Les îles d'Aran, l'éternel gaélique
L'artisanat avec dix doigts
L’artisanat du craft n’est pas un vain mot sur ces îles, connues avant tout pour leurs fameux sweaters. Les femmes tricotent encore ces gros pulls aux multiples motifs ou stitches. Ainsi les losanges s’inspirent des murs en pierre, le zig-zag des falaises, le point mousse du varech, le nœud câblé des cordes du pêcheur.
Ces motifs permettaient même de reconnaître les marins péris en mer, dont il ne restait que le pull…
Autrefois, les hommes apportaient directement la laine des brebis, parfois teintes de vives couleurs à base de plantes ou d’algues. Et tout le monde tricotait des châles colorés et des pulls, tissaient des ceintures et des vestes. Les vêtements des îliens étaient ainsi fabriqués sur place, jusqu’au jour où l’un d’eux eut la bonne idée d’en exporter en Amérique. Ne vous étonnez donc pas de revoir ces gros pulls aux couleurs blanches ou grises des brebis, sur Madison avenue ou à Tokyo. Les Irlandais ont toujours été un peuple migrateur.
Chaque mois de septembre, sur les îles, les hommes coupent l’osier et le font sécher le long des murs après l’avoir trempé une semaine dans le sel pour l’assouplir. Le mobilier utilitaire était ainsi fait en vannerie, du berceau aux paniers et aux nasses pour les homards. On les trouve au centre culturel d’Inisheer.
Parfois même les anciens faisaient sécher les bouses de vaches sur les murs, utiles éléments de chauffage dans ces îles sans tourbe… et sans bois.
Texte : Anne-Marie Minvielle
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