En descendant l'Amazone

La descente de l'Amazone

La descente de l'Amazone
Olivier Page

« Ne faudrait-il pas quand même encore remonter l'Amazone, pendant deux semaines, ou pendant deux mois, jusqu'aux provinces à moitié explorées de Mato Grosso et Goyaz, que même très peu de Brésiliens connaissent ? » se demandait Stefan Zweig pour conclure son livre-testament au titre enthousiaste : Brésil, Terre d'avenir. Nous avons changé de bateau. Nous voici logés dans une cabine exiguë composée de deux lits superposés comme dans un compartiment de train. Le N.M. Santarém, un gros bateau blanc à coque métallique, a embarqué environ 250 passagers et près de 40 t de victuailles (de la farine, des oignons, des fruits), on pourrait presque l'appeler un cargo mixte.

Nous descendons l'Amazone de Manaus à Santarém : un périple de 800 km environ, qui demande deux nuits et deux jours de voyage. Les faubourgs de Manaus vers le Sud cèdent la place à des entrepôts portuaires et industriels. De très gros cargos dorment dans la nuit étoilée, amarrés à des quais modernes d'où jaillissent des tuyaux, des canalisations, des tubulures servant à acheminer le pétrole, le gaz, les graines de soja ou de blé. On croise un énorme porte-conteneurs : les marins casqués nous saluent en agitant les bras. On nous a assuré qu'à l'embouchure de l'Amazone des pirates locaux ont parfois l'audace d'attaquer, fusil-mitrailleur à la main, des bateaux de marchandises ou des tankers en se faisant passer pour des petits vendeurs de pacotille.

Je comprends enfin ce que plusieurs personnes m'ont expliqué : l'Amazonien se déplace plus sur l'eau que sur la terre. La forêt n'aime pas les routes, mais préfère ses pénétrantes naturelles : les rios, les rivières et les fleuves. Qu'est devenue la route transamazonienne, utopie coûteuse des années 1970 ? Par endroits, les ponts s'effondrent faute d'entretien, les arbres envahissent de nouveau la chaussée, la jungle reprend ce qu'on lui avait enlevé. Résultat : elle n'est plus praticable que par tronçons.

Rien n'arrête donc la nature, sauf les tronçonneuses des forestiers, mais rien ne limite le regard dans cette grandeur tout en dégradé de vert, hormis peut-être le tracé sinueux et serpentin des innombrables cours d'eau, rompant la monotonie de cet « empire des arbres ». Les rives de l'Amazone semblent maintenant lointaines, enfoncées dans le mystère de la nuit équatoriale. Tout est lent et long. Tout est silencieux, hormis le grincement métallique de la coque du bateau, le clapotis de l'eau et des vagues, et le ronflement des familles dans la grande salle des hamacs.

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Texte : Olivier Page

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