100 % Sénégal : de la Petite Côte au pays bassari

100 % Sénégal : de la Petite Côte au pays bassari
Eric Milet

À seulement 5 heures et quelques d’avion de Paris, le Sénégal offre aux voyageurs un dépaysement total. Pays de musique et de poésie, il est aussi l’un des derniers pays sûrs d’une Afrique en proie à bien des malheurs.

Avec ses villes transpirantes, ses deltas et ses mangroves, ses savanes infinies et ses forêts impénétrables, il définit l’un des territoires les plus variés d’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, pas de gros décalage horaire, pas de problème de langue pour les francophones, le pays du poète-président Léopold Sedar Senghor s’enracine dans une tradition d’échange et d’accueil

C’est un Sénégal 100% africain qu’on vous propose de découvrir, loin des idées toutes faites et des usines à bronzer qui jalonnent le littoral.

Un Sénégal vivant et chaleureux qui, de la Petite Côte au Fouta Djalon en passant par le Siné Saloum, le parc animalier du Niokolo Koba et le pays bédik, réserve encore bien des surprises aux amateurs de grands espaces.

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Mbour, l’autre côté de la plage…

Mbour, l’autre côté de la plage…
Eric Milet

Pour les amateurs d’Afrique, la Petite Côte commence véritablement à Mbour, dans cette ville cosmopolite où se côtoient Mandingues, Peuls, Diolas et Sérères, les principales ethnies de la région.

Une ville grouillante d’activité, faite de relents de gazole et d’odeurs de poisson fumé, de maillots de foot à l’enseigne des magnas de l’électronique et de poussière de latérite. Une vraie ville africaine en somme, avec ses gares routières, ses gargotes à trois francs six sous et son port, véritable monument à la gloire de l’humain et de la débrouille.

Rien à voir avec la vie aseptisée qu’on mène à Saly. Ici, l’océan transforme les retours de pêche en criées, en marchés débordant de victuailles, en fumeries artisanales. Un melting-pot de saveurs de couleurs et d’odeurs, véritable Babel noire sur fond d’entrepôts salés par les embruns et de ruelles envahies par le sable.

Car c’est à Mbour et à Joal-Fadiouth, à quelques encablures plus au sud, que les eaux glaciales de l’Atlantique régurgitent chaque jour leur plus gros quota de poisson et de crustacés. Une manne providentielle (bien que copieusement surexploitée) qui part illico vers les étals des marchés d’Europe, tandis que le non-choix est fumé sur place.

C’est dans le brouillard quasi londonien des fumeries que se joue l’avenir des poissons pêchés le jour même. Cette technique ancestrale, qui échoit principalement aux femmes, associe braisage, fumage et salage.

Kaolack et les marabouts de l’arachide

Kaolack et les marabouts de l’arachide
Eric Milet

Port en pleine terre sur les rives du Saloum, Kaolack est depuis l’époque coloniale une plaque tournante du commerce de l’arachide et du sel. Située à la croisée des axes nord-sud (Saint-Louis-Gambie) et ouest-est (Dakar-frontière malienne), c’est la ville marchande par excellence, avec un marché haut en couleurs et une trame urbaine ponctuée de petites échoppes.

C’est peut-être à Kaolack que l’on comprend le mieux l’influence des confréries religieuses dans la vie de tous les jours. Dans le quartier de Médina Baye se dresse l’une des plus grandes mosquées du Sénégal. Chaque année, à l’occasion du Mawloud (la fête commémorant la naissance du Prophète), ce sont des centaines de milliers d’adeptes de la confrérie Niassène qui déboulent en ville.

Créé par Ibrahima Niass (alias Baye Niass), - un érudit local qui traitait d’égal à égal avec Nasser, Ben Bellah, Mohamed V ou Zhou Enlai -, la confrérie est aujourd’hui l’une des branches les plus représentatives de la Tidjaniyya (une secte pacifiste de l’islam sunnite). Elle englobe près de 60% des musulmans du Sénégal, lesquels représentent près de 96 % des Sénégalais.

Grâce à cet islam tolérant, qui a su composer avec les traditions animistes fortement ancrées dans les mœurs, le Sénégal peut se targuer de ne pas verser dans le fondamentalisme, contrairement à ses voisins.

Kaolack offre aujourd’hui au promeneur l’image d’une ville dynamique, avec ses longues filles de camions chargés de cacahuètes.

Le Siné-Saloum, de terre et de sel

Le Siné-Saloum, de terre et de sel
Eric Milet

Pays de terre et de sel, où l’eau s’immisce parmi les arbres, pays de Senghor… Le Siné-Saloum est le royaume de la pirogue et du pêcheur à l’épervier (technique du lancer du filet). Un territoire labyrinthique de petites îles couvertes de palétuviers, de cours d’eau qui lambinent et de langues de sable.

