J’aurai de l’or. En Amazonie, dans les ténèbres de l’Eldorado
Auteur : Olivier Weber
Editeur : Robert Laffont
285 Pages
Grand reporter au Point et écrivain voyageur au long cours, Olivier Weber nous entraîne dans les bas-fonds de la ruée vers l’or sur les rives des fleuves faisant la frontière entre le Surinam, Brésil et Guyane française. Après un an d’enquête, il a passé quatre mois sur le terrain pour suivre la piste des chercheurs d’or en Amazonie et tourner un documentaire La fièvre de l’or (sorti en salles en octobre dernier).
Son livre, ponctué de virées en pirogues et de rencontres avec des hommes et des femmes marqués par la malédiction de l’or, mêle à la fois le récit de voyage aux accents conradiens et le grand reportage sur l’envers du décor. Le monde des orpailleurs est décrit comme un univers de brutes épaisses, sans foi ni loi, imprégnées par l’odeur de la sueur, la couleur du sang et l’obsession des pépites d’or. Un Far West sans nom, avec ses bordels, ses villages de clandestins, ses églises évangéliques et ses trafiquants sans états d’âme.
Son enquête repose pour une grande part sur les témoignages à vif de tout ceux qui ont échoué dans cet enfer « vert et or ». À la manière de Joseph Conrad dans son récit mythique Au cœur des ténèbres, la remontée inquiétante du fleuve Congo au cœur de l’Afrique noire, Oliver Weber remonte les fleuves frontières de ce « no man’s land » amazonien. Il y croise des repris de justice, des aventuriers alcooliques, des prostituées, des anciens légionnaires, des dealers ou des camés rastas…
Un personnage insaisissable et incontournable revient sans cesse dans son récit, à l’image du personnage de Kurtz dans le roman de Joseph Conrad, c’est celui de Peter Boona, un trafiquant suprême, maître du jeu… Bref, son immersion dans la forêt amazonienne est une remontée au cœur des nouvelles ténèbres, avec en toile de fond le désastre écologique et humain de la déforestation et de la pollution au mercure.
Texte : Julien Nessi
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