Où danser le tango à Buenos Aires ?

Où danser le tango à Buenos Aires ?
2012 Scott Griessel/Creatista/Fotolia

Capitale mondiale du tango, Buenos Aires vibre toujours au rythme de cette danse née dans les bas-fonds porteños. Voici notre petit guide pour vivre pleinement la passion du tango à la mode argentine…

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De la « danse diabolique » au tango business

Aujourd’hui déclaré patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, le tango argentin est né dans les quartiers populaires de Buenos Aires à la fin du 19e s, alors que la capitale argentine accueillait les immigrants en masse. D’abord dansé dans les bordels, il était mal vu de la classe ouvrière.

Il fallut attendre qu’il traverse l’Atlantique juste avant la Première Guerre mondiale pour que, une fois codifié, il devienne « dansable par tout le monde » en Europe, puis par effet de mode en Argentine (où il restera toutefois dans sa forme originale). Cette métamorphose du tango argentin donnera sur le vieux continent le tango de salon ou tango anglais, encore prisé aujourd’hui dans les bals de nos arrière-grands-mères et dans les concours.

Cependant, le tango argentin était toujours qualifié de « danse diabolique », tant et si bien que les pays protestants l’interdirent. En France, pendant la guerre 1914-1918, il était dansé dans les bals clandestins. Dans une tribune parue dans Le Figaro en date du 10 janvier 1914, l’évêque de Dijon s’élevait contre cette danse « au nom de la dignité humaine, de la morale et de la religion ».

Puis, le tango retourna en Argentine, où il connut un franc succès auprès des classes populaires, puis des bourgeois, notamment avec l’introduction de nouveaux instruments comme le piano ou le bandonéon. C’est l’époque des grands noms du tango : des compositeurs comme Francisco Canaro, des instrumentistes : Aníbal Troilo, Osvaldo Pugliese et des interprètes comme Carlos Gardel.

Interdit par l’Église en 1929, puis pendant la dictature de 1955 à 1976, le tango argentin tombera dans l’oubli avant de connaître un regain d’intérêt, dopé notamment par l’illustre Astor Piazzolla. Depuis le début des années 1990, il est en plein essor, et Buenos Aires en a fait un véritable business.

Tango à Buenos Aires

Dans la cité portègne, c’est tango à gogo. Certains, ou plus exactement certaines (en tango la parité est rarement respectée), y consacrent toutes leurs vacances…

Sachez qu’une tanguera qui se respecte ne se pointe jamais en milonga (salle de bal pour tango) avant 0 h 30-1 h du matin, surtout le week-end. Selon les jours de la semaine, les horaires sont variables. De 22 h 30 à 2-3 h pour les milonga de semaine, de 23 h à 6 h pour les milongas du week-end. La mi-temps de chaque milonga est généralement célébrée par une l’exhibition d’un couple de « maestros ».

Les prix d’entrée des milongas varient entre 30 et 80 pesos/personne (3-8 €) en fonction de la réputation de celles-ci. Certaines sont gratuites. En général, quand on prend un cours collectif juste avant, le prix du cours comprend l’entrée à la milonga.

Les milongas qui sentent la naphtaline

Des milongas pour les « intégristes » du tango, ceux de la vieille école, des adeptes de la mirada et du cabeceo, de la brillantine pour les hommes et des strass pour les dames. Classe d’âge à partir de 50 (pas de limite supérieure), le niveau de danse peut être élevé.

- Malena Sunderland Club : Lugones 3161 – Villa Urquiza. Tous les samedis à partir de 23 h. Une des milongas les plus appréciées pour son style. C’est pourtant dans un gymnase...

- Club Gricel «  la Tradicional de los Viernes » : La Rioja 1180. Tous les vendredis à partir de 22 h 30. Les meilleurs sont passés par là. Une institution à Buenos Aires.

- A Puro Tango : Scalabrini Ortiz 1331 (dans le Salón Canning). Le mercredi dès 16 h, sinon le samedi à 23 h et aussi le dimanche pour la despedida à partir de 18 h. Célibataires ou couples, c’est la milonga des anciens.

Les milongas pour touristes

Des milongas pour les aficionados du tango quel que soit leur niveau. Les couples dansent généralement entre eux. Quelques célibataires argentins « sur le sentier de la guerre » pour inviter les filles seules, beaucoup de taxi-boys aussi (des hommes payés pour faire danser les femmes seules). Niveau de tango généralement moyen (sauf pour El Beso). Côté positif : l’ambiance et le parquet (sauf pour la Viruta). Plutôt à partir de 40-50 ans.

