Joseph Conrad séjourna près de deux mois à l'île Maurice, en octobre et novembre 1888. Il ne fit pas de la bronzette sur les plages (le tourisme mauricien était inexistant en ces temps-là), mais comme tout officier de la marine marchande britannique, il y débarqua et embarqua de la marchandise. Un travail de routine, en somme. Personne, à cette époque, ne l'appelait Monsieur Conrad, car il était encore un inconnu. On le connaissait plus sous le nom de Capitaine Korzeniowski, son patronyme d'origine polonaise. Il assurait le commandement du trois mâts barque Otago, qu'il avait ramené de Bangkok (Siam) à Melbourne en Australie. Pour Conrad, cette nomination au poste de commandant avait été tardive. Le jeune homme y vit une sorte de récompense, mais aussi une mise à l'épreuve, car, jusque-là, il avait fait sa carrière de marin comme second.
Après avoir navigué pendant des semaines sur l'océan Indien, l'Otago s'arrêta donc à Port-Louis. Port-Louis à cette époque n'était qu'une forêt de hauts mâts et de voiles, un grand port des mers du Sud. Les navires se serraient les uns contre les autres le long des quais. Les marins aux yeux harassés de fatigue débarquaient avec bonheur à Mauritius, car cette " Calypso des mers du Sud ", comme l'avait surnommé Suffren au siècle des Lumières, avait le génie de réparer les hommes par sa douceur.

Le capitaine amoureux

Le capitaine Korzeniowski rencontra d'abord Krumpholtz, l'affréteur, mais seulement quelques minutes par jour. Les obligations commerciales l'ennuyaient, et il les accomplissait par devoir. Il eut aussi affaire aux agents maritimes dans les bureaux de Blyth Brothers (puissante agence de courtiers maritimes qui existe toujours aujourd'hui). On sait par son biographe américain, F.R. Karl, qu'il fit la connaissance de Gabriel Renouf, le descendant d'une vieille famille créole (et française) de l'île. Conrad se lia d'amitié avec celui-ci. On lui présenta les trois sœurs et les deux frères Renouf. La maison Renouf ne manquait pas de charme et elle devint le nid du jeune capitaine de trente ans en escale. Conrad les invita à prendre le thé au jardin des Pamplemousses, où Bougainville avait déposé sa bougainvillée en 1768 et que Charles Baudelaire avait admiré en 1841. Il les reçut une autre fois à bord de l'Otago. Privé de compagnies féminines, comme peuvent l'être les marins et les moines, Korzeniowski courtisa Eugénie Renouf, une des sœurs, à qui il proposa même le mariage. Mais Eugénie refusa, car elle était déjà fiancée avec un pharmacien qu'elle épousa deux mois plus tard (début 1889).
Effondré, Conrad envoya un billet d'adieu aux frères et aux sœurs Renouf. Il y indiquait son intention de ne plus jamais revenir à l'île Maurice. " Le 14 janvier [1889] à l'heure où mademoiselle Eugénie sera au pied de l'autel, je serai bien près de vous par la pensée ". Selon F.R. Karl, le biographe de Conrad, " la nature exacte de ce qui se passa à Port-Louis restera sans doute un mystère ".

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