Dossier
réalisé par Ellonore Bush
L'Antiquité
voyait en eux le séjour de déités terrifiantes,
la porte du royaume des morts. À travers la planète, les
traditions persistant, les volcans furent, et sont parfois encore, le
lieu d'offrandes diverses pour abjurer le mauvais sort. Combien de poulets
connurent une fin atroce, dans la gueule béante d'un cratère
brûlant ?
De tragédie en tragédie, les volcans engloutirent des
civilisations, ruinèrent des peuples, causèrent la faim,
la maladie : ils ont changé l'histoire des hommes établis
sur leurs flancs. Destructeurs donc, mais fertilisants aussi. Car sur
les anciennes coulées de laves, la nature n'a pas son pareil.
Donneurs de vie, donneurs de mort, tels effectivement des dieux tout
puissants…
En découvrant le volcanisme sous-marin, l'humanité a finalement
compris que les volcans renouvellent sans cesse l'écorce de notre
planète, formant ici des îles paradisiaques, là
des chaînes où se déclinent à l'infini les
formes les plus étranges, les plus beaux végétaux.
Sans eux, la Terre serait bien plate ! Et nous la parcourrions
peut-être avec moins d'acharnement…
« De
sa gueule noire et démesurée, il a vomi, de temps en temps,
un flot brûlant de bitume qui, coulant sur ses pentes douces ou
rapides, comblant des vallées, ensevelissant des villages, noyant
des hommes comme un fleuve, est venu s'éteindre dans la mer en
la refoulant devant lui. Ils ont fait des falaises, des montagnes, des
ravins, ces flots lents, pâteux et rouges, devenus sombres en
se durcissant, ils ont étendu, tout autour de l'immense volcan,
un pays noir et bizarre, crevassé, bosselé, tortueux,
invraisemblable, dessiné par le hasard des éruptions et
la fantaisie effrayante des laves chaudes. »
Guy de Maupassant, La Vie Errante
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