Ce pays de pêcheurs-paysans, dont le nom provient de la confluence de deux fleuves, le Siné et le Saloum, a engendré deux des plus importants royaumes du Sénégal. Découvert par l’infatigable navigateur portugais Cadamosto au XVe s, le Siné-Saloum a été épargné par l’histoire, en raison de son isolement jusqu’à la période coloniale.

Un pays quasi vierge donc. Désormais classé patrimoine mondial par l’Unesco, il offre au visiteur l’occasion de tutoyer l’Afrique dans ce qu’elle offre de plus édifiant : une parfaite adéquation entre l’homme et son environnement.

Pour ça, il faut le parcourir à la voile, en pirogue, en charrette tirée par des ânes ou tout simplement à pied. Partir à la rencontre de quelques pierres dressées datant de la préhistoire, d’une forêt de baobabs ou de salines, des sortes d’enfers où les pieds dans la saumure, les femmes triment sous un cagnard aveuglant.

Dans le Siné-Saloum, il faut oublier les chambres avec vue sur mer et les piscines à débordement. Il faut savoir privilégier l’espace, la relative frugalité d’un repas de poissons d’eau douce, les soirées autour d’un feu sous un ciel crépitant d’étoiles. Les nuits sans clim’ permettent d’écouter les bruits de la jungle…

Niokolo Koba, la vie sauvage

Niokolo Koba, la vie sauvage
Eric Milet

Situé dans la partie orientale du Sénégal, le Parc du Niokolo Koba, avec près d’un million d’hectares, est l’une des plus grandes réserves animalières d’Afrique de l’Ouest. Cependant, rien à voir avec les parcs ténors d’Afrique de l’Est ou d’Afrique Australe. Ici, le dernier éléphant a été aperçu il y a une vingtaine d’années !

Pour autant, le Niokolo mérite le détour à bien des égards. La jungle y règne encore en maître. C’est le refuge d’un tas de bestioles : singes de tout poil, antilopes rares (hippotragues, cobes de Buffon, éland de Derby), sans oublier une myriade d’oiseaux, tous plus colorés les uns que les autres.

Le Niokolo, c’est aussi un fleuve : la Gambie. Un cours d’eau nonchalant en période d’étiage (avril), mais qui gonfle comme une éponge mouillée pendant l’hivernage de juin à septembre (la saison des pluies multiplie son débit par 100 !). Un fleuve sur les rives duquel on trouve des campements plus ou moins rustiques. Autant de postes avancés pour aller observer, de nuit, hippopotames et crocos.

Bien sûr, là aussi, il faut laisser son confort à Tambacounda (la dernière localité digne de ce nom). Il faut endosser sa panoplie d’Indiana Jones et se préparer à une nuit « à la dure » pleine de cris d’animaux. Au petit matin, savoir se contenter d’une confiture de bouye (fruits du baobab) et d’un café lyophilisé...

Le Far-Est sénégalais

Le Far-Est sénégalais
Eric Milet

Entre Tambacounda et Kédougou, quelques kilomètres après le fleuve Gambie, la route traverse un étrange pays. De prime abord, rien ne semble le différencier de la savane de bois sec qui couvre cette partie du Sénégal. Pourtant, cette région, qui faisait partie du puissant empire du Wagadou au Xe s, est l’une des terres les plus aurifères du pays.

Alors, depuis que la crise économique mondiale a fait grimper les cours du métal jaune, les fils des paysans du coin ont chopé la fièvre. Tomboronkoto est devenu en quelques années le spot préféré des fêlés du métal jaune.

Du coup, les orpailleurs se sont mis à creuser tant et tant qu’aujourd’hui le village est une mine à ciel ouvert ! On gratte, on passe au crible, on tamise … Tout ça pour espérer se payer un smartphone ou une « jakarta » (les 2 roues importés d’Indonésie) et pouvoir enfin aller faire le kéké en ville.

On creuse pour des clopinettes en fait. Bien peu de ces orpailleurs improvisés sont récompensés de leurs efforts. Surtout quand il faut laisser un tiers de sa production au chef du village et un autre à l’imam.

Ce commerce, pas très équitable en définitive, a l’avantage de fabriquer des villes en pleine brousse, comme c’est le cas à Bantaco, à quelques kilomètres de là, où le village s’est gonflé de plus de 4 000 habitants en moins de 3 ans !

Là-bas, c’est le Klondike version africaine. Cette ville créée ex-nihilo possède maintenant ses propres rues bordées d’échoppes regorgeant de marchandises. Elle a vu affluer des commerçants de tout le pays !

