1. Georges Simenon
  2. Préparatifs de voyage
  3. Double choc : l'Afrique et l'Europe de l'Est
  4. À la découverte des grands espaces
  5. Pour en savoir plus

À la découverte des grands espaces

1934 - Flics, bagnards et Méditerranée

Dans ses reportages, Simenon s'intéresse déjà aux affaires de police et de crime. En 1933, il va voir les bagnards en partance, dans l'île de Ré. À Istanbul, il s'amuse à faire mentir les gardiens de l'ordre de la nouvelle république turque qui lui assuraient qu'il n'y avait plus de prostitution, de drogues ou de jeu dans l'ex-Constantinople. En 1934, il enquête également sur les inspecteurs du… Quai des Orfèvres et s'intéresse à l'affaire Stavisky. Il fait également un tour en Méditerranée à bord de la goélette Araldo. Dans Mare nostrum, il écrit :

" On en veut aux cartes postales mais, quand il s'agit de la Méditerranée, ce sont mes cartes postales qui ont raison, ou alors les très vieux maîtres italiens, les primitifs qui dessinaient des personnages aussi grands que les maisons. "

Il les observe sans relâche, ces personnages. Épaté par les uns, dégoûté par les autres, il émet quelques considérations générales comme celle-ci :

" Ici ou là, jusqu'en Asie mineure ou jusqu'aux Baléares, j'ai trouvé les mêmes peuples nonchalants, fatigués peut-être d'avoir à eux seuls, pendant des siècles et des siècles, écrit l'histoire du monde. "

1935 - Cap sur les îles lointaines

Simenon effectue un tour du monde par le Sud. Il passe par New York, puis traverse l'Amérique latine. De là, il se rend dans les îles Galapagos, afin de suivre une enquête concernant une baronne, une communauté naturiste et deux cadavres… À Tahiti, il fait fuir les tupapau qui hantent la maison conçue par le cinéaste Murnau (réalisateur de Tabou). Comment décrire cette île mythique ? Petite leçon de géographie à la Simenon dans Tahiti ou les gangsters dans l'archipel des amours :

" Imaginez une sorte de pain de sucre rocheux, mais de sucre couvert d'arbres et de verdure. Cela, c'est la montagne et c'est parfaitement inhabité, parfaitement inaccessible.
En bas du pain de sucre, une centaine de mètres de terre, tout autour entre la montagne et la mer. Sur cette bande de terre circulaire, des cocotiers, des villages tous les quatre ou cinq kilomètres : c'est tout. Au-delà de la bande de terre, il n'y a plus que le lagon et l'océan. Une seule route par conséquent, qui franchit des rivières, parfois par-dessus, à l'aide de ponts en bois, parfois dedans, à l'aide d'un radier. Voilà à peu près l'île de Tahiti, dont le pourtour a quelque cent cinquante kilomètres. "

Il est emballé par l'atmosphère festive et libre qui, selon lui, règne dans l'île. Il croise la route d'une jeune femme :

" Je suivais la route en auto, entre la montagne et des rangs de cocotiers. Elle venait vers moi, à vélo, vêtue seulement d'un paréo.
J'ai ralenti et je lui ai souri. Elle est descendue de sa machine pour me dire bonjour.
- Vous êtes bougrement jolie, lui ai-je dit.
Elle a souri plus fort. J'ai louché vers sa poitrine que le paréo très serré mettait en valeur. Alors, avec l'air de rien, elle s'est arrangée pour que le paréo glisse un peu et me montre au moins un sein sur deux.
- Au revoir…
- Au revoir…
Ça a l'air d'un rêve, mais je sais maintenant que ce n'est pas un rêve (…) "

Son tour du monde bouclé, Simenon va, durant les années suivantes, se concentrer sur ses romans et demeurer en France. Survient la guerre. Il est nommé haut commissaire aux réfugiés belges à La Rochelle. L'Occupation, l'écrivain la vivra en Vendée en continuant d'écrire. " Comme si de rien n'était ", aurait pu laconiquement constater Maigret.

1945 - À l'Ouest du nouveau

Ses derniers grands reportages, Simenon va les réaliser en Amérique du Nord, pendant le très long séjour qu'il y effectuera de 1945 à 1955. Il s'installe successivement au Québec, en Floride, en Arizona, en Californie et enfin à Lakeville dans le Connecticut, où il reste durant cinq ans. Pour France-Soir, il parcourt " L'Amérique en auto ", le long de la route n° 1. Simenon note tout ce qu'il voit, sans jamais vraiment porter de jugement. Sauf lorsqu'il s'agit de commenter le service d'un restaurant, la qualité d'un objet, la beauté ou la laideur d'un site. À New York, par exemple :

" Ce qui vous surprend le plus agréablement, c'est la lumière, car New York est une des villes les plus claires qui soient, en dépit de ces buildings de cent quinze étages. Comment ceux-ci ne donnent-ils pas d'ombre, je n'en sais rien. Nulle part les avenues, les rues, ne sont encaissées. Partout de la pierre blanche et de larges tranches d'un ciel que j'ai presque toujours vu d'un bleu lumineux. "

Mais le commissaire Simenon n'est pas entièrement dupe :

" Tout n'est pas beau dans la ville, je m'empresse de le dire. Dès que vous dépassez la deux centième rue et que vous atteignez le Bronx, dès que vous franchissez un pont et que vous tombez dans Brooklyn, il faut un solide optimisme pour ne pas se laisser aller au plus noir découragement. (…)
À New York, il n'y a pas que la misère à être épouvantable, la médiocrité l'est presque autant, sinon davantage. Il faut voir, à l'infini, ces cubes de briques noirâtres avec, à l'extérieur, un hideux escalier de fer pour les cas d'incendie. On ne s'est pas soucié d'architecture, je vous prie de le croire. Les fenêtres sont des trous carrés sans ornement, la porte un autre trou. Tout est utilitaire (…) et, le plus terrible, c'est qu'il y en a des milliers et des milliers, que cela s'étend à perte de vue, sans une oasis, sans un espoir, sinon celui que le pays est assez riche et assez entreprenant pour, un de ces jours, jeter tout ça par terre d'un seul coup et reconstruire en vue de la gaieté et de la joie de vivre, comme dans les campagnes et dans les petites villes. "

1955 - Un Belge en Suisse

Revenu des États-Unis, Simenon réside à Mougins, puis à Cannes. Avec Paris - il logea longtemps place des Vosges, au n° 21 -, la Côte d'Azur aura été l'un des principaux points d'ancrage de l'écrivain homme du monde. Mais c'est finalement en Suisse qu'il va s'installer en 1957. Il y trouve cette tranquillité qu'affectionnent notamment les gens des arts et des lettres qui ont amplement réussi. On se demande bien pourquoi… Simenon n'a maintenant plus besoin de jouer les reporters pour aller d'un continent à l'autre. Il va continuer de voyager quelque temps, mais dorénavant, juste pour le plaisir ou pour récolter des lauriers. En 1973, il annonce qu'il n'écrira plus de romans. Maigret s'évapore. Miné par une tumeur au cerveau pendant une dizaine d'années, son géniteur s'éteint quant à lui en 1989, à Lausanne.

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