Pays Dogon, le Mali à flanc de falaise
Tourisme équitable à Yendouma
Après la traversée de Tiogou, village animiste saisissant d’authenticité architecturale, nous longeons une piste sablonneuse le long de jardins potagers jusqu’à Yendouma. Le cofondateur de L’Harmattan solidaire, Moïse Témé, ainsi que notre guide Drissa, son « frère » (ou plutôt cousin dans la « famille » élargie) sont originaires de ce village. L’un se dit « protestant animiste », l’autre est musulman, à l’image de ce bourg en sept quartiers où animisme, islam et christianisme cohabitent pacifiquement et jusqu’au sein des foyers.
À l’entrée du village, au niveau du sol, un fonctionnaire de Bamako, natif de Yendouma, fait construire une grande maison en pierre. Mais il n’est pas le seul à opter pour une architecture plus moderne au pied de la falaise : peu à peu, tout le village se développe par le bas. « La vie y est moins dure », confirme Drissa, conscient toutefois du risque de voir disparaître la spécificité architecturale des habitats dogons.
Des infrastructures s’élèvent de part et d’autre du chemin et autour d’une mare où les troupeaux viennent boire en soulevant la poussière. Ils ne semblent guère se soucier des cinq caïmans qui vivent là, « inoffensifs », nous assure Drissa. Non loin, un puits à pompe, une école primaire et un collège avec son terrain de basket, une bibliothèque…
À Yendouma, on peut mesurer l’impact positif du tourisme équitable. L’Harmattan solidaire (du nom de ce vent chaud de l’est qui souffle dès décembre, donnant au paysage une teinte sepia) a été fondé il y a quatre ans par Moïse Témé et Yannick Salaün, un Breton amoureux du pays.
4 % du prix de chaque voyage est investi dans des actions de développement : l’aménagement d’un campement communautaire pour accueillir les visiteurs, le salaire d’un instituteur, un projet de microcrédit (culture de l’oignon) pour des femmes de Sangha (qui achètent semences et engrais à des prix plus intéressants que celui des grossistes)… L’an dernier, 700 touristes sont venus avec l’Harmattan solidaire, qui propose jusqu’à neuf circuits différents dans le Pays dogon et vers Tombouctou.
Texte : Cerise Maréchaud
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