Rando en pays bédik

Rando en pays bédik
Eric Milet

Nous sommes à la frontière de la Guinée, à l’extrémité de la nationale qui mène à Kédougou, en lisière du château d’eau d’Afrique de l’Ouest : le Fouta Djalon. Ici, le Sénégal se conjugue en forêts impénétrables, en chaos rocheux et en éboulis. Dans la brousse se cachent encore les esprits des ancêtres : il faut être respectueux, leur accorder grâce, ne pas sortir du chemin…

Dans ce paysage rêche, de souches et d’herbes folles grillées par le soleil, il existe un pays : celui des Bédik, une ethnie héritière des chasseurs-cueilleurs du néolithique. Leur société est encore fortement ancrée dans sa tradition animiste. Chaque retour des pluies est marqué par des rites hauts en couleurs, qui font appel à des masques sortis de la nuit des temps.

C’est dans ce « pays dogon miniature » que le randonneur respectueux de l’environnement trouvera sentier à la hauteur des ses Pataugas. Rien de tel qu’une rando sur plusieurs jours, à la rencontre de cette culture attachante, pas encore trop « touristisée ».

Outre la célèbre cascade de Dindéfelo et le village peul d’Afia, la plaque tournante de ce petit monde semble être l’auberge de Léontine Keïta, à Bandafassi. Léontine, une femme au cœur gros comme ça qui accueille les randonneurs et les ONG de passage. Elle vous trouve un guide en moins de deux.

La balade prend alors des accents de découverte initiatique, entre logement chez l’habitant, pique-niques au pied des baobabs sacrés et immersion dans la culture locale.

La magie du pays bassari

La magie du pays bassari
Eric Milet

Plus loin encore, nous voici aux confins du Sénégal. Dans ces endroits reculés de la brousse où les arbres, les fleurs et les oiseaux ne font qu’un, vivent les Bassari. Célèbres dans toute l’Afrique de l’Ouest pour la dimension théâtrale de leurs rites initiatiques, les Bassari forment une communauté d’à peine 20 000 âmes dont un tiers est cantonné en Guinée.

En pays bassari, c’est une véritable immersion dans « l’Afrique fantôme » chère à Michel Leiris qui attend le voyageur. Au fil des sentiers à peine tracés qui relient les villages entre eux, c’est l’occasion de comprendre la raison de rites aussi compliqués.

Ici, la nature n’est pas bien généreuse. On peut imaginer la nécessité impérieuse de s’accorder la clémence des esprits pour espérer y vivre en harmonie !

Les masques bassari sont de sortie dans les grandes occasions, notamment lors du nitj, la cérémonie qui marque le passage à l’âge adulte pour les jeunes garçons. Un spectacle exceptionnel, mystérieux et très photogénique.

Les Bassari l’ont bien compris. Ils en font aujourd’hui un véritable business, en invitant les agences de voyage à envoyer des touristes.

Fort heureusement, cela n’ôte rien à la magie du spectacle. Et si les masques et parures ne sont pas aussi riches et variés qu’en pays dogon, ils n’en demeurent pas moins très esthétiques. Ils méritent grandement qu’on se déplace pour assister à ces rites surgis du fond des âges.

Fiche pratique

Fiche pratique
Eric Milet

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Un site intéressant : www.au-senegal.com

Y aller / Se déplacer

En avion au départ de Paris avec Air France ou via Casablanca avec Royal Air Maroc. Egalement avec la compagnie Corsair

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Sur place, on se déplace avec les bus locaux, entre autre, avec :www.niokolotransports.com

Dans le parc de Niokolo Koba et en pays bédik et bassari, le mieux c’est de louer un 4x4 avec chauffeur à plusieurs.

Visa

Il faut un passeport valide 6 mois après la date retour ainsi qu’un visa pour se rendre au Sénégal. Depuis avril 2014, il peut-être délivré à l’arrivée. Toutefois, les personnes faisant partie d’un voyage organisé par une agence peuvent être exemptées de visa. Dans ce cas, c’est l’agence de voyage qui se charge de l’exemption de visa. Cette mesure est valable pour la saison 2014-2015. Bien être vigilant car ça change tout le temps.

Où manger ?

Certes, l’intérieur du pays n’est pas aussi riche que la côte. Épinglons cependant quelques bonnes adresses :

- à Mbour : Chez Nadette (dans une petite rue perpendiculaire à la rue principale, en face chez Speedy. Tél : 77-538-64-23.

- à Kaolack : Chez Maty (dans le centre-ville, angle Ibra Fall et Tidiane Cherif). Tél : 77-501-24-70.

à Niokolo Koba : Campement de Dar Salam (à l’entrée principale du parc). Tél : 77-608-85-19.

Où dormir ?

Les petites structures ne manquent pas dans le Sine-Saloum et dans l’Oriental (Niokolo, pays bédik et bassari). Notons ces adresses :

- à Simal : Campement de Simal (sur l’île du même nom). Tél : 77-638-25-99.

- dans les environs du Niokolo Koba : Campement Keur Annick à Bandian-Mako. Tél : 77-405-19-41.

- en pays bédik : Chez Léontine Keïta à Idare (Bandafassi). Tél : 77-554-99-15.

- en pays bassari : Chez Balingo à Ethiolo. Tél : 77-146-81-39

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Texte : Eric Milet

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