Les États-Unis en train, de New York à San Francisco
De Chicago à Denver
L'embarquement pour le California Zephyr se déroule à Union Station, à Chicago. D'un côté, le Great Hall, de style Beaux-Arts et d'une hauteur de 34 mètres, et son grand escalier qui a notamment servi pour une scène des Incorruptibles de Brian de Palma. De l'autre côté, en sous-sol, c'est moins glamour : ambiance de hall d'aéroport. Dans la salle d’attente climatisée, aux couleurs monotones, éclairée par des néons, des portes d’embarquement mènent aux quais. À côté d'un ventilateur géant, des Amish assis en rang d'oignons grignotent un McDo. D'autres voyageurs retirent leurs affaires dans les casiers de consigne. Une télévision crache des bribes d'informations en continu.
Le train s'ébranle à 14h pour un trajet de 3 922 kilomètres. Quatre fois la longueur de la France. Le commandant de bord fait une longue annonce, détaillant la composition du train et les consignes de sécurité. Petite note de puritanisme : « La compagnie Amtrak souhaite conserver à bord une atmosphère familiale. L'abus d'alcool et l'usage d'un vocabulaire déplacé ne seront pas tolérés » . Un discours conclu par un « Sit back, relax and enjoy your trip » et un « California here we come ! » à moitié chanté. Mais plus de cinquante-deux heures et six États nous séparent de la Californie. Jusqu'à destination, le train va marquer trente-deux arrêts.
On enjambe le Mississippi, majestueux, qui marque la frontière entre l'Illinois et l'Iowa. À Ottumwa, 25 000 habitants, une femme descendue fumer une cigarette sur le quai s'exclame : « Jamais entendu parler de cette ville avant ! » Elle se rend à Denver : « Avant c'est vert, après c'est le désert », poursuit-elle.
Passé Ottumwa, le paysage regorge d'eau. Le train tangue tel un bateau, la voie ferrée dans son sillage. Jusqu'à Denver, les Grandes Plaines sont dissimulées par un trajet de nuit. On arrive dans la capitale du Colorado vers 8 heures. Denver Union Station (photo), gare bâtie en 1881 puis reconstruite en 1894 après un incendie, reflète le passé flamboyant du chemin de fer. Entre 1916 et 1956, elle accueillait jusqu'à 80 départs et arrivées de train par jour. Chaque année, un million de passagers y transitait. Aujourd'hui, seules deux lignes la desservent.
Texte : Joel Metreau
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