Les îles d'Aran, l'éternel gaélique
Les hommes d'Aran
Depuis environ le deuxième siècle av. J.-C., les îles d’Aran furent un refuge pour les premiers Celtes puis les Gaëls, pour les moines irlandais qui rayonnèrent dans toute l’Europe aux V-VIIe siècles, pour les Irlandais en révolte, pour les poètes et les intellectuels qui lancèrent le renouveau de la culture gaélique.
Parmi ces derniers, le père d’Oscar Wilde, William, dirigea les fouilles de Dun Aengus au milieu du XIXe s. Puis, sur les conseils du poète W.B.Yeats, le dramaturge J.M. Synge y passa quatre années (1898-1902), à observer la culture gaélique (Les îles d’Aran, éd. Payot). Sur Inishmaan, on visite ce bout du monde désolé baptisé « Synge chair » où il s’asseyait face à l’horizon, et son modeste cottage où les femmes aux costumes colorés lui apportaient de l’eau douce, des œufs et du poisson. Dans ses écrits, les îles d’Aran deviennent le monde archaïque des ancêtres disparus, le Tûatha Dê Danann, entre «les brumes galopantes » et «l’intense clarté insulaire » qui soulignent «chaque ondulation de la mer et du ciel et chaque crevasse des monts d’au-delà de la baie ».
Inspiré par cette expérience, le cinéaste Robert Flaherty, d’origine irlandaise, tourna sur Inishmore, le film de ciné-club Man of Aran(1931-1933). La plage et le double cottage à Kilmurvey témoignent encore de cette odyssée où Tiger Man, un îlien, est le héros maintenant enterré en première place au cimetière de Killeany.
Mieux qu’une destination touristique, les îles d’Aran sont ainsi devenues un mythe du ressourcement… à rechercher en soi-même.
Texte : Anne-Marie Minvielle
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