Dublin, la culture en capitale

Dublin, la culture en capitale
Jean-Philippe Damiani

Dublin a beaucoup changé ces vingt dernières années. Pour s’en apercevoir, il suffit de se promener sur les rives de la Liffey dans le quartier des docks, un ancien no man’s land où des immeubles flambant neufs ont surgi de terre. La capitale irlandaise a profité du boom économique des années 2000 pour se moderniser et s’ouvrir au monde.

Dublin n’a pas pour autant perdu son charme et encore moins la mémoire. Son centre, très bien restauré, n’a guère changé d’aspect depuis un siècle. Partout, de musées en pubs, au détour d’un square ou d’une ruelle, subsistent les traces d’une longue histoire et d’une culture bien vivante. Avant de s’aventurer dans la verte Irlande, une escale à Dublin s’impose.

Musique, théâtre, musées, peinture, littérature, architecture… Cette ville de taille humaine fait preuve d’une offre culturelle d’une étonnante vitalité et d’une grande richesse. Un peu à l’image de l’Irlande, finalement, une île petite par sa taille, mais immense par sa culture. Découvrez Dublin et ses habitants, vous n’en aimerez que plus l’Irlande !

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Balade dans le Dublin géorgien

Balade dans le Dublin géorgien
Jean-Philippe Damiani

Avec ses élégantes demeures géorgiennes des XVIIIe et XIXe siècles, Merrion Square, encadrant un romantique jardin à l’anglaise, est l’une des plus belles places de Dublin. Impeccablement restaurée, elle semble n’avoir pas bougé depuis cette époque. On s’attendrait presque à voir sortir les personnages des Gens de Dublin de John Huston de l’une des portes colorées des maisons de la place. L’ensemble du cœur historique fait preuve du même charme suranné, tout en étant bien vivant.

Prêt pour une remontée dans le temps ? À deux pas de là, sur Kildare Street, le National Museum of Archeology entraîne le visiteur aux sources de la culture celtique irlandaise, jusqu’à 7 000 av. J.-C. La collection regorge de trésors : objets préhistoriques en or, pirogue en bois vieille de 3 500 ans ou encore la célèbre broche de Tara que l’on contemple avec émotion.

Après un crochet par l’autre grand parc du quartier, St Stephen’s Green, il ne faut pas manquer l’autre joyau de la rive sud de la Liffey, Trinity College (photo). Les murs de cette célèbre université, fondée en 1592 par Elizabeth I, ont vu passer Jonathan Swift, Edmund Burke, Oscar Wilde, John Milington Synge, Bram Stoker et Samuel Beckett. On y vient pour admirer les jardins, la cour pavée, l’élégance classique des bâtiments et l’impressionnante Old Library, une sorte de cathédrale dédiée aux livres.

La bibliothèque de Trinity College recèle un trésor : le Livre de Kells, l’un des plus somptueux manuscrits enluminés du Moyen Âge, qui contient les quatre évangiles du Nouveau Testament. Ce remarquable vestige de l’art religieux médiéval, richement calligraphié et décoré, fut réalisé par des moines au IXe siècle. Une pièce rare, sans doute unique au monde.

Sur les traces des écrivains irlandais

Sur les traces des écrivains irlandais
Jean-Philippe Damiani

Dublin est un cas à part. Quelle autre ville au monde peut s’enorgueillir d’avoir donné naissance à quatre prix Nobel de littérature, George Bernard Shaw, William Butler Yeats, Samuel Beckett et Seamus Heaney ? Dublin est une capitale littéraire. Une raison à cela : sous la domination britannique, les mots ont longtemps été des armes pour défendre une identité menacée. Ironiquement, les Irlandais utilisèrent la langue de l’occupant plutôt que le gaélique. L’audience des écrivains locaux s’étendit ainsi bien au-delà des limites de la verte Irlande.

Une visite au Dublin Writers Museum donne un aperçu de l’importance des écrivains irlandais dans la littérature mondiale. Outre un panorama historique des lettres irlandaises, le musée donne à voir des objets précieux, qui raviront les littéraires : un manuscrit original de Swift, un exemplaire d’Ulysse dédicacé par James Joyce ainsi que le piano de ce dernier, la première édition du Dracula de Bram Stoker…

Les traces de ce formidable patrimoine littéraire ne manquent pas. Le jardin de Merrion Square abrite une statue d’Oscar Wilde (photo), érigée en 1997 par le sculpteur Danny Osborne qui a remarquablement rendu l’ironie désespérée de l’écrivain. La maison natale de G.B. Shaw se visite au 33, Synge Street. Les pubs aussi sont des lieux de mémoire littéraire : en été, le Dublin Literary Pub Crawl propose tous les soirs une visite des pubs historiques en compagnie de comédiens qui lisent des œuvres des grands auteurs dublinois. Départ du pub The Duke, sur Duke Street.