- Les matinées Unitango : Suipacha 384 (dans la Confitería Ideal). La matinée du mercredi (à partir de 15 h) est la plus réputée. Cela dit, à la Confitería Ideal, on peut danser tous les après-midis (idéal pour les couche-tôt).

- Parakultural : Scalabrini Ortiz 1331 (dans le Salón Canning). Le lundi, mardi et vendredi à partir de 23 h. Très belle salle et orchestre en live. Une démo sur les coups de 2 h du mat pour marquer la mi-temps.

- La Viruta : Armenia 1366 (dans le Centro Armenio). Une vraie usine à danser le tango (mais pas que) ; très appréciée des touristes pour ses cours mais également pour ses afters, puisque c’est une des milongas qui se terminent au petit matin. Milongas assurées du mercredi au dimanche compris.

- El Beso : Riobamba 416. C’est la milonga préférée des célibataires. Un peu moins de touristes que les autres car le niveau de tango est élevé. La Milonga de las Morochas, qui se tient le samedi, est très appréciée des Argentins. Sinon on danse ici le mardi, le mercredi, le jeudi et aussi le dimanche. Mirada et cabeceo sont d’usage.

Les milongas jeunes et festives

Des milongas pour ceux qui se fichent des protocoles, du mythe et du folklore. L’essentiel ici est de prendre du plaisir entre amis. On y danse même entre filles et parfois on inverse les rôles. Le niveau de tango est généralement supérieur aux milongas dites « touristiques » (sauf pour la Independencia). Ici, on a 25 ou 30 ans mais on danse le tango depuis une vingtaine d’années, alors…

- La Bicicleta : Gorriti 5417. Tous les lundis, c’est la práctica préférée des jeunes. Le décor est superbe, le vin et la cuisine maison excellents. Pas de parquet ici, mais une grosse envie de danser. Niveau de tango très bon.

- Sin Gomina Milonga  : Chile 1351. Une petite milonga décontractée, pas prise de choux pour un sou avec de bons groupes en live chaque vendredi dès 21 h 30. À vrai dire, notre préférée.

- Viva La Pepa : Cordoba 5064 (dans la villa Malcolm).Une milonga pleine de vie qui sert un tango généralement jeune et de très bon niveau.

- La Independencia : Independencia 572. Tous les samedis. C’est l’exemple même de la milonga de quartier. On y vient entre amis passer un bon moment. La piste est en contreplaqué.

À cette liste on pourrait rajouter La Glorieta à Belgrano, dans le parc situé entre Sucre et Echeverría. Dans un kiosque qui domine un parc où l’on vient danser hiver comme été tous les jours sauf mardi et jeudi à partir de 19 h 30.

Aussi la célèbre Milonga de los Zucca (Humberto Primo 1462). Une milonga dans un très beau salon espagnol tout en longueur, avec tentures cramoisies, miroirs, dorures et parquet ciré. Tous les jeudis à partir de 22 h 30, sans oublier la très touristique La Catedral avec ses petits airs de ruin-pub berlinois (Sarmiento 4006 – Tél. : 15-532-51-630) qui ouvre ses portes toutes les nuits sauf le dimanche.

Petit lexique du tango

Milonga

La milonga définit à la fois le bal et le lieu où l’on danse le tango argentin. Plusieurs milongas peuvent avoir lieu à la même adresse, tout dépend du jour de la semaine. C’est aussi une forme plus rapide et enjouée du tango proprement dit.

Mirada et cabeceo

C’est la technique qui permet à un homme d’inviter une femme à danser, d’un simple regard (la mirada) suivi d’un coup de tête à peine perceptible (le cabeceo). Un véritable jeu de séduction.

Práctica

C’est la pratique, l’entraînement. C’est là qu’on met en application ce que l’on a appris pendant les cours (clases). La práctica est généralement informelle, à la différence de la milonga qui obéit à des règle plus codifiées.

Despedida

Littéralement « l’adieu ». C’est une milonga qui marque la fin de quelque chose, soit d’une série de milongas sur un thème bien précis, soit d’un séminaire ou d’un stage de danse.

Tanda

La tanda est une suite de 3 ou 4 titres ayant la même tonalité musicale afin de permettre une continuité de la danse. Chaque tanda est interrompue par une cortina (littéralement le « rideau »), une courte pièce musicale généralement de style différent qui permet aux danseurs de changer de partenaire ou de bavarder un peu...

Écoutez Road Trip Argentine, le podcast du Routard :

Texte : Eric Milet

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