Parenthèse libanaise

C'est reparti pour un tour…

C'est reparti pour un tour…
Anne Poinsot

Après ces quelques jours à travers la ville, un matin, je me dis : " allez, bouge ma fille, direction Baalbeck " : peut-être le site le plus célèbre du Liban, et je ne l'avais pas vu. Donc, je vais prendre un service à Cola Junction, sorte de gare routière de mini-bus et de taxis individuels ou non. Pour 3 000 livres, deux bonnes heures de route, d'abord dans la montagne (et ça monte bien), puis à travers une bonne partie de la vallée de la Bekaa. Des vignes, le mont Liban au fond, des champs, cultivés ou en friche, les campements des bédouins chassés de Syrie, avec leurs kheffie rouge et blanc, pas mal de check-points, parfois tenus par des hommes en civil, mais bien armés malgré tout, la vallée offre de beaux paysages, et de grandes étendues : son fond est plutôt plat, et vraiment large par endroits. La végétation est plutôt absente, si ce n'est sous forme d'arbustes ou de buissons, d'herbes folles aussi. Baalbeck, c'est avant tout un village, avec de petites maisons sympas, et ce n'est guère qu'en arrivant à la porte du site qu'on en réalise les dimensions. Petite, je suis toute petite devant un tel espace. C'est énorme, tout simplement. Et le génie de Baalbeck, c'est de montrer côte à côte des vestiges phéniciens, grecs, romains, arabes…

Ce qui est fou aussi, c'est de penser que la plus grande partie de ce qu'on voit debout sur le site a été reconstitué, reconstruit, retrouvé par les archéologues, après les ravages des tremblements de terre et l'intervention des hommes. Un puzzle de dingues… tout simplement. Seul le temple dit " de Bacchus " (en fait consacré à Vénus) était encore relativement préservé, et l'enceinte aussi, en partie du moins ; compliquée, cette enceinte : une partie en est romaine, celle qui enclôt la cour principale, le reste étant en fait la citadelle qu'avaient érigée les Arabes. Colonnes, têtes de lion, bas-reliefs ottomans, autels sacrificiels, monolithes de plus de 1 000 tonnes (!), arbres en fleurs dans l'ancienne citadelle arabe, le mélange est vraiment étonnant, terriblement impressionnant et fort difficile à décrire, en fait…

Cette impression de gigantisme, dans de moindres proportions cependant, je la retrouverai à Tripoli (Trablous), au nord de Beyrouth et de Byblos. La ville a depuis longtemps une importance stratégique et économique, puisque déjà les Byzantins la convoitaient. Puis les Omeyyades, puis les Abbadides, puis les Fatimides, puis d'autres encore, puis les croisées débarquèrent, et Raymond de Saint-Gilles édifia une forteresse. Et quelle forteresse ! Perchée sur une butte, elle domine toute la ville et depuis ses créneaux, la vue embrasse loin sur la Méditerranée. De l'extérieur, elle ne paraît pas si grande ; rien à voir, en fait, avec les dimensions de Baalbeck. Mais l'intérieur en est organisé de telle manière, avec une multitude de niveaux différents, de caves voûtées empilées les unes sur les autres, d'escaliers qui s'enfoncent sous terre ou qui grimpent de terrasse en terrasse, que j'ai pu m'y perdre deux bonnes heures. Bon, faut dire que j'aime la vieille pierre et les labyrinthes, mais quand même… Un vrai dédale, et encore, tout ne se visite pas… Depuis les terrasses les plus hautes, on domine toute la ville, la célèbre mosquée, le souk, assez sympa, avec une belle architecture, plus aéré que celui de Saïda, mais déjà assez tortueux, pour que reviennent en mémoire les descriptions orientalistes des romantiques du XIXe siècle. Et puis un peu plus loin, le port, avec un autre quartier ancien.

La ville, d'ailleurs, se prête bien à la flânerie. Elle n'est pas si grande que ça, et la place principale, sur laquelle arrivent et partent les " services " pour les environs ou pour Beyrouth, organise autour de son square petits cafés, vendeurs de fallafels, de cocktails de fruits… Bons, d'ailleurs, les cocktails de fruits, et dès qu'on choisit un mélange avec, entre autres, de la banane, ça cale un coin pour longtemps. Dans une de ces boutiques de fruits, j'ai commencé à papoter avec la patronne, une toute jeune femme, très souriante, qui m'avait interpellée en anglais. Sauf que à part " Come on, it's good ", elle ne savait pas dire grand-chose dans la langue de Shakespeare. Et comme mon arabe est plus que pauvre (les chiffres, quelques formules de politesse et quelques noms de fruits et légumes), ça finit en discussion très animée mais… avec les mains, vieille habitude méditerranéenne. Ça fonctionne un peu, jusqu'à ce que ça ne fonctionne plus… le fou rire devient alors général, nous gesticulons toutes les deux au milieu du magasin sans succès… Tant pis, la prochaine fois que je viendrai au Liban, j'aurai travaillé un peu l'arabe avant…

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Texte : Anne Poinsot

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