Ce fut un des grands tournants de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Le 6 juin...
Théodore Monod a quitté ce monde le 22 novembre 2000, sans remords ni regrets. " Pour moi, la mort représente un départ sans peur, un appareillage comme disent les marins et le dernier de la vie n'est peut-être qu'une arrivée, une jubilation. " Cette quiétude, il la devait sûrement au sentiment d'avoir achevé une œuvre riche et intense, incomparable. Une vocation précoce Théodore Monod, le " marcheur du désert " est né à Rouen en 1902, fils et petit-fils de pasteur sur cinq générations. Cet héritage spirituel l'a naturellement porté vers la vocation pastorale, mais la science l'a rattrapé dans les couloirs du muséum d'Histoire naturelle. " Pour être entré un jour dans ce monde enchanteur, je ne l'ai plus quitté. " Sa vocation de chercheur est précoce et résolue, sa curiosité insatiable : à l'âge de quatorze ans, il rédige sa première Relation zoologique et biologique, une description rigoureuse des insectes et des fleurs découverts à quatre pattes dans les buissons du Midi, à l'occasion d'un voyage familial. Puis il crée sa propre société d'histoire naturelle et édite un bulletin, Le Martin Pêcheur, dont il est " rédacteur, imprimeur, directeur, secrétaire et écrivain, livreur, relieur ". Il y consigne des monographies d'oiseaux, des relations de voyage ou l'étude des astres observés de sa salle de bains. La découverte de l'Afrique Après
une licence de sciences naturelles, il est recruté à l'âge de vingt ans
par le muséum d'Histoire naturelle dans un laboratoire consacré à l'étude
des pêches d'outre-mer. Sa première mission lui fait gagner Port-Étienne,
en Mauritanie. Son étude achevée, il décide de gagner Dakar avec une caravane
de Maures. Cette première traversée du désert est un véritable coup de
foudre. Ayant renoncé à la carrière de pasteur, il fait de ce milieu hostile
son diocèse du cœur. À l'Afrique, il restera fidèle toute sa vie : " ma
devise, c'est un continent par existence ". Une deuxième mission le conduit
sur les rives du fleuve Cameroun pour étudier la faune aquatique. Pendant
un an, il sillonne l'Afrique équatoriale à pied ou en chaise à porteur.
Sa thèse achevée sur Paragnathia fornica, minuscules crustacés,
il repart pour le Sahara : un voyage d'un an qui lui permettra de se livrer
à son activité favorite, la collecte de plantes, d'insectes, de roches
et de fossiles. Le destin mettra sur sa route une de ses premières découvertes
majeures, l'" homme d'Asselar ", un squelette fossilisé remontant au néolithique. Où l'aventurier pose ses valises Avec femme
et enfants, il s'installe à Dakar en 1938, afin d'y créer l'Institut français
d'Afrique Noire (IFAN). Lorsque la guerre survient, il a pour mission
de surveiller la frontière entre le Tchad et la Libye, aux mains de Mussolini.
Au mépris des règles élémentaires de la guerre, il entre en contact avec
l'ennemi pour obtenir l'autorisation d'explorer le territoire libyen.
Hostile à la guerre, il choisira pourtant le camp de la France libre dont
il est un des représentants à Dakar. Il milite activement contre Vichy
et le fascisme et démonte une à une les thèses racistes, preuves scientifiques
à l'appui, dans ses textes de combat et sur Radio Dakar. Fidèle à ses
principes, il refuse de prêter serment au Maréchal. En 1944, il accueille
De Gaulle à Dakar. Une œuvre immense En
1997, à l'occasion de son quatre-vingt-quinzième anniversaire, le muséum
d'Histoire naturelle organisa un colloque consacré à l'œuvre de Théodore
Monod. L'étendue de ses travaux parut aussi insondable que l'immensité
désertique. Parmi ses découvertes les plus marquantes, il faut retenir
la description de la série pourprée de l'Ahnet et des couches de l'Adrar
dans le champ de la géologie, l'homme d'Asselar et les gravures rupestres
du Tibesti en préhistoire, et un herbier riche de quatre mille huit cents
espèces en botanique. Sans oublier la centaine de fleurs, d'animaux, de
reptiles, de crustacés, de poissons… qu'il a découverts et auxquels est
désormais accolé le génitif monodi. Théodore Monod est entré dans
l'immortalité aux cotés de cette nature qu'il a tant chérie. Photographies: © Edmond Diemer |
Les idées week-ends, les derniers reportages
Les plages et falaises du littoral, des paysages de campagne très verdoyants et...
À 2 h 40 d’avion de Paris, proche de l’Italie, à peine plus loin de la Tunisie,...