Histoire et dates-clés Chicago
Les Indiens
Avant même que la ville ne soit créée, cette région était recouverte par les eaux. Les Indiens appelèrent leur rivière Checagou, du nom des oignons sauvages qui poussaient dans cette zone marécageuse.
Cet ancien bivouac, point de passage et de liaison des Indiens, des explorateurs et des missionnaires, entre le Canada et le bassin du Mississippi, devient poste permanent de traite de fourrures. C'est le coureur des bois Jolliet et le jésuite Marquette qui, en 1673, revenant d'une expédition dans le Mississippi, parviennent au site actuel de Chicago.
Cavelier de La Salle, un autre explorateur français – mais de l’île d’Hispañola (aujourd’hui Haïti) celui-là –, prend possession des lieux, au nom du roi de France. Il nomme « Louisiane » ce nouveau territoire qui s'étale du Mississippi jusqu'aux Rocheuses.
Vers 1779, Jean-Baptiste Point du Sable, encore un Français , négocie alors les fourrures avec les Indiens locaux, les Potawatomis. La Louisiane, elle, est vendue par Napoléon à la jeune fédération américaine, en 1803.
La conquête de l'Ouest
La même année, les Américains entament la conquête de l'Ouest et l'éviction des Indiens potawatomis.
Au milieu du XIXe siècle, la ville devient la plaque tournante du réseau ferroviaire américain, avec la fameuse ligne Union Pacific qui permet de rejoindre San Francisco dès 1869. C'est l'époque où affluent quantité d'émigrés irlandais et allemands, à qui les protestants d'origine anglo-saxonne reprochent un penchant notoire pour les réjouissances bruyantes et alcoolisées. En 1855, une « émeute de la bière » oppose la police aux émigrés qui protestent contre une taxation excessive de la bière dans les saloons. C'est le début de l'organisation politique des nouveaux émigrés pour faire valoir leurs droits face à une oligarchie dominante et affairiste.
C'est aussi le début du système clientéliste, qui en fera la place forte du Parti démocrate : celui-ci maîtrise le mieux le « vote ethnique » des Irlandais, Allemands, Suédois, Tchèques et Polonais, en leur promettant emplois et avantages de toutes sortes.
Guerre de Sécession
Pendant la guerre de Sécession (1861-1865), Chicago supplante Saint-Louis, trop proche des champs de bataille, et profite du conflit pour développer des industries mécaniques et métallurgiques. La ville devient alors l'un des grands marchés à bestiaux du pays, exportant la viande fraîche vers la côte est, grâce à l'invention du wagon réfrigéré.
Chicago devient un gigantesque centre de transformation de matières premières, tant agricoles qu’industrielles. Elle passe de 400 habitants en 1833 à... 300 000 en 1870 ! Aujourd’hui, avec près de 3 millions d’habitants, et 9 millions banlieue comprise, Chicago est la 3e ville des États-Unis sur le plan démographique.
L’incendie géant de 1871 a donné le coup d’envoi à la modernisation de la ville en imposant d’autres normes et matériaux de construction. En architecture, l’« école de Chicago » lance alors une petite révolution, utilisant des matériaux modernes et durables tels que les poutrelles d’acier, le ciment et le fer forgé, et surtout inventant des structures qui évitent la nécessité de façades porteuses. La ville héberge alors une véritable tour de Babel.
Le XXe siècle
Après la Première Guerre mondiale, la célèbre prohibition, en vigueur de 1919 à 1933 et interdisant la vente de toute boisson contenant plus de 0,5° d'alcool, entraîne l'apparition d'une véritable industrie de distillation illégale et le développement des speakeasies (débits de boissons clandestins), dénommés ainsi d'après l'habitude qu'avaient les patrons des tripots de demander à leurs clients de parler doucement, afin de ne pas attirer l'attention de la police. L'argent coule à flots et, en grande partie, dans les poches des policiers et des politiciens véreux. On voit le chef de la police poser en photo avec Al Capone !
Au cours de l'une des années les plus sanglantes, il n'y eut, sur 1 059 crimes répertoriés, que 25 cas élucidés ! Assassinats et corruption devaient entacher pour longtemps la réputation de Chicago.
Guerre du Vietnam
En pleine guerre du Vietnam, en 1968, d'importantes manifestations d'étudiants et de pacifistes lors de la Convention nationale démocrate sont violemment réprimées, transformant la ville en camp retranché sillonné par les blindés de la garde nationale. Avec ses 600 arrestations, 1 000 blessés et 1 mort, l'événement marqua toute la génération du Flower Power.
Chicago aujourd'hui
Actuellement, Chicago est le 2e centre industriel du pays – Boeing, par exemple, y a son siège – et l'une des plus importantes places financières mondiales – c'est ici que l'on fixe le prix du blé et du soja. Le dynamisme de la ville a donné naissance à une pensée économique ultra conservatrice, dite « école de Chicago » (théories de Milton Friedman basées sur le libéralisme économique total). Les Chicago Boys furent, entre autres, conseillers de Pinochet au Chili, où ces théories ont d'ailleurs complètement fait faillite.
Mais Chicago, c'est aussi la ville qui a montré son ouverture d'esprit en plaçant pour la 1re fois, en 1979, une femme (Jane Byrne) à la tête d'une grande ville, puis en élisant, en 1983, un maire noir (Harold Washington).
Chicago a aussi élu la 1re femme noire au Sénat lors des élections, en 1992. Quant au sénateur de l'Illinois Barack Obama, il est entré dans l'histoire en devenant le 1er président noir des États-Unis.
Et en 2019, la ville a élu maire une femme noire homosexuelle, Lorie Lightfoot.
Les abattoirs de Chicago
Chicago doit sa fortune et sa réputation à ses énormes abattoirs (Union Stock Yards), installés à l'ouest de la ville en 1865. À l’époque, ces abattoirs (les plus grands du monde, bien sûr) traitaient jusqu’à 19 millions de têtes de bétail par an, et faisaient vivre d’innombrables usines de traitement de la viande, où travaillaient plus de 30 000 ouvriers.
Ils fermèrent définitivement leurs portes en 1971. En l’honneur du sympathique ruminant qui a largement contribué à l’enrichissement de Chicago, on a choisi le bœuf comme symbole de la ville. Consécration, l’équipe de basket l’a pris comme emblème. Les Chicago Bulls, ça vous dit quelque chose ?
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