Petite Planète

Auteur : Martin Parr

Editeur : Éditions Hoëbeke

96 Pages

Petite Planète

Le photographe britannique Martin Parr, membre de l’agence Magnum, n’est pas à proprement parler un tendre. Dans le droit fil de l’école documentaire anglaise, il nous livre, à travers ses photos ultra réalistes, un miroir corrosif et critique de ses contemporains.
Dans Petite Planète, Parr a eu une idée de génie : photographier le hors-champ des endroits les plus touristiques de la planète, de l’Acropole à Venise, en passant par la tour Eiffel ou la plage de Copacabana. Les photos de Parr ne nous montrent pas les monuments mais les touristes en train de prendre des photos. Bref : ceux qu’on ne voit jamais sur la carte postale. Et le bouleversement de perspectives se révèle à la fois drôlissime, cruel et des plus jubilatoires.
Réédition d’un ouvrage publié en 1995, Petite Planète présente un concentré visuel des mœurs de l’homo touristicus : l'insolite et le kitsch s’y retrouvent en bonne place, mâtinés d’un sentiment d’ennui diffus et d'artificialité. Faux gondoliers à Las Vegas, Venise envahi par les groupes de touristes japonais, chemises hawaïennes au coeur de Florence, pluie diluvienne à Hawaii, photo de Bardot au Temple d'Or, blondinet assis sur le sable d'une plage côtoyant une vache sacrée à Goa... Rien n'échappe au regard acéré de Parr, qui scrute le hiatus inévitable entre le cliché convenu de la carte postale et la réalité des lieux.
Au-delà de l’humour, fin et plein de sous-entendus, de ses clichés, Martin Parr règle ses comptes au tourisme de masse et à l’uniformisation du monde. Ici, le voyage ne consiste plus à aller vers l’étranger. C’est un objet de consommation dans lequel on « fait » des destinations où l’altérité se réduit à la portion congrue.
Bien sûr, on ne ressort pas indemne du périple à travers la Petite Planète de Martin Parr. Tout d’abord, parce qu’on ne regardera plus les endroits hyper touristiques de la même manière. Ensuite, car le touriste, ce n’est pas forcément l’autre, mais nous-mêmes. Voilà qui nous incite à réfléchir un peu sur nos pratiques…
Entre deux sourires, le lecteur pourra méditer cette piquante remarque de l’écrivain portugais Fernando Pessoa, maître incontesté en ruminations métaphysiques : « Qu’est-ce qu’un voyage et à quoi sert-il ? Un coucher de soleil est un coucher de soleil ; pourquoi faut-il aller le chercher à Constantinople ? » Bonne question.

Texte : Jean-Philippe Damiani

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