Les bobos de la plage

La pollution côtière

La pollution côtière
Plage polluée © Image'in - Adobe Stock

La mer, c'est sale ! Mais pas tellement à cause des poissons qui baisent dedans, comme le prétend Renaud. Car c'est bien l'homme qui est à l'origine de la plupart des pollutions maritimes : déversements d'hydrocarbure, eaux souillées en provenance d'usines ou d'égouts, pesticides ou matières organiques issus de l'agriculture… Mais quelles sont les conséquences sur la santé et où peut-on se baigner ?

Une immense poubelle

C'est un peu comme si la mer était un immense tapis bleu, sous lequel l'homme se réservait le droit de cacher ses immondices d'un coup de balai dans sa conscience.

On pense par exemple à la catastrophe du Prestige en 2002, qui parsema les côtes françaises et espagnoles de galettes de fioul, composées à 37,6 % d'hydrocarbures aromatiques (la substance la plus cancérigène). On estime à 3 millions de tonnes d’hydrocarbures qui se répandent annuellement en mer, dont 10 % proviennent des accidents pétroliers. 

Une même quantité d’hydrocarbures répandus en mer provient du dégazage des bateaux, rejet intentionnel des résidus de combustion de fioul lourd. En Afrique, la majeure partie des plages qui auraient pu compter parmi les plus belles de l'Atlantique, sont très gravement polluées du fait de cette pratique. À cela s'ajoute que chaque année, les navires touristiques et marchands déversent des centaines de milliers de tonnes de ballast sale, de substances nocives et d'ordures. Et ce n'est pas le pire.

La plus grande part (70 %) de la pollution maritime provient de la terre, et non des bateaux - l'activité industrielle et agricole figurant parmi les grands coupables. On pourrait, à titre d'exemple, citer le scandale des déchets radioactifs de La Hague en Normandie. Quant aux agriculteurs, ils sont surtout mis en cause pour les pesticides qui, contaminant les eaux souterraines, rejoignent la mer. Et ce n'est toujours pas le pire !

Le pire, c'est que les principaux responsables de la dégradation des eaux de baignade, c'est nous, les citadins, les voyageurs, les baigneurs. Notre croissance démographique galopante en bord de mer et l'énorme afflux touristique chaque année. Nos nouvelles habitudes hygiéniques, nos restes de pique-nique, nos mégots de cigarette. Le diesel de nos voitures, nos systèmes d'épuration surchargés… Un demi-million de mètres cubes d'ordures est ramassé quotidiennement dans les centres urbains du littoral méditerranéen, mais de nombreuses décharges sont mal conçues. Par infiltration des eaux souterraines, là encore, c'est la mer qui en fait les frais, et nous, indirectement.

Nous, les pollueurs… Nous, les pollués

Il y a les pays riches, où l'on pourrait faire plus d'efforts. La pollution la plus répandue sur le littoral français est bactériologique. Elle occasionne des mycoses, des otites, des irritations des voies respiratoires, des dermatoses ou des gastro-entérites. La France, tout comme l'Italie, la Grèce, l'Espagne et la Grande-Bretagne, est en retard en matière d'environnement maritime. Même si la qualité des eaux de baignade s'est sensiblement améliorée depuis une dizaine d'années, plus d'une centaine de grandes zones balnéaires ne respectent pas les normes européennes, au point de jouer à la roulette russe avec la santé des baigneurs.

Et puis il y a les pays moins riches, où l'insalubrité du littoral est un problème de santé national et où l'argent manque pour acquérir le matériel nécessaire à l'épuration des eaux usées. Les côtes d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale sont parmi les plus polluées du monde, juste devancées par l'Asie de l'Est. Cependant, de nombreux pays d'Afrique ont élaboré des politiques pour résoudre ces problèmes, comme par exemple les pays d'Afrique du Nord, le Kenya ou le Ghana.

La Surfrider Foundation a décerné pendant sept ans des pavillons noirs dotés d'un requin aux plages les plus polluées, véritable coup de projecteur sur les fautifs. Surfrider a ensuite décidé d'arrêter ce système pour développer un outil plus adapté et actif toute l'année. L'association organise toujours des campagnes de nettoyage des plages, une idée que l'on peut tout à fait s'approprier, où que l'on ait choisi de planter son parasol. Plus on est de fous… plus la plage est propre !

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Choisir sa plage

Renseignez-vous :

- Auprès des hôteliers, des sauveteurs, des autorités, des habitants et des autres routards.

- Les médias affichent parfois des données en rapport avec la propreté des zones de baignade.

- Sur la plage, on trouve quelquefois des affiches, des drapeaux (le pavillon bleu de la Fondation pour l'éducation à l'environnement notamment) ou des panneaux indicateurs de propreté ou de pollution.

- Vérifier s'il n'y a pas eu de fortes pluies la veille ou dans la journée, car l'eau peut drainer des impuretés vers la mer et la pluie être polluée par des solides organiques en suspension. Après une forte pluie, attendre au moins une journée avant de retourner se baigner dans l'océan, trois jours dans les petites baies fermées et les lagunes. On évite de se baigner si on voit :

- Que la plage est à proximité de l'arrivée d'un égout, d'un système de drainage, de l'embouchure d'un fleuve ou d'une lagune.

- Qu'il y a des poissons morts, des cannettes, des bouteilles et autres déchets sur la plage.

- Que l'eau est trouble, qu'elle présente une mousse à coloration inhabituelle ou qu'elle est malodorante.

Conseils

- Tâches de fioul sur la peau : enlever un maximum du produit, puis dissoudre rapidement ce qu'il en reste avec de l'huile (végétale ou minérale), de la vaseline ou de la crème solaire, puis rincer avec de l'eau douce et du savon. Le fioul peut provoquer des rougeurs sur la peau qu'il faudra éviter d'exposer au soleil. Consulter un médecin en cas de nausées, de maux de tête ou d'irritation des voies respiratoires.

- Fruits de mer et poissons : éviter d'en manger dans un restaurant de fortune au bord d'une plage insalubre, en cas de catastrophe pétrolière, ou de " marée rouge " au Mexique (une algue qui contamine ces aliments). Un poisson frais a l'œil vif, l'écaille brillante, la chair ferme et les ouïes rouges sans trace de sang.

- Coupures et seringues : en cas de piqûre sur une seringue abandonnée sur la plage, pas de panique ! Germes et virus ne résistent généralement pas à la chaleur, improbabilité donc de se faire contaminer par le sida. Dans tous les cas de plaies dues à des déchets, vérifier votre dernière vaccination contre le tétanos (tous les dix ans). Aucun corps étranger ne doit rester dans la plaie. S'il est impossible de retirer tout ou partie des fragments, consultez un médecin. Lavez à l'eau douce et au savon, désinfectez, puis protégez la plaie avec un pansement ou une compresse stérile. Plus de bain de mer pour vous pendant quelque temps : l'eau salée ralentit la cicatrisation.

Texte : Ellonore Bush

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