Fête du soleil au Pérou
Au moment du solstice d'hiver de l'hémisphère Sud, la plus inca des villes du Pérou, Cuzco, célèbre la fête de l’Inti Raymi, plus connue sous le nom de fête du soleil. Si la cérémonie du 24 juin est avant tout une commémoration de la fête inca originelle, elle donne également lieu à des réjouissances populaires auxquelles participent de nombreux Indiens des environs, et des trotamundos (routards, en espagnol) de plus en plus nombreux.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe nombril du monde
Perchée entre terre et ciel, à 3 400 m d'altitude, dans une vallée
de la cordillère orientale du sud péruvien, Cuzco est l’ancienne capitale de
l'Empire inca. Son nom originel, Ccoscco (hispanisé plus tard sous la
forme de Cuzco) signifie « le nombril du monde » en langue quechua.
Et, en effet, elle fut longtemps le centre d’un empire prodigieux qui s’étendait
de la Colombie au Chili.
À l'origine, la fondation de la ville est due à l'Inca Manco Capac et à sa sœur-épouse
Mama Ocllo, qui, émergeant du lac Titicaca, furent envoyés à Cuzco par le dieu
soleil lui-même, afin qu'ils civilisassent les humains ! Douze générations
incas se sont ensuite succédées pour gouverner le nombril du monde, marquant
la ville de leur empreinte, au fil des siècles.
C'est surtout au neuvième souverain de la dynastie, Pachacutec, que Cuzco doit
sa magnificence. Le « fils du soleil », comme l'Inca aimait à se faire
appeler, fit reconstruire la cité selon un plan en damier dont le périmètre
suggère la forme d’un puma. Surnommée, la « Rome des Incas », la ville
célèbre chaque année la fête du soleil, renouant ainsi avec ses origines…
L’Inti Raymi ou fête du soleil
Les Incas, on l'aura compris, sont de grands adorateurs du soleil. Ils sont, de surcroît, d'excellents astronomes. C'est pourquoi ils célèbrent depuis des siècles le solstice d'hiver (jour où le soleil est le plus éloigné de la Terre) ; le but de la cérémonie étant de ramener le soleil plus près de la planète. Autrefois, la célébration de la fête du soleil avait lieu les 21 ou 22 juin, mais les Espagnols l'interdirent à cause de ses connotations païennes et lui substituèrent la fête de la Saint-Jean, le 24 juin. Cela provoqua un curieux syncrétisme religieux : en allumant les feux de la Saint-Jean, les Incas continuaient à célébrer l'astre solaire ! Longtemps tombée en désuétude, l'Inti Raymi est à nouveau célébrée depuis les années 1940. Cette fête, symbole du retour aux valeurs anciennes, a pris une ampleur étonnante.
Une fête à la fois authentique et touristique
À l'époque inca, la nuit précédant la cérémonie, on éteignait tous les feux
dans l'Empire, et une foule silencieuse défilait avec l'Inca sur la place de
armes de Cuzco, jusqu'à la réapparition du soleil. La procession est aujourd'hui
reproduite entre la place des armes et le temple de Sachsayhuaman (surnommée
« sexy woman » !), et réunit toutes les corporations de la ville :
soldats, messagers, prêtres, femmes choisies, etc. On sacrifiait ensuite un
lama dont on retirait le cœur pour l'offrir au dieu soleil. Aujourd'hui, ce
sacrifice est aussi retracé, mais uniquement de manière symbolique.
Enfin, la fête se termine par des danses satiriques, ridiculisant les médecins,
les guérisseurs et les avocats de l'époque hispanique. La cérémonie est assez
lente (elle dure trois heures) mais il est plaisant de l'observer depuis les
champs alentour, où les Indiens font cuire des pommes de terre dans des fours
de fortune.
Malgré le fait que le siège de l'Inca, recouvert de papier doré, fasse un peu
toc et que les costumes ressemblent parfois à des déguisements, la fête du soleil
attire des milliers d'Indiens et de touristes. À ces derniers, échapperont parfois
la signification et les paraboles de certains gestes symboliques, mais la cérémonie
vaut tout de même le coup d'œil ! Le folklore est là (chant en quechua,
danses, etc.) et le défilé est suivi d'une fête foraine d'une durée d'une semaine.
L'Inti Raymi, particulièrement appréciée par les populations indiennes du Pérou,
reste l'une des fêtes les plus importantes du Nouveau Monde.
Infos pratiques
Où dormir ?
Hospedaje Casa Elena
Calle Choque Chaca 162, San Blas.
Tél et fax : 24-12-02.
E-mail : chemin@terra.com.pe
Tenu par Yves, un Français du Havre, et sa femme péruvienne, Elena, qui pourront
vous donner des infos sur la ville et le pays. Calme, à proximité de la Cuesta
San Blas, à deux pas du centre-ville. Chambres claires et confortables, salles
communes, bibliothèque, cuisine et boissons chaudes en libre-service. Une adresse
très chaleureuse.
Attention, mieux vaut réserver à l'avance !
Où manger ?
Qunita Eulalia
Coquechaca, 384.
Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h.
Certainement la meilleure quinta de la ville. On mange dans une courette
ouverte et ensoleillée, encadrée de maisons basses, dans une chouette ambiance
familiale, surtout le dimanche. Très réputé auprès des classes populaires comme
auprès des middle class bien dans leur poncho.
Texte : Laurence Pinsard
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