Réminiscences de bureaucratie soviétique

Je passe avec une certaine appréhension un premier barrage de police quelques kilomètres après le village de Bikat. Sur les routes touristiques, les policiers sont en général un mauvais souvenir pour les voyageurs individuels. Mais ici, loin des sentiers battus, ils se révèlent tout aussi accueillants et curieux que leurs compatriotes. Je passe avec eux un agréable moment à partager quelques tasses de thé. Même si la journée est déjà bien avancée, je décline l'hospitalité du chef pour m'enfoncer dans la steppe, vers le lac Tuzkan Kul qui forme l'extrémité est de l'Aydar Kul. Sur l'ensemble du trajet, mes rencontres avec les policiers se passeront toujours aussi bien. Il n'en ira pas de même avec la milice, à Yangiqishlaq. La milice se reconnaît à son uniforme composé d'un pantalon de jogging et d'une veste de treillis. Dans l'ensemble du pays, ils ont l'habitude de s'accrocher aux touristes comme des sangsues, et la corruption les précède allègrement. Et pourtant, après quatre heures passées au poste de police de Yangiqishlaq où ils me déposent sous la garde des policiers (toujours aussi sympathiques), le temps de mener leurs vérifications sur mon identité, ils reviennent et me rendent tous mes papiers et s'excusent de m'avoir pris pour un espion : ils avaient été trompés par la carte et l'appareil photo. Pas de bakchich, pas de vol de documents comme cela se passe si souvent dans le reste du pays. Et l'aventure se solde par une demi-journée de marche perdue et un peu d'énervement quand même. Mais, ici comme ailleurs, rester calme et patient reste la meilleure recette. Même ceux qui cherchent à vous soutirer un bakchich le font agréablement, en vous offrant du thé avec le sourire, un peu comme s'ils vous vendaient un souvenir.

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