Budapest
Auteur : Chico Buarque
Editeur : Gallimard, collection « Du monde entier »
154 Pages
Très grande figure de la chanson brésilienne, Chico Buarque s’est lancé dans la littérature durant les années 1990. Budapest est son troisième roman. José Costa, son personnage principal, est un anti-héros auquel on s’attache malgré les nombreux défauts qui minent son caractère. Ancien journaliste, ce carioca vit confortablement de ses travaux d’écriture. Dans l’ombre, il produit des articles, des discours, des autobiographies… Bref, tout ce que l’on veut. Mais, au fond, qu’attend-il de la vie ? Pour l’heure, son existence est plutôt ennuyeuse. Son entourage est formé d’une épouse vedette de la télévision, donc distante, d’un fils obèse auquel il a du mal à s’intéresser, d’un ami et associé qui ne pense qu’au business… Bof ! Et ce n’est pas en pratiquant son métier que José risque de retrouver l’enthousiasme. Nègre, il doit œuvrer secrètement : hormis son associé, personne ne sait qu’il écrit divinement bien. Une escale imprévue va secouer cet homme aussi désolé que désolant. Débarqué à l’aéroport de Budapest à la suite d’un incident technique, il découvre tout à la fois la saveur des petits pains au potiron et les mystères d’une langue exotique : le hongrois. S’ensuit une sorte de rêve éveillé, au cours duquel José effectue plusieurs allers-retours Rio-Budapest. Dans la capitale hongroise, il rencontre Kriska, apprend à parler et… à écrire dans l’idiome local. À Rio, il se détache peu à peu de son environnement étouffant. Chico Buarque raconte à la première personne cette histoire qui, s’il n’y mettait pas une belle dose d’humour, pourrait être déprimante. Car José Costa, devenu Zsoze Kòsta à Buda et Pest, passe de sales moments, tant il est vrai que la vie est dure pour les nègres. À l’époque où les avions peuvent vous mener à l’autre bout du monde en peu de temps, la communication entre les humains est-elle meilleure ? Chico Buarque, artiste itinérant, ancien exilé politique, homme friand de culture, s’est lui-même posé cette question. À sa place, son personnage tente de trouver une réponse satisfaisante. À vous de lire pour savoir si la vie du nègre José s’est éclaircie sur les rives du Danube.
Lire également dans notre rubrique " Musique du monde ", la critique de l'album Carioca de Chico Buarque.
Texte : Michel Doussot
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