Au début du XXe siècle

Les gamelans. Quand, lors de l'exposition universelle de Paris en 1889, Claude Debussy et d'autres compositeurs découvrent les rythmes singuliers des gamelans balinais, une certaine idée de la musique moderne occidentale prend forme.

Les musiques du Sud inspirent fortement d'autres compositeurs. C'est notamment le cas de Marie-Joseph Canteloube qui transcrit de manière savante les folklores d'Auvergne (l'opéra Vercingétorix), de Maurice Ravel qui lorgne avec succès sur l'Espagne (Le Boléro), ou de Darius Milhaud, autant passionné par le jazz que les musiques provençales et surtout brésiliennes.

Le jazz primitif déclenche une onde de choc terrible quand il débarque en Europe. Cette musique née vers la fin du XIXe siècle dans les bouges de La Nouvelle-Orléans secoue les musiciens savants (Erik Satie, Igor Stravinsky, Kurt Weill, par exemple) et populaires. Les adaptations plus ou moins réussies fleurissent jusqu'à ce que de vraies scènes naissent dans les années trente. Mais ceci est une autre histoire…

Les chansons exotiques. Si les colonies n'excitent guère les foules françaises, les chansons qui font référence à cet univers méconnu, mystérieux et fantasmatique abondent. L'exotisme colonial dans la chanson française naît vraiment en 1900 avec À la cabane bambou, puis La petite Tonkinoise, À la Martinique, Sous le Soleil marocain, etc. Comiques, ridiculisant les " indigènes ", parfois agressives, ces chansons séduisent pourtant le grand public.

Joséphine Baker est la première star venue d'ailleurs, de peau noire qui plus est, à être célébrée en France. Afro-américaine, elle devient le symbole du bon colonisé, alors qu'aucun chanteur originaire des colonies, ni aucune culture musicale de ces contrées, n'apparaît sur le devant de la scène. En provenance de Broadway, elle est révélée par la " Revue nègre " donnée en 1925 au Théâtre des Champs-Élysées de Paris, spectacle qui provoque le scandale : on y lit le signe flagrant de la décadence européenne. Volontiers déshabillée, Joséphine Baker obtient un énorme tube avec J'ai deux amours en 1931, année de l'Exposition coloniale de Vincennes. Elle y chante la beauté de sa savane natale, mais son admiration pour la capitale française prend le dessus. Chanson au charme fou, c'est aussi un modèle de racisme ordinaire, une enfilade de clichés satisfaits sur la supériorité blanche. Il y a de quoi s'interroger sur ce que ressentait Joséphine, qui fut victime de la ségrégation aux États-Unis, lorsqu'elle chantait cette chanson…

Le tango est apparu à la fin du XIXe siècle dans les faubourgs des cités portuaires argentines et uruguayennes du Rio de la Plata. Apprécié d'abord par les plus pauvres et les plus marginaux, le tango trouve une reconnaissance internationale après la Première Guerre mondiale en Europe et notamment à Paris où la danse lascive qui y est associée fait scandale. Ces couples collés serrés qui font des mouvements de va-et-vient… Super vedette du genre, Carlos Gardel impose l'image du latin lover à l'instar de Rudolph Valentino, ou plus tard Tino Rossi. Musique acoustique, le tango est dominé par le bandonéon, sorte d'accordéon. Renaissant sans cesse, le tango est, cent ans après son émergence, considéré comme une musique classique, des compositeurs tels qu'Astor Piazzolla l'ayant porté à un degré de sophistication remarquable.

La biguine, issue des Antilles françaises connaît un grand succès dans l'entre-deux-guerres à Paris où vivent de nombreux Martiniquais, Guadeloupéens et Guyanais. Il est alors très chic d'aller guincher dans les bals nègres aux sons de ce mélange de danses françaises, comme le quadrille, et africaines, mâtinées de rythmes latino-américains et jazz. La vedette du genre est le clarinettiste Alexandre Stellio.

Le flamenco, c'est le chant profond des Gitans, ces Roms qui, venus d'Inde, se sont installés en Espagne au XVe siècle après la Reconquista. Le flamenco demande peu de moyens, mais beaucoup de vérité dans l'expression. La richesse des styles est incalculable. Identifié au XVIIIe siècle, le chant flamenco ressemble aux complaintes tsiganes, au grégorien, à la liturgie juive, au répertoire arabo-andalou, etc. C'est dire à quel point il est difficile de trouver son origine. Né des bas-fonds comme le jazz, le tango ou le reggae, le flamenco est un tout qui réunit musique (voix, guitare, percussions), danse, poésie et art de vivre. Aux XIXe et XXe siècles, ses artistes se professionnalisent, tandis que les intellectuels espagnols comme Manuel de Falla ou Garcia Lorca le portent au pinacle. Rejeté par les classes aisées, le flamenco a du mal à survivre sous la botte franquiste avant que, dans les années cinquante, le régime le valorise pour vendre ses plages ensoleillées. Depuis lors, rien n'a empêché que de très grands chanteurs et danseurs soient reconnus à travers le monde, Camarón et Paco de Lucia en tête.

Le fado est, lui aussi, un genre dont les origines sont encore discutées. Il apparaît au XIXe siècle à Lisbonne héritant des cantigas ibériques, des traditions arabo-andalouses aussi bien que d'une accumulation de chants et de musiques entendus par les marins portugais durant leurs périples en Afrique et au Brésil. Ce genre populaire a ensuite été " anobli " par l'intelligentsia de la ville universitaire de Coimbra. Principalement chanté par des femmes, le fado exprime la saudade, un sentiment fait de gaieté et de mélancolie mêlées. Amàlia Rodrigues est la star de ce genre qui, ayant eu les faveurs du régime dictatorial de Salazar, perdit un peu de son prestige. Depuis les années quatre-vingt, il reprend de la vigueur.

Les musicologues, aidés en cela par les techniques d'enregistrement de plus en plus pratiques, s'en vont de par le monde afin de capter les chants et musiques traditionnels. Les Américains Lomax, père et fils, sont parmi les premiers et les plus fameux. D'abord sur disque de cire, puis sur bande magnétique et enfin en numérique, les collecteurs du XXe siècle répertorient ainsi des trésors dont l'amateur peut jouir dans son salon via sa chaîne hi-fi et que les professionnels occidentaux utilisent pour renouveler leur inspiration.

Les idées week-ends, les derniers reportages

Venise contemporaine

Venise contemporaine

Biennale de Venise :  que voir ? que faire ? Venise est, certes, une ville hors du...

Bons plans voyage

SÉJOUR
Guadeloupe, vacances au soleil Jusqu'à -70%
VOLS
Classe Économie : voyagez à prix d’ami
SÉJOUR
Crète, vacances Jusqu'à -70%