Pays Dogon, le Mali à flanc de falaise
Rituels de trekkeurs
Nous dormons dans les villages, sur les toits de petites auberges modestes mais confortables. Après des nuits d’un calme olympien, c’est à qui, le matin, fera le plus de bruit pour nous tirer du sommeil au lever du soleil : mal réveillé lui aussi, le muezzin de la mosquée voisine toussote dans son mégaphone avant d’entonner l’appel à la première prière, parfois recouvert par le braiement disgracieux d’un âne, avant que coqs et chiens ne rejoignent la chorale. On devine aussi les voix de femmes qui se lèvent dès l’aube pour gagner les champs d’oignon quand l’air est encore frais, vite imitées par les marcheurs.
Toilette de chat, tartines de pain sucré à la confiture de goyave et arrosé de thé ou café bon marché, une cuillérée de miel : on attaque les premiers sentiers avant 7 h, quand, à mi-hauteur dans le ciel, le soleil drape l’horizon de teintes pastel.
Sur cinq heures de marche quotidienne, quatre sont englouties le matin, avant que la fournaise ne nous pousse à 11 h dans le creux réfrigéré d’une grotte ou à l’ombre d’un baobab, entourés de troupeaux. Le temps d’une salade composée de légumes lavés au permanganate (pour éviter les bactéries) et d’une bière tiède mais salutaire, ou d’une infusion d’hibiscus écarlate, prélude idéal avant de sombrer dans une sieste sans mouche ni moustique : les bonheurs de la saison sèche.
De jour en jour, nous apprivoisons plus ou moins la prononciation des salutations de rigueur – « Ceao, ceao, brepo » (« Bonjour, bonjour, merci ») – ce qui ne manque pas de tirer de larges sourires aux enfants, malgré notre refus systématique à leurs réclamations de stylos Bic, bidons, chemise ou bonbons. Et nous nous étonnons de distinguer ça et là, dans la brousse comme à flanc de falaise, des flèches roses fluo indiquant le passage, récemment, de marathoniens dans la région.
Texte : Cerise Maréchaud
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