Les années Condor

Auteur : John Dinges

Editeur : La Découverte, collection Les Cahiers Libres

300 Pages

Les années Condor

Voilà un livre dont la lecture donne des sueurs froides. Il raconte comment les dictateurs de la plupart des pays d’Amérique du Sud se sont allié pour former une internationale de la répression au cours des années 1970. Journaliste au Washington Post, John Dinges livre ici les résultats d’une enquête scrupuleuse menée en tant que spécialiste de cette région du monde durant plusieurs décennies. L’organisation Condor est créée fin 1975 à Santiago – le condor, aigle des Andes, est le symbole du Chili. Deux ans auparavant, le 11 septembre 1973, le général Pinochet a renversé par la force le social-démocrate Salvador Allende, président élu du Chili. La chasse aux « communistes » est ouverte : on arrête, on emprisonne, on torture, on viole, on tue tous ceux et celles qui pourraient s’opposer au nouveau régime. L’exécutante est une police secrète, la DINA, qui très vite collabore avec ses homologues des pays voisins. Condor va pérenniser et organiser cette coopération. Ses membres fondateurs sont le Chili, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie. Plus tard, le Brésil, l’Équateur et le Pérou rejoindront cette structure secrète. L’objectif affiché est d’abattre les mouvements révolutionnaires sud-américains réunis sous le sigle JCR. De ces « terroristes », John Dinges dit qu’ils étaient très loin de représenter un danger mortel pour les régimes des pays du Condor. En fait, il s’agit surtout d’éliminer ou de faire taire tout opposant, fut-il de droite. Ambitieuse, l’organisation commandite des assassinats hors de sa zone géographique – soutenue notamment par des fascistes italiens et des anti-castristes cubains. Ce qui est sans doute une erreur stratégique car l’assassinat d’Orlando Letelier, ancien ministre de la Défense d’Allende, commis en 1976 en plein Washington réveille les consciences. Aux États-Unis, il devient de plus en plus difficile de fermer les yeux sur les horreurs commises par ces régimes sud-américains que le gouvernement fédéral soutient. La mise en cause de son pays par John Dinger est très équilibrée. Très sévère, il démontre que pour défendre ses intérêts, une démocratie telle que les États-Unis est capable de fouler du pied les généreux principes qu’elle proclame inviolables – le parallèle que fait le journaliste entre la « guerre au terrorisme » des années 1970 et celle des années 2000 est glaçant. Cependant il explique que plusieurs courants traversent son pays. Y compris dans les services secrets, l’aide effective apportée aux factieux fascisants et aux dictatures latino-américaines n’était pas acceptée par tout le monde. Condor en tant que tel cessa ses activités vers 1981, mais le sang continua de couler dans le Cône Sud. Des milliers de morts plus tard, aujourd’hui que les dictatures ont disparu, les actions en justice ne se comptent plus. On constate que l’ombre du Condor plane très souvent au-dessus des dossiers de plainte déposés par les familles des victimes.

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Texte : Michel Doussot

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