Banlieues lointaines, jeunesse d’ailleurs

Des fourmis dans le sac à dos

Des fourmis dans le sac à dos
Réjane Ereau

Diego, jeune Uruguayen goguenard, ne dira pas le contraire. Étudiant en architecture, il est obligé de travailler comme vendeur pour payer ses études. « Du coup, j’en ai pour neuf ans ! », explique-t-il. Pas question pour autant de rester cloîtré. L’été venu, il embarque son matos à maté (infusion très tonifiante), ses chaussettes arc-en-ciel (top style), ses carnets de poèmes, et endure quatre jours de bus pour visiter le Machu Picchu, rencontrer des Brésiliennes, discuter politique européenne (« Berlusconi hijo de puta »), puis repartir dans l’autre sens. « Pourtant, mon pays ne va pas bien. Il a beau former des gens intelligents et cultivés – comme moi ! –, il peine à sortir du marasme dans lequel l’ont plongé des années de junte militaire. Pas d’industrie, pas d’exportations, un coût de la vie élevé, un gouvernement mollasson… Personne n’a envie d’entreprendre en Uruguay, on préfère s’expatrier. »

Une perspective que les jeunes Cubains, eux, ne peuvent même pas envisager. « Elle est jolie mon île, mais ce n’est pas le monde » soupire Turbo. « J’aime Cuba, c’est ma terre, mais tout y est interdit. Le paradis n’existe pas, mais j’ai des droits ! » Quand ils sont sûrs de ne pas être écoutés par les espions de Castro, certains affirment : « C’est le pire des pays ! Ailleurs, des gens crèvent dans la rue ? Ce n’est pas mon problème ! » Pour eux, peu importe que Cuba jouisse d’un niveau d’éducation et de santé digne des nations les plus développées. Ils ne songent qu’à se barrer, avoir du cash, consommer. Turbo, lui, rêve d’Ibiza « pour faire la fête » ou de Venise « avant que ça coule ! »… Mais son vrai projet, c’est de dégoter une épouse étrangère, la suivre dans son pays et y gagner suffisamment d’argent pour aider sa famille et revenir une fois par an. « Un jour, dans pas si longtemps. » En attendant, il prend la vie du bon côté. Le soir, pomponné comme une cocotte, il retrouve ses potes dans le bar du quartier. Là, ça papote, ça rigole, ça se frotte. Leur musique préférée ? La salsa, la salsa, la salsa, et le rap d’Orisha ou Cubanito 20.02, aux forts accents ragga. L’occasion de boire un verre, de s’amuser, voire de rencontrer un(e) touriste avec qui partager une bière, une danse, une nuit ou davantage. Si la chance est avec eux. Et si la police, qui peut surgir à tout moment pour alpaguer « ceux qui traînent », ferme les yeux.

Texte : Réjane Ereau

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