nova bien au-delà du Brésil, notamment du côté des amateurs de jazz. Et des professionnels : ainsi les saxophonistes états-uniens Stan Getz et Gerry Mulligan, le crooner Frank Sinatra inscrivent-ils la bossa nova à leur répertoire. Un film comme Orfeu negro - du Français Marcel Camus (1959) - popularise le nouveau rythme auprès d'un très large public.

São Paulo ne jouit pas de la même notoriété que Rio ou Bahia lorsqu'on parle de musiques du Brésil. Pourtant, c'est dans cette mégalopole industrielle que se sont particulièrement bien implantés le rock'n'roll, puis le heavy metal, le hip hop et l'électro plusieurs décennies plus tard. Il est à noter que, comme Rio, São Paulo est un des points de chute importants pour les émigrés du Nordeste, musiciens compris. Il n'est donc pas étonnant que des vedettes du forró, par exemple, y mènent carrière. Et que les studios et autres lieux de création soient depuis longtemps sous influence nordestine.


Dans le Nordeste

Le forró. C'est sous ce terme que l'on réunit les rythmes qui fleurissent dans les campagnes, comme le baião, le côco, l'arrasta-pé, le xote… À la base, la voix est accompagnée d'un accordéon diatonique, d'un triangle et d'un tambour zabumbá. Très entraînant et entêtant, basé sur des danses européennes africanisées, le forró a longtemps été dominé par la samba, mais le genre a repris de la vigueur en même temps que toutes les musiques du Nordeste. Grande figure faisant toujours référence, Luiz Gonzagua a popularisé le forró dans tout le pays dans les années 1940, suivi dans les décennies suivantes par des modernistes tel que Alceu Valença.

La cantoria est la forme que prend l'art poétique populaire dans le Nordeste. Virtuose et satirique, il est l'œuvre de repentistas et violeros, sorte de troubadours qui parcourent le territoire, de places publiques en marchés. Quand ils se croisent, ils se livrent à des desafios, des joutes qui tiennent en haleine des auditoires fascinés par leurs improvisations. Durant des séances qui peuvent durer des heures, les praticiens égrènent des vers, souvent à la suite d'un défi lancé par le public. Il faut que le poème fasse tant de strophes ou de syllabes, que les vers soient comme ci ou comme ça. Peu représentée dans la production discographique, cette forme de chant a néanmoins perduré chez les plus modestes des Brésiliens. C'est par son biais que sont véhiculées les connaissances et les légendes populaires.

La capoeira n'est pas un type de musique, mais un art martial proche de la danse. Elle se pratique au son des berimbaus. Très ancienne, ses règles se sont forgées depuis les débuts de la colonisation, lorsque des esclaves échappés des plantations se réfugiaient dans le « maquis »- la capoeira est une sorte de brousse. Très acrobatique, cette forme de lutte sollicite bras et jambes à égalité. Elle a inspiré nombre de danseurs et de musiciens modernes.

Le candomblé est un rituel d'origine africaine très présent dans tout le Brésil, mais surtout dans l'État de Bahia. Il comporte de nombreux chants, rythmes et danses, lesquels sont censés permettre de communiquer avec les divinités et les saints.

Les batucadas sont des ensembles de percussions qui réunissent parfois jusqu'à cinquante instrumentistes - Olodum est l'un des plus connus. Originaires d'Angola dit-on, ils interviennent traditionnellement dans des cérémonies religieuses en plein air. On les trouve également lors des carnavals, ainsi que dans toute manifestation publique. Cette pratique bahianaise - courante, cependant, dans tout le Brésil - s'est implantée à l'étranger, notamment en France où plusieurs formations ont vu le jour depuis le regain d'intérêt dont elle a bénéficié à partir des années 1990. Le son très spectaculaire de ces tambours a été très échantillonné par des musiciens en tous genres, notamment par Mick Hucknall de Simply Red pour son tube mondial, Fairground en 1996.

Les blocos afro tels que Ilê Ayé rythment le carnaval de Salvador de Bahia. Batucadas dans la rue et trios eléctricos - guitare, cavaquinho, basse, tous les trois électrifiés donc -, montés sur des camions sono équipés comme des plateaux de théâtre - voire de cinéma, avec effets spéciaux et tout le toutim ! -, font exulter la foule bahianaise. Influencés par les mouvements revendicatifs afro-américains et rasta, mais aussi par le candomblé, ces ensembles ont lancé la samba reggae et l'axé-music, synthèse de rythmes d'origine africaine. Carlinhos Brown et Daniela Mercury sont deux des vedettes issues de cette mouvance qui a contribué à la revitalisation des musiques populaires du pays depuis les années 1980.

Et la lambada ? C'est un genre qui existe du côté de Belém, très influencé par les rythmes d'Amérique centrale et des Caraïbes. Mais c'est un groupe parisien issu de Touré Kunda, qui l'a popularisé. Le succès de sa Lambada, une chanson piquée en fait à des Boliviens, a été mondial.

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Carmen Miranda
Donga
Ary Barroso
Dorival Caymmi
Paulinho da Viola
Joao Gilberto
Antonio Carlos Jobim
Vinicius de Moraes
Astrud Gilberto
Baden Powell
Toquinho
Alceu Valença
Olodum
Carlinhos Brown
Daniela Mercury

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