Enfin, si vous êtes bon en anglais, profitez d’une visite à Dublin pour assister à une pièce de théâtre. Pourquoi ne pas aller voir par exemple une pièce d’Oscar Wilde dans les salles de spectacles historiques de l’Abbey Theater, du Gaiety Theater ou du Gate Theater ? La vie théâtrale dublinoise est plutôt dynamique et de bonne qualité. Si vous êtes un adepte des comédies musicales, allez donc à l’Olympia. Détail amusant : on peut siroter sa pinte de bière en assistant au spectacle !

James Joyce, monument irlandais

James Joyce, monument irlandais
‘Image courtesy of Dublin Tourism’

L’Ulysse de James Joyce est intimement lié à Dublin, même si l’écrivain a définitivement quitté l’Irlande à l’âge de 20 ans. Ce roman, un monument de la littérature mondiale, se déroule sur une journée, le 16 juin 1904, au cours de laquelle deux Irlandais, Leopold Bloom et Stephen Dedalus, déambulent dans Dublin. Les descriptions de Joyce sont si précises qu’il est possible, aujourd’hui encore, de retracer le parcours des héros. Des plaques de bronze signalent d’ailleurs leurs haltes dans la ville. Certains lieux, comme la pharmacie Sweeney’s, sont devenus des endroits cultes.

Chaque année, Dublin organise un festival qui culmine le 16 juin : le Bloom’s Day. Une semaine de manifestations littéraires, de spectacles et de lectures autour de l’œuvre de Joyce. Et c’est un vrai rendez-vous populaire, qui fait salle comble ! Les Dublinois communient autour d’Ulysse. Ce roman censuré à sa sortie, qui n’est pas à proprement parler une « œuvre facile », est devenu une sorte de trésor national.

Si vous n’avez pas la chance d’assister à cet étonnant Bloom’s Day, vous pouvez néanmoins visiter la tour Martello de Sandy Cove (photo), située sur la côte face à la mer, où Joyce s’installa en 1904 avec d’autres écrivains. Bien qu’il n’y soit resté qu’une semaine – pour cause de mésentente avec un autre écrivain –, Joyce y situe la première scène d’Ulysse. Aujourd’hui transformée en James Joyce Museum, la tour entretient le souvenir du grand écrivain. On peut y voir la première édition du roman culte publiée par la librairie Shakespeare & Company à Paris en 1922, ainsi qu’une édition de luxe illustrée par Matisse.

Du Caravage à Francis Bacon

Du Caravage à Francis Bacon
Jean-Philippe Damiani

Dublin ne manque ni d’artistes hors du commun, ni de lieux cultes. Parmi ceux-ci, le légendaire atelier de Francis Bacon (photo), que l’on peut voir aujourd’hui à la Hugh Lane Gallery sur Parnell Square. Une pièce de musée unique en son genre. Il s’agit de l’authentique atelier de Bacon, qui a été transféré depuis Londres et reconstitué tel quel à Dublin en 2001. Une gageure quand on découvre l’incroyable capharnaüm de l’atelier. Un chaos de journaux, livres, tubes de peintures, photos, ordures dont l’artiste avait besoin pour créer les visages défigurés et l’univers tourmenté de ses tableaux. Dans la salle d’à côté, une exposition audiovisuelle interactive présente les techniques et les sources d’inspiration du peintre. Une formidable incursion dans la création de l’un des plus grands peintres du XXe siècle.

Autre lieu à ne pas manquer : la National Gallery, dont l’importante collection (11 000 œuvres) couvre la peinture irlandaise du XVIIe à nos jours. Mention spéciale pour les très beaux tableaux de Jack Yeats. Les baroques et maniéristes italiens, les peintures flamande, espagnole et française sont particulièrement bien représentées. L’Arrestation du Christ au jardin des oliviers, l’un des plus beaux tableaux du Caravage, est l’une des pièces maîtresses du musée. La toile avait été retrouvée dans un couvent de Dublin.

Toujours dans les arts visuels, les amateurs de cinéma et de photographie se rendront du côté de Temple Bar. Cet ancien quartier popu des bords de la Liffey est devenu l’épicentre du Dublin branché depuis les années 90. Entre les pubs et les bars, des lieux culturels avant-gardistes et des centres d’exposition ont fleuri. Le National Photographic Archive et la Gallery of Photography proposent ainsi toute l’année des expos de photographes irlandais ou internationaux. L’Irish Film Institute offre, quant à lui, une programmation de films variée et originale, qui permet de découvrir des films d’auteur internationaux.

De la musique avant toute chose

De la musique avant toute chose
Jean-Philippe Damiani

La musique. On ne viendrait en Irlande que pour elle. Traditionnelle ou moderne, rock ou mélancolique, engagée ou légère, la musique joue un rôle majeur dans la vie quotidienne des Irlandais. Dans les rues de Temple Bar, au cœur de l’animation enjouée des pubs, dans les salles de concert alternatives, elle est omniprésente à Dublin. C’est à se demander s’il n’y a pas un musicien qui sommeille en chaque Irlandais !

Pour goûter à la musique traditionnelle, rien ne vaut une virée dans les pubs où ont lieu des sessions, comme dans le quartier de Temple Bar ou dans les pubs historiques Donoghue’s (photo) ou Brazen Head. En sirotant sa pinte, on plonge volontiers dans l’univers musical irlandais profondément humain, oscillant entre hymnes à la vie ou chants teintés de mélancolie. Le folk, le rock, le blues sont aussi joués dans les pubs. Allez de bar en bar et de bière en bière pour trouver le bonheur de vos oreilles…

La scène rock et alternative dublinoise est particulièrement active. De nombreux concerts sont programmés chaque jour : pour se renseigner, consulter les sites Dublin Events ou Eventful. Les deux meilleures salles de la ville se trouvent sur Wexford Street, Whelan’s et The Village, où les concerts se déroulent dans une chaude ambiance. L’Olympia, fondée en 1879, accueille pour sa part des vedettes de rock et de pop.

Enfin, les vrais fans de rock suivront le Rock n’Stroll Visitor Trail. Ce parcours, concocté par l’office de tourisme de Dublin, conduit dans des endroits qui ont marqué la carrière de grands artistes qui ont vécu (ou vivent encore) dans la capitale irlandaise : U2, the Corrs, Westlife, Sinead O'Connor, Bob Geldof, Chris de Burgh, The Chieftans ou The Dubliners.

Architecture moderne dans les Docklands

Architecture moderne dans les Docklands
Jean-Philippe Damiani

Pour compléter votre balade culturelle dans Dublin, enfourchez un Dublin Bike – le Vélib’ local – et descendez le long de la Liffey jusque dans le quartier des nouveaux Docklands, surgi de terre ces dix dernières années. Un bel aperçu du Dublin moderne, s’élançant – jamais très haut heureusement – vers le ciel à l’image du « tigre celtique » des années 2000.

Deux monuments, signés par deux grands architectes contemporains, viennent d’être inaugurés en 2010 : le pont Samuel-Beckett (photo) et le Grand Canal Theater. Conçu comme une gigantesque harpe blanche qui enjambe la Liffey, le pont est l’œuvre de l’architecte espagnol Santiago Calatrava, à qui l’on doit notamment la Cité des Arts et des Sciences à Valence, la tour Turning Torso à Malmö ou la gare TGV de Liège-Guillemins. Quant à la salle de spectacles, qui contient plus de 2 000 places, elle est signée Daniel Libeskind, architecte du magnifique musée juif de Berlin.

Autre symbole du nouveau Dublin, le Convention Center, conçu par l’architecte irlandais Kevin Roche, ouvrira ses portes en septembre. Il est remarquable pour son gigantesque auditorium et son atrium de verre dominant la Liffey. Inspirés par sa forme circulaire, les Dublinois l’ont déjà surnommé avec humour « la pinte de Guinness ».

Non loin de ce bâtiment, écrasé par l’ombre des constructions modernes, un groupe de figures de bronze émaciées et fantomatiques, telles des Giacometti, semblent errer sur les quais de la Liffey. Sculptées par Rowan Gillespie, ces statues forment une œuvre intitulée « Famine ». Érigées en 1997, en plein boom économique, elles commémorent l’émigration massive des Irlandais lors de la Grande Famine. Ouf ! L’Irlande moderne n’a pas perdu la mémoire, fût-elle douloureuse.

Fiche pratique

Fiche pratique
Jean-Philippe Damiani

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Office de tourisme irlandais

Office de tourisme de Dublin

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Dublin gratuit

De nombreux musées sont gratuits à Dublin, dont la National Gallery, la National Photographic Archive, le National Museum of Archeology ou The Hugh Lane. Bravo !

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L’office de tourisme de Dublin propose un Dublin Pass (35 € par jour) donnant accès à plus de 30 attractions différentes.

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Texte : Jean-Philippe Damiani

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