Teotihuacán, la cité mystérieuse

Teotihuacán, la cité mystérieuse
Claude Hervé-Bazin

À une cinquantaine de kilomètres au nord de Mexico, s'étend la première grande cité précolombienne des Amériques et l’une des plus impressionnantes de toutes : Teotihuacán – « le lieu où les dieux sont créés », ainsi que la baptisèrent plus tard les Aztèques. On ne sait toujours que peu de choses de ceux qui la bâtirent vers l’an 200, de leur culture et de leur chute au cours du VIIe siècle.

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Une cité bimillénaire

Dans l’air frais du petit matin, le Miccaotli (la Voie des Morts), la large et longue avenue rectiligne servant de colonne vertébrale à Teotihuacán, semble figée. Face à soi, dans un silence grandiose et troublant, les plus grandes pyramides du Mexique se dressent au-dessus du plateau semi-désertique : celle de la Lune tout au nord, celle du Soleil à mi-chemin et, tout au sud, la Citadelle.

Large de 50 m en moyenne, la chaussée s'étire ainsi sur près de 2 km. Pour répondre aux nécessités astrologiques des fondateurs de la cité, le cours de la rivière San Juan, qui traverse le site, fut dévié pour couper l'artère perpendiculairement.

Souvent attribuée à tort aux Aztèques, maîtres des hauts plateaux mexicains à l'arrivée des conquistadores, Teotihuacán est en réalité bien plus ancienne. Mais après plus d’un siècle de recherches, les archéologues peinent toujours à retracer son histoire.

Sans doute la cité a-t-elle commencé à se former vers 300 av. J.-C., à la suite de la sédentarisation de populations nomades dans la région. Son essor véritable, remontant probablement à l'aube de l'ère chrétienne, semble avoir été favorisé par le commerce de l'obsidienne – cette roche volcanique noire vitrifiée si recherchée en l’absence de métal –, pour confectionner des objets tranchants. À 50 km au nord de la cité, le Cerro de las Navajas abrite la mine d’obsidienne la plus riche du Mexique.

Pyramides du Soleil et de la Lune

Couvrant plus de 36 km2, Teotihuacán comptait déjà sans doute 50 000 à 100 000 habitants au IIe siècle de notre ère. Tous les regards convergeaient déjà vers le centre cérémoniel sacré que l’on découvre aujourd’hui.

La pyramide du Soleil, la plus haute (63 m), fut édifiée en premier. Les autres monuments de la ville sont tous orientés en fonction de sa position, dans une apparente harmonie cosmique.

Sa façade principale est placée dans l'axe que prend le soleil lorsqu'il monte vers son zénith : un signe de l'importance fondamentale d'un culte solaire. Du sommet, atteint par une série de 248 marches, le panorama est incomparable.

Découvert en 1971, un mystérieux passage souterrain conduit sous le centre même de la pyramide du Soleil, à une grotte en forme de trèfle à quatre feuilles. Une théorie est avancée : les anciens situaient peut-être, dans cette caverne sanctuaire, le lieu de naissance de leur monde et le passage vers l'au-delà.

La pyramide de la Lune, moins élevée que celle du Soleil (46 m), culmine néanmoins à la même hauteur en raison d’une dénivellation de la Voie des Morts. Construite plus tardivement (vers l'an 300), elle voit s'ouvrir à ses pieds une très vaste plaza encadrée de petites structures pyramidales.

À l'ouest, le Palais du Quetzalpapalotl, qui servait sans doute de résidence aux grands prêtres, le Palais des Jaguars et le Temple des Escargots à plumes conservent de beaux bas-reliefs et des vestiges de peintures murales, où figurent en vedettes de drôles de bestioles : quetzals-papillons et jaguars à plumes !

Plus grande que Rome

Idéalement située au confluent des routes commerciales, Teotihuacán connut une ère de grande prospérité jusque vers l'an 500. Comptait-elle alors 150 000, 200 000 habitants ? Certains parlent même d’un demi-million de personnes ! Une chose est sûre : elle étendait alors son pouvoir économique, politique et idéologique jusqu'au lointain pays maya, aux confins du Guatemala actuel.

Au sud du Miccaotli, le complexe de la Citadelle – ainsi nommé par erreur par les conquistadores –, abritait en réalité les bâtiments administratifs de ce puissant État. On y trouvait aussi un vaste forum et le splendide temple de Quetzalcóatl, dont plusieurs niveaux de construction ont été dégagés.

Serpents à plumes et conques couvrent la pierre, aux côtés d'étranges représentations aux gros yeux ronds – identifiées par certains à Tláloc, le dieu de la pluie, par d'autres au serpent de feu. Ici et là, quelques traces rappellent que la plupart des monuments teotihuacános étaient peints en rouge !

Offrandes et fosses communes, comportant les restes de 137 personnes probablement sacrifiées lors de la consécration du temple, ont été mises au jour. D’autres découvertes, dans d’autres édifices, ramènent à cette face sombre de la cité : des femmes enterrées vivantes dans les structures, des prisonniers décapités…

Une cité toujours mystérieuse

Les fouilles confirment l'existence d'une société très structurée, où commerçants et artisans occupaient une place à part. Ils vivaient dans leurs propres quartiers, en-dehors du centre cérémoniel : ainsi, Tetitla confectionnait le pulque (alcool d’agave) et Atetelco travaillait l'obsidienne.

Les murs des plus belles villas s’y ornaient de splendides peintures d’animaux, de guerriers et de dieux tout-puissants. À Tepantitlán, la plus belle, dite du « paradis de Tláloc » foisonne de personnages vert et jaune sur fond rouge sang.

Différents peuples semblent avoir occupé ces différents quartiers : Zapotèques, Mixtèques, Mayas… D’ici à conclure que Teotihuacán était à la tête d’un État multiethnique, il n’y avait qu’un pas, franchi par certains archéologues.

Au XVIe siècle, le chroniqueur franciscain Juan de Torquemada rapportait, lui, que les Totonaques s’affirmaient être les pères de la cité. On a aussi parlé des Nahuas, des Otomis. Les analyses ADN n’ont pas permis de trancher. Saurons-nous jamais vraiment ?

Sans écriture, la langue même des Teotihuacános nous reste inconnue. Personne ne sait même comment ils nommaient leur ville ! Pour une raison encore inexpliquée, celle-ci connut un déclin brutal vers l’an 650.

Bientôt, les quartiers résidentiels partirent en fumée, peut-être détruits par une révolte des classes inférieures ou les assauts d'un mystérieux envahisseur. Confiants en leur puissance ou en celle de leurs dieux, les Teotihuacános n'avaient jamais érigé de murailles !

Pour en savoir plus

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 Site officiel du ministère du Tourisme mexicain

Comment y aller depuis Mexico ?

Des bus fréquents (toutes les 20-30 mn) relient Mexico à Teotihuacán de 7 h à 18 h environ, au départ du Terminal Autobuses del Norte (desservi par le métro) ; des agressions violentes en bandes ont été signalées en 2012 mais, depuis, la police est assez présente. Le trajet dure environ 1 h.

Hébergement

Pour profiter pleinement de Teotihuacán, l'idéal est de séjourner la veille au soir dans l’agréable Villa Arqueológica, installée aux portes du site.

Page de l’Unesco consacrée au site de Teotihuacán (en français)

Texte : Claude Hervé-Bazin

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