De Salvador à Recife : la route de l’enchantement durable
Éloge des bio-carburants
Bien que les Portugais l’aient introduite à l’origine sur le littoral paulista au sud du Brésil, c’est au Pernambouc, dans le Nordeste, que la culture de la canne à sucre s’est développée au fil de l’histoire, au point de devenir la principale source de richesse économique de cet État. Les paysages que nous traversons maintenant au Pernambouc ont pris forme aux XVIe et XVIIe siècles. Des forêts entières ont été coupées (donc détruites) pour que soit établies de grandes plantations de canne à sucre, mais les conditions de travail des ouvriers de la canne n’ont guère évolué depuis la colonisation.
La concurrence de la betterave à sucre, la chute des cours mondiaux et la hausse des prix du pétrole ont conduit en 1974 le gouvernement du Brésil à lancer une alternative : le plan Pro-Alcool. Des subventions importantes ont ainsi permis aux industriels brésiliens de produire un bio-carburant fait à partir de l’alcool de canne à sucre : l’éthanol. C’est donc une énergie renouvelable qui a favorisé la relance de la culture du sucre au Pernambouc, et au Brésil en général. Le résultat au niveau national est stupéfiant : en 2007, presque la totalité du parc automobile brésilien pourra rouler à l’éthanol (moins cher que le pétrole). Une première mondiale, le Brésil a atteint cette année l’autosuffisance énergétique.
Je ne m’en suis pas rendu compte, le réservoir de ma voiture est presque vide. À la station service de Tamandare, ultime étape avant Recife, c’est avec une grande jubilation que je demande : « Le plein d’éthanol s’il vous plait ! ». L’éthanol, appelé alcool comun à la pompe brésilienne, est encore méconnu des consommateurs européens. Il ne dégage aucun gaz carbonique, aucun gaz à effet de serre. Je sais qu’avec ce bio-carburant utilisé au fil de notre voyage, nous avons exploré un beau morceau du littoral nordestin sans contribuer au réchauffement climatique (fléau mondial dont on parle tant en ce moment). Ici il fait déjà bien assez chaud comme ça, pas besoin d’en rajouter ! Je vais boire à présent une bonne caïpirinha, savoureux breuvage brésilien, lui aussi confectionné à partir de l’alcool de canne à sucre.
- Intro
- La Ligne verte (Linha Verde), grand rempart d’arbres
- La Mata Atlântica, vestige de la splendeur originelle
- Les tortues de Praia do Forte
- Mangue Seco, dernières dunes avant le paradis
- Sur les traces de Jorge Amado
- Aracaju, le meilleur lieu c’est le bonheur
- Penedo, loin du tohu-bohu du monde
- Au royaume des cocotiers, le sucre est roi
- Japaratinga, Maragogi, Tamandare
- Éloge des bio-carburants
- Carnet d'adresses
Texte : Olivier Page
Mise en ligne :