Le meilleur de la Géorgie
Le meilleur de la Géorgie : l’Est du Grand Caucase - Kazbegi, Touchétie et Khevsourétie
Marquant la frontière de l’Europe pour les géographes, le Grand Caucase envoie l’essentiel de la Géorgie ailleurs, au grand dam d’un peuple qui s’affirme, non sans raison, européen, au moins culturellement. Notons que les régions abordées ci-dessous, situées par-delà des cols somptueux au nord de la ligne de partage des eaux, sont exemptées de ce débat.
Surnommée la « Montagne des Langues », le Caucase est une des régions du monde la plus riche en peuples et idiomes, certains présents depuis l’Antiquité, d'autres récents comme le russe.
L'automne dans le Caucase... c’est dingue ! Palette impressionniste, la forêt décline toutes les nuances du vert foncé au rouge sang !
La route militaire géorgienne
Construite par les Russes après l’annexion de la Géorgie début 19e, elle nourrit toujours l’imaginaire russe. De nos jours, les grands voisins débarquent à Kazbegi depuis Vladikavkaz, capitale de l’Ossétie du Nord, via 50 km de route tracée dans la profonde gorge du Terek, qui file vers la mer Caspienne.
À seulement 3 h de route (150 km) de la capitale, Kazbegi (ou Stepantsminda), sertie dans un site extraordinaire, constitue l’accès le plus facile aux magies du haut Caucase.
L’excursion vers l’église Gergeti – la faire à pied si possible pour son caractère initiatique – est l’un des musts du pays. Le sommet homonyme et son glacier se dévoilent dans son dos, en montant. Passé derrière, des sommets déchiquetés et enneigés barrent l’opposé de la vallée, approchés par la petite rando du monastère Ioane Natlismcemeli.
De Kazbegi, on accède aussi aux sublimes vallées de Truso, sinuant vers l’ouest jusqu’à l’Ossétie du Sud séparatiste, et de Sno-Juta, objet d’une géniale rando A/R ou prolongée jusqu’à Roschka, sur la route de Shatili.
Les vallées perdues de Touchétie et Khevsourétie
Au nord-est du pays, à 50 km à vol d’oiseau l’une de l’autre mais bien plus en voiture, les vallées cousines de Khevsourétie et de Touchétie sont respectivement frontalières de la Tchétchénie et du Daghestan. Malgré la hausse récente des visiteurs, elles baignent encore dans la rude culture montagnarde du Grand Caucase, teintée de croyances et coutumes païennes.
Très reculées, elles sont inaccessibles de mi-octobre à fin mai au moins, en fonction de la fonte des neiges, des éboulements et... de la motivation des équipes d’entretien, mises à rude épreuve par des routes extrêmes.
Les quelques églises construites par les Russes voisinent avec d’anciens sites chamaniques, notamment des buttes garnies d’un toupet de forêt sacrée, où se serrent des tombes semées de cailloux blancs. Liés aux sites ou à des périodes spécifiques, des tabous ancestraux perdurent. Ils affectent par exemple les rapports entre le village et les « étrangers », ainsi qu’entre les sexes. Pour éviter les impairs si on a un doute, faire preuve de réserve dans ses actions et attitudes, attendre d’être invité à faire, entrer dans une maison, etc.
Ces vallées sont difficiles d’accès... Pour la Khevsourétie, compter 6 h de route pour 150 km, dont 50 km de piste difficile aux abords du col de la Croix de l’Ours (alt. : 2 689 m), d’où le panorama par une belle journée est intoxiquant et s’amorce la descente vers Shatili, un superbe village fortifié où on trouve à se loger.
Petite cousine moins visitée de la Touchétie, cette région est surnommée le « Pays des Vallées ». On comprend rapidement pourquoi. Étroites et profondes, ramifiées à l'infini, magiques et magnifiques, elles sertissent les rivières filant vers la Russie.
Depuis Shatili, randonner jusqu’aux cryptes d’Anatori où, frappés par la peste, des villageois se laissèrent mourir au 18e s pour ne pas contaminer leurs compatriotes. Plus loin, le stupéfiant village fortifié de Mutso agglutine ses maisons et tours d’ardoises à un piton, puis le village ruiné d’Ardoti scrute le sentier qu’empruntent les randonneurs venus de Touchétie – avec ou sans chevaux, la traversée Touchétie-Kazebgi via Shatili dure 9 j (5 j + 4 j).
La Touchétie s’atteint par la vallée d’Alazani, via Alvani à 1 h 30 de Tbilissi, où on embarque dans une Jeep. 3 h d’épingles étourdissantes précèdent le col d’Albano (alt. : 2 850 m). Omalo, le plus gros village de la région, se trouve à 35 km supplémentaires.
Échelonnés entre 1 900 et 2 400 m, les villages sont en général divisés en partie haute et fortifiée, qui défendait l’autre, la basse, où l’on cultivait. 13 km séparent Upper Omalo, le meilleur choix pour se loger, de Dartlo, un autre village fascinant.
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Texte : Dominique Roland