La route de Don Quichotte

Un chef-d'œuvre de la littérature universelle

Un chef-d'œuvre de la littérature universelle
Olivier Page

Cervantès y raconte avec un humour décapant les aventures d'un vieux gentilhomme originaire de la Manche (la partie sud de la Castille) qui rêve de ressusciter l'ordre oublié de la chevalerie errante. Inspiré, intoxiqué même, par la lecture des romans de chevalerie, Don Quichotte (de son vrai nom Alonzo Quijano) décide de quitter sa vie solitaire et studieuse pour arpenter les chemins de la Manche. « Splendeur de la Manche, astre de l'Espagne », monté sur un cheval efflanqué du nom de Rossinante, l'hidalgo avance à la vitesse du trot, suivi à quelques mètres par une petite mule chevauchée par Sancho Pança, un brave homme de la campagne, dévoué, qui lui sert d'écuyer.

Il n'existe évidemment rien de commun entre ces deux hommes. Le vieux gentilhomme porte la tenue médiévale et anachronique d'un chevalier d'autrefois. Coiffé d'un casque imitant la forme d'un plat à barbe (on appelle ça une salade), il tient une longue lance médiévale à la main. Il est grand, sec, avec un visage austère, une allure ascétique et la silhouette longiligne d'un moine-soldat ou d'un pénitent. Son regard halluciné révèle une intense quête intérieure portée par une exigence éthique presque biblique. Le but de cette aventure à cheval ? C'est avant tout une entreprise morale, fondée sur les principes de la chevalerie européenne : « Venger les offenses, redresser les torts, réparer les injustices, corriger les abus, acquitter les dettes, défaire les griefs, soutenir les demoiselles, vaincre les méchants et terrasser les géants. » Tout un programme !

Sancho, lui, est tout l'inverse de son maître : courtaud, rondouillard, pratique et plein de bon sens, il ne songe qu'à bien vivre (en somme, manger, boire, dormir), sans se dépenser ni prendre de risque. Pour le stimuler, Don Quichotte lui promet le titre de gouverneur des îles conquises s'il mène à bien son voyage et sait surmonter les dangers avec bravoure. Pfff ! Pour Sancho, le bonheur est d'avoir un peu d'argent, de vivre tranquillement avec sa famille et d'éviter les ennuis. Aussi mal assorti soit-il, notre duo s'aventure dans les paysages rudes et arides du plateau castillan. De village en château, d'auberge en hôtellerie, ils cheminent cahin-caha. L'idéalisme et la générosité de l'hidalgo semblent sans cesse freinés et ramenés à la réalité par son écuyer à l'esprit terre à terre. En outre, l'idéal de Don Quichotte est alimenté par une mystique amoureuse. Il dédie en effet la moindre de ses actions à une charmante jeune fille qu'il n'a jamais vue mais à qui il voue un amour sans bornes : une jeune fermière nommée Dulcinée, habitant le village d'El Toboso.

Voilà qui rend le chevalier d'autant plus exalté ! Ce qui horripile Sancho qui ne comprend pas qu'on puisse aimer platoniquement un laideron invisible et inaccessible ! À la manière de certains névrosés des temps modernes, le vieil hidalgo de la Manche ne voit pas la réalité comme elle est vraiment mais telle qu'il la rêve. Comme un illuminé, il finit par croire à ses visions. C'est bien simple : Don Quichotte ne croit pas à ce qu'il voit, mais il voit ce qu'il croit ! Le personnage d'Ulysse dans l'Odyssée d'Homère lui ressemble, mais il prête tout de même moins à rire !

Notre homme confond ainsi de paisibles moulins à vent avec des géants menaçants. Une des scènes burlesques les plus connues est celle où il attaque un moulin en plantant sa lance dans la toile des ailes tournantes qu'il a prises pour des bras monstrueux. Le fidèle Sancho vole alors au secours de son maître, renversé à terre et à moitié évanoui. Nos deux hommes affrontent donc les obstacles les plus divers, multiplient les rencontres insolites et se perdent dans des démêlés sans fin. Un banal troupeau de moutons se transforme en un redoutable escadron de la mort. Sus aux moutons ! Don Quichotte les embroche brutalement de sa lance, mais un berger furieux terrasse le chevalier errant d'un coup de lance-pierre. Chaque embûche, chaque péripétie, chaque altercation prend, au fil de leur parcours, une dimension carnavalesque qui arrache des éclats de rire aux lecteurs. Voilà en somme un livre très sérieux, fruit d'une vie d'expérience et d'observation, qui montre les hauts et les bas de l'existence, mais que l'on lit aujourd'hui encore en riant.

« Cervantès l'a écrit pour faire rire. C'est un livre drôle. Les gens se tordaient de rire en le lisant au XVIIème siècle », affirme Jacqueline Schulmann, traductrice de l'œuvre pour les éditions du Seuil. Est-ce pour cela que les plus grands écrivains prétendent que Cervantès a inventé le roman moderne ? Le tome II de Don Quichotte, publié à la fin de l'année 1615, soit dix ans après la sortie du tome I, connaîtra le même engouement. Même les analphabètes du XVIIème siècle connaissent Don Quichotte car des lecteurs le déclament à voix haute sur le parvis de la cathédrale de Séville. N'est-ce pas un des traits de génie de son auteur que d'avoir écrit dans un langage accessible à tous ?

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Texte : Olivier Page

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