Le musée Berardo à Lisbonne : du fado au fluxus

Le musée Berardo à Lisbonne : du fado au fluxus
© Museu Colecção Berardo

Amateurs d’art moderne, il va falloir désormais compter avec Lisbonne. Le musée Berardo, qui vient d’ouvrir sur les rives du Tage à Belém, abrite l’une des plus riches collections privées d’art contemporain du Vieux Continent. Près de 900 œuvres de grands artistes du XXe siècle y sont exposées de façon permanente. On connaissait Lisbonne pour le fado et la saudade : c’est le moment de la découvrir pour ses Andy Warhol, Jeff Koons ou Yves Klein. Un atout supplémentaire pour la belle cité portugaise.

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Un nouveau joyau à Belém

À l’embouchure du Tage, le quartier de Belém, à Lisbonne, symbolise les rêves les plus fous des Portugais. Monument du patrimoine national, la Tour de Belém, au bord du fleuve, a vu défiler nombre de navires en partance vers le Nouveau Monde. Aujourd’hui, le routard y vient pour humer cet air du large qui fit tant fantasmer les conquistadores locaux, mais aussi pour visiter le magnifique monastère des Hyéronimites (où repose justement le navigateur Vasco de Gama). Les plus gourmands se rendent en pèlerinage à Belém (« Bethléem » en portugais) pour goûter aux délicieux pasteis de nata (gâteaux à la crème), des sortes de flans faisant partie du panthéon culinaire local.

Le 25 juin, un joyau s’est ajouté à la couronne de Belém, le musée Berardo, qui va sans doute s’inscrire sur la carte touristique de Lisbonne, mais aussi dans l’atlas mondial de l’art contemporain. Située dans le récent Centro cultural de Belém – qui est à Lisbonne ce que le Lincoln Center est à New York –, cette nouvelle institution a été conçue sur mesure pour accueillir la collection du richissime industriel portugais, Joe Berardo.

Le trésor de Joe

Force est de constater que l’ami Joe a du goût. En vingt ans, ce collectionneur avisé s’est constitué un sacré butin, qui couvre toutes les grandes écoles artistiques du XXe siècle. Le trésor de Joe ? Près de 4 000 œuvres, signées par des maîtres comme Andy Warhol, Pablo Picasso, Salvador Dalí, Marcel Duchamp, René