Les fouilles bénévoles : pourquoi, qui, quand, où et comment ?

Pourquoi fouiller ?

Lever aux aurores, comme à l'armée. Après le petit-déjeuner commun, le directeur du chantier y va de son petit briefing et expose le programme du jour. La matinée, on fouille, au rythme des coups de pelle et de pioche dans le sol et des petits frottements de brosse à dents sur la pierre. Plus loin, d'autres photographient, nettoient, puis restaurent méticuleusement les objets déterrés. L'après-midi, c'est relâche : randonnée dans la forêt du coin ou farniente sur la plage pour certains, conférences et débats improvisés avec les archéologues du chantier pour d'autres. En soirée, tout ce beau monde finit par se retrouver autour de la même table pour dîner et bavarder. Voilà à quoi pourrait ressembler une journée-type sur un chantier archéologique.
Si effort physique, culture et vie en communauté font généralement partie du programme de vos vacances, alors un séjour en tant que bénévole sur un chantier de fouilles devrait pouvoir vous combler. Si, au contraire, les choses anciennes vous rebutent et que vous êtes plutôt du genre grasse mat' en été, on aura peu de chances de vous voir jouer aux archéologues au mois d'août prochain. Car le chantier de fouilles est avant tout un lieu de socialisation où il faut faire preuve de respect mutuel et d'esprit d'équipe. On vous demandera de bien respecter les horaires de travail et de participer tant que possible à la vie du chantier (un peu comme dans une abbaye).
L'autre avantage du chantier de fouilles, et qui devrait ravir les plus passionnés d'entre vous, ce sont les activités proposées. Elles sont très variées et le responsable du chantier fait en sorte d'initier chaque fouilleur bénévole à tous les aspects du métier : étude et classement du matériel archéologique, nettoyage et restauration des céramiques, relevés graphiques du terrain, traitement des données sur ordinateur, etc.

Qui peut fouiller ?

Si les règlements varient d'un site à l'autre, il existe, pour les bénévoles, des conditions d'admission qui restent communes à tous les chantiers de fouilles. Il faut, dans tous les cas, être âgé d'au moins 18 ans. Certains chantiers en France proposent cependant d'accueillir des mineurs âgés d'au moins 16 ans (en nombre limité), sur autorisation parentale uniquement. Quelques sites en France proposent même des stages d'initiation à l'archéologie pour les plus jeunes. C'est le cas du parc archéologique européen du Mont Beuvray dans le Morvan qui organise chaque été, entre la mi-juillet et la mi-août, des stages payants pour les jeunes âgés de 13 à 17 ans.
La participation à un chantier de fouilles ne requiert pas une formation ou une compétence particulière en archéologie, mais il se peut qu'un responsable de chantier donne la priorité aux étudiants dont le cursus est lié aux sciences humaines (archéologie, histoire, histoire de l'art…). Cependant, il est recommandé aux bénévoles d'être, d'une part, très motivés, et, d'autre part, en bonne condition physique, surtout sur les sites au relief difficile ! Attention, lors de votre inscription, on vous demandera probablement une lettre de motivation ainsi qu'une attestation de bonne santé, histoire de vous faire comprendre qu'un site archéologique n'est pas un village de vacances.

Quand fouiller, et combien de temps ?

Les campagnes de fouilles programmées étant généralement menées par des universitaires, elles coïncident donc avec les périodes de congés scolaires : au printemps, pendant les vacances de Pâques, mais les chantiers à cette époque restent rares, alors qu'en été, entre le mois de juin et la fin septembre, l'ensemble des chantiers sont en activité. C'est donc sous le soleil que l'on fouille, ce qui n'est pas forcément une bonne chose compte tenu des fortes températures qui peuvent régner sur un chantier en plein mois de juillet. Quand il fait trop chaud, les fouilles se déroulent en matinée. Dans les départements du Sud, elles débutent tôt (parfois vers 7 h du matin !), afin d'échapper aux fortes chaleurs de l'après-midi.
Quant à la durée des séjours proposés aux bénévoles, elle varie selon les sites. Si la plupart des chantiers proposent des séjours de fouilles allant d'une à trois semaines, certains sont plus exigeants et vous demanderont de participer trois semaines au minimum.

Où fouiller ?

Pas évident de faire un choix quand le nombre de chantiers de fouilles ouverts aux bénévoles en France et dans les DOM-TOM s'élève à près de 300 ! Pour se faciliter la tâche, trois critères de sélection peuvent être pris en compte : la période, la nature, ainsi que le lieu.

- La période. Si vous voulez assouvir votre passion pour les châteaux forts, inutile de vous rendre à Auneau, dans l'Eure-et-Loir, où l'on met à jour des sépultures du néolithique. Allez par exemple retrousser vos manches près d'Auzat, en Ariège, où l'on restaure entre juin et juillet les ruines du château de Montréal-de-Sos (XIIIe siècle). De même, si vous êtes un mordu d'histoire antique, il serait plus intéressant d'aller travailler sur le site d'un ancien théâtre ou d'une villa gallo-romaine que d'aller chercher des outils préhistoriques dans une grotte. Bref, vous l'aurez compris, tout dépend des goûts et des affinités de chacun avec les différentes périodes historiques.

- La nature du site. Tous les chantiers de fouilles ne se ressemblent pas. Certains peuvent se trouver en plein milieu forestier tandis que d'autres sont perdus dans une plaine ou perchés sur le flanc d'une montagne (une ancienne tour de garde, par exemple). Sur certains sites, les conditions de fouilles peuvent être éprouvantes : être exposé en permanence au soleil, ramper, se baisser, fouiller en position allongée, etc.

- Le lieu. Beaucoup de bénévoles choisissent un chantier de fouilles en fonction de sa situation géographique. Le voyage sur le lieu du site étant à la charge du bénévole, certains préfèrent se rendre sur des sites à proximité de leur lieu de résidence afin de limiter les frais de transport. D'autres, encore plus malins, font d'une pierre deux coups et optent pour un site proche de leur lieu de vacances.
À noter, qu'en général, les directeurs de chantier viennent vous chercher à la gare la plus proche du site si vous arrivez par train.

Où se renseigner, comment s'inscrire ?

Chaque année, le ministère de la Culture et de la Communication met en ligne sur son site internet un moteur de recherche ainsi qu'une liste complète, très détaillée et régulièrement mise à jour, de tous les chantiers de fouilles en France et dans les DOM qui accueillent des bénévoles. La liste, téléchargeable, renseigne pour chaque chantier, sur la nature du site, les dates de début et de fin des campagnes de fouilles, les conditions d'inscription, ainsi que les coordonnées du responsable des fouilles. C'est à ce dernier qu'il convient de s'adresser pour s'inscrire. Il vous indiquera les pièces à fournir et vous donnera davantage de précision quant à la nature du travail qui vous attend une fois sur place. En principe, la participation à une fouille est gratuite. Cependant, certains chantiers peuvent vous demander une participation comprise entre 10 et 30 €.
Autre mine d'informations, le magazine Archéologia qui propose dans son numéro de mai (disponible dans les bibliothèques municipales ou sur commande depuis le site internet de la revue) une sélection de chantiers de fouilles en France, dans les DOM, ainsi qu'en Belgique.
Il est également possible d'obtenir des informations sur les chantiers de fouilles auprès des services régionaux de l'archéologie des DRAC (direction régionale des Affaires culturelles). Ceux-ci sont parfois les mieux renseignés sur les fouilles qui ont lieu dans votre région et devraient pouvoir vous aiguiller dans vos recherches.

Voici notre petite sélection, par période historique, de quelques bons plans fouilles en France métropolitaine :

Site préhistorique d'Auneau (Eure-et-Loir) à 50 minutes de route de Paris et à 25 km de Chartres. Les lieux ont été occupés de 8 000 à 3 500 av. J.-C. par des populations de cueilleurs-chasseurs puis par une communauté de paysans. Les programmes de recherche visent à mettre à jour un cimetière composé de nombreuses sépultures sous dalles. Les fouilles ont lieu généralement au mois d'août. Hébergement des bénévoles en dur ou sous tente et repas à la charge du chantier. Renseignements et inscriptions auprès de Christian Verjux, SRA Centre, 6 rue de la Manufacture, 45043 Orléans, tél. : 02-38-78-85-41. E-mail : christian.verjux@culture.gouv.fr Internet : www.ville-auneau.fr/tourisme/prehistoire.html.

Site de Kerven Teignouse (Morbihan). Chantier riche en vestiges du second Âge du Fer (VIe au IIe s. av. J.-C.). Chaque campagne de fouilles d'été vise à mettre en valeur l'évolution de l'habitat sur le site. Hébergement des fouilleurs bénévoles en centre d'accueil. Plus de renseignements en contactant Daniel Tanguy, Saint-Quidic, 56240 Plouay. E-mail : tanguy.d@wanadoo.fr Internet : www.kerven.org.

Mégalithes en Corse du Sud. L'ÎIe de Beauté regorge de statues-menhirs du Néolithique. Plusieurs chantiers de fouille les étudient chaque été, parmi lesquels celui de Stantari, dans la commune de Sartène ainsi qu'à Monte Revincu. Pour plus de renseignements, s'adresser au Service régional de l'archéologie de la DRAC de Corse, 19, cours Napoléon, 20181 Ajaccio. Tél. : 04-95-51-52-25.

Site de Saint-Sauveur à Lattes (Hérault). Exploration des civilisations méditerranéennes à travers les ruines d'un port antique (VIe s. av. J.-C. au IIIe s. ap. J.-C.) situé près de Montpellier. Les repas et l'hébergement des bénévoles sont pris en charge par le chantier. Se renseigner auprès des Fouilles de Lattes, CDAR-UMR 5140, 390 avenue de Pérols, 34790 Lattes.

Les oppida d'Auvergne. La région est célèbre pour ses fortifications gauloises, situés généralement sur un plateau ou au sommet d'une colline. Les oppida de Gergovie, de Gondole et de Corent dans le Puy de Dôme, ainsi que l'oppidum de Cordes-Chateloi dans l'Allier font régulièrement l'objet de fouilles approfondies en vue de dégager les fortifications et mettre en évidence les fossés. Se renseigner auprès du Service régional de l'archéologie de la DRAC d'Auvergne, Hôtel de Chazerat, 4, rue Pascal, 63000 Clermont-Ferrand. Tél. : 04-73-41-27-19.

Le site du Vernai à Saint-Romain-de-Jalionas (Isère). Ce chantier met à jour un complexe gallo-romain comprenant une remarquable villa, des thermes, des ateliers ainsi qu'un bâtiment agricole. Renseignements auprès de la mairie de Saint-Romain-de-Jalionas, tél. : 04-74-90-76-01 ou de la SRA de la DRAC de Rhône-Alpes, 6 quai Saint Vincent, 69001 Lyon, tél. : 04-72-00-44-00.

Site du Château Ganne à La Pommeraye (Calvados). Fouilles d'une importante fortification datant du XI-XIIe siècle. Hébergement en gîte d'étape et repas assurés par le chantier. Renseignements et inscription auprès d'Anne-Marie Flambard-Héricher, Université Esplanade de la Paix, 14032 Caen. Tél. : 02-31-56-59-19. E-mail : crahm.flambard@unicaen.fr Internet : www.chateauganne.org.

Le Château d'Orville (Val d'Oise). Étude de l'évolution d'un village rural sur près de mille ans (de l'époque mérovingienne au XVIe. Siècle). Pas d'hébergement sur place mais sa situation (proche de la ligne D du RER) en fait un chantier idéal pour les franciliens amateurs d'archéo. et passionnés par le Moyen-Age. Inscription auprès de François Gentili, c/o SDAVO Abbaye de Maubuisson, 95310 St Ouen l'Aumône. E-mail : contact@orvillechateau.com Internet : www.orvillechateau.com.

Bon à savoir

La restauration du bâtiment est souvent l'étape succédant à la fouille archéologique. Ici, il ne s'agit pas vraiment de fouiller le sol, mais plutôt de mettre en valeur des bâtiments ou des édifices anciens (de l'époque médiévale généralement). Même si ces chantiers ont surtout recours à des restaurateurs et à des artisans spécialisés (charpentiers, menuisiers, tailleurs de pierre…), les volontaires sont toujours les bienvenus. Alors si l'expérience vous intéresse, sachez qu'il existe en France de nombreuses associations qui se consacrent au sauvetage et à la remise en état des monuments historiques.

Quelques grandes associations de restauration en France :

CHAM : l'association « Chantiers histoire et architecture médiévale » s'attaque aux bâtiments laissés à l'abandon en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer, ainsi qu'en Afrique. Elle organise chaque année des chantiers de bénévoles ou de volontaires ainsi que des rencontres pédagogiques, des visites pour les jeunes et des expositions.
Pour les inscriptions, se renseigner auprès de CHAM, 5-7, rue Guilleminot, 75014 Paris. Tél. : 01-43-35-15-51. Internet : www.cham.asso.fr.

REMPART est un réseau regroupant 170 associations nationales et internationales de défense du patrimoine. Les chantiers REMPART restaurent des châteaux pour en faire des lieux d'exposition ou des musées. Ils accueillent de nombreux bénévoles, et les mineurs sont parfois acceptés (sous certaines conditions) dans le cadre de stages d'initiation.
Pour obtenir la liste des activités et s'inscrire à un chantier, se renseigner auprès du siège de l'association : 1, rue des Guillemites, 75004 Paris. Tél. : 01-42-71-96-55. E-mail : contact@rempart.com. Internet : www.rempart.com.

Le Club du Vieux Manoir est une association spécialisée dans la sauvegarde des édifices en péril (châteaux, églises, chapelles, portes…). Plusieurs dizaines de chantiers pour bénévoles sont prévus chaque été.
Pour obtenir le programme complet des chantiers, contactez le Club du Vieux Manoir, ancienne abbaye de Moncel, 607000 Pontpoint. Tél. : 03-44-72-33-98. Internet : www.clubduvieuxmanoir.asso.fr.

Et en Belgique :

Olloy-sur-Viroin (Belgique). Un des sites néolithiques et protohistoriques importants de Wallonie. Les fortifications découvertes sont intégrées dans un réseau allant de part et d’autre du Viroin.
Outre les stages conventionnés pour les étudiants, des stages d’été sont organisés pendant tout le mois de juillet. Les ateliers sont encadrés par un archéologue et un architecte professionnels. Les participants sont initiés à chaque étape du chantier archéologique : la fouille, la photographie, la topographie, l’interprétation chronologique des résultats, les conférences ciblées tous les soirs, etc.Forges St Roch asbl, 7 Chemin du Try Châlons ,5660 Couvin – Belgique. Tél. :0032-(0)60-34-74-23 Internet : www.archeostage.com.

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Photos : Parc archéologique européen du Mont Beuvray © Bibracte / A. Maillier
Château d'Orville © www.orvillechateau.com
Citadelle de Lille © www.cham.asso.fr

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