Hanoï ou les secrets de la longévité

Quatre générations de francophones

Quatre générations de francophones
Olivier Page

Coiffé d’un vieux béret basque, le docteur Hai m’invite à sa table familiale pour partager le Banh Chung, le gâteau traditionnel du nouvel an vietnamien. Il a appris le français, qu’il parle très bien, au lycée Albert–Sarrault, un établissement prestigieux qui, du temps de l’Indochine française, obtenait un taux de réussite au baccalauréat plus élevé qu’en France.

Fils d’un ingénieur des Ponts-et-Chaussées (qui parlait déjà le français), le docteur Hai fait des études de médecine, puis s’engage dans l’armée du Nord-Vietnam comme médecin. Quand la paix revient, en 1975, il retrouve sa maison de la rue Hang Ga, où il installe un mini-hôtel ouvert aux routards du monde entier. Son fils Nam, 36 ans, licencié ès- lettres françaises, est directeur d’une entreprise privée de logistique internationale. Sa petite-fille, Tran Anh, 14 ans, apprend aussi le français. La famille Hoang, réunie dans le salon pour le Têt, compte donc quatre générations de francophones. Un phénomène rare ? Pas tant que ça, car à Hanoi, la transmission culturelle se fait de père en fils dans un esprit confucianiste.

Je lui demande si, depuis la guerre d’Indochine contre les Français (un de ses frères y a laissé la vie), il a gardé du ressentiment ou de la haine. Il me répond par la négative. « Les Français d’avant l’indépendance du Vietnam dont je garde les meilleurs souvenirs sont mes professeurs au lycée. Ils m’ont appris la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est au nom de ces principes que l’oncle Hô et les Vietnamiens se sont battus. Quant aux autres, les Français qui représentaient l’administration coloniale, nous voulions nous en débarrasser. » L’esprit de la francophonie n’est pas un vain mot chez les Hoang. C’est une manière d’être et de sentir les choses dans un monde de consommation, une façon de rester fidèle à une culture inscrite dans l’histoire du pays.

À plus de 70 ans, le docteur Hai pratique le zen bouddhiste : « Je tente de trouver le juste milieu pour avoir une lucidité de vision et garder ma tranquillité d’âme ». Selon lui, placer les valeurs spirituelles au-dessus des choses matérielles est la seule condition pour échapper au cycle des souffrances et aux pressions du monde moderne. Sur le mur, deux panneaux portent des sentences du bouddhisme vietnamien. Il en a fait son credo : « Le plus grand ennemi de ta vie, c’est toi-même, l’impermanence des choses est le principe de la vie ».

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Texte : Olivier Page

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