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Dorothée Ollieric n'a pas froid aux yeux. Grand reporter pour France 2 depuis bientôt dix ans, elle a parcouru la planète et couvert tous les grands conflits de la décennie : Cambodge, Angola, Algérie, Bosnie, Tchétchénie, Rwanda, Kosovo, Congo, Afghanistan… Cette femme dans la guerre vit son métier à 200 % avec passion et caractère ! Après un bac A1 (lettres et philo), passé en 1985 à Nantes, une licence de LEA (Langues étrangères appliquées), elle passe et réussit le concours de l'IPJ (Institut pratique de journalisme à Paris), école qu'elle suit de 1988 à 1990.
C'est après un stage d'été à France 2 en août 1990 qu'elle est embauchée comme " pigiste permanente " et titularisée deux ans plus tard.

Comment es-tu devenue grand reporter ?
À France 2, j'ai commencé par le service des éditions du week-end (c'est-à-dire que je travaillais du mercredi au dimanche et que mes reportages passaient exclusivement dans les JT du week-end), puis j'ai été au service " société ", ensuite à Télématin et enfin au JT de la nuit. Cela sur une période de deux ans. En 1992, je suis allée au service de " politique étrangère ", c'était pour les deux mois d'été afin de renforcer le service pendant les vacances. Finalement je suis restée. J'avais 26 ans, j'étais la plus jeune du service... Ma disponibilité totale et l'envie de partir faire des reportages à l'étranger ont fait le reste. Très vite, mon chef de service m'a fait confiance et envoyée au Cambodge, en Angola, en Bosnie... À 28 ans, j'ai été nommée officiellement grand reporter... Un rêve de gosse ! Aujourd'hui cela fait plus de dix ans que je suis en politique étrangère.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?
L'envie de partir loin depuis toujours, l'envie de voir le monde, de l'écouter et de le raconter. L'envie de vivre les moments de l'Histoire. Être aussi bien sur le mur de Berlin qui s'écroule qu'à Sarajevo, " la guerre à deux heures d'avion de Paris ". Un besoin vital de bouleverser ma vie, de mettre mes nerfs à l'épreuve, de voir ce qu'il y a en moi de peur ou de courage. Un défi à soi-même. Mais aussi et surtout partager, témoigner à tout prix, même au risque de sa vie, car les gens que l'on rencontre à la guerre sont inoubliables. Ils donnent énormément et l'on ressort humble face à tant d'énergie, de courage, de solidarité, d'amitié, d'amour...

Est-ce plus dur pour une femme que pour un homme ?
On est avant tout journaliste... Mais dans certains pays, comme l'Afghanistan, je dirais qu'il vaut mieux être une femme car l'on peut interviewer des femmes qui n'accepteraient pas cela d'un homme. Je parle surtout de l'Afghanistan des talibans, avant le 11 septembre. Et cela est valable pour beaucoup de pays musulmans. Sinon, pour les hommes et les femmes, c'est pareil, à la guerre comme à la guerre...

Quelle est la part du risque ?
La rédaction nous demande toujours de ne pas prendre de risques, mais le risque est inhérent à la profession de grand reporter. On peut cependant limiter la prise de risque. Exemple : ne jamais traverser une ligne de front, s'arrêter à tous les check-points, partir avec un interprète local qui connaît les mentalités, les routes, les rumeurs...

Combien de temps dure un reportage sur le terrain ?
De quelques jours à cinq semaines maximum. Exemple : un attentat au Pays basque, c'est trois jours de reportage, et une mission en Afghanistan, c'est quatre à cinq semaines.

Comment restes-tu en contact avec ta rédaction et ta famille ?
Le téléphone satellite... une merveille qui s'utilise partout dans le monde. Il a la taille d'une petite mallette dont le rabat fait antenne et peut se brancher sur une batterie de portable. Grâce à cela on peut appeler la rédac' ou ses proches du fin fond de la jungle. Sinon, le téléphone portable qui passe dans beaucoup de pays.

Quel est ton meilleur souvenir sur le terrain ?
Une rencontre formidable en Bosnie avec des mutilés de guerre. Mustafa, 40 ans, Mercad, 20 ans, Alija, 45 ans... et une jeune femme de 19 ans. Tous avaient perdu un bras, une ou deux jambes en sautant sur des mines ou à cause d'obus et ils m'ont donné la plus belle leçon de vie. C'était un magazine pour Envoyé spécial, nous avons passé une quinzaine de jours avec eux et je n'oublierai jamais leur courage et les étoiles dans leurs yeux quand ils me disaient " c'est tellement beau la vie ". J'ai fini ce reportage en pleurs, avec Mustafa qui me caressait la joue pour essuyer mes larmes... Jamais je ne les oublierai !!!

Quel est ton pire souvenir sur le terrain ?
À Brazzaville, un milicien défoncé m'a menacée avec son arme en disant " sale Française, je vais te tuer ". Il avait le canon de son arme sur mon front... J'étais liquéfiée et je me disais : " Je regarde les yeux du mec qui va me buter, c'est la dernière image que j'aurai de ma vie, ces yeux injectés de sang. "

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui voudrait se lancer dans l'aventure ?
C'est un métier de rêve et de folie où il y a très peu de places. Sur des milliers de journalistes, quelques dizaines seulement font du reportage de " politique étrangère ". Un conseil : être solide physiquement et psychologiquement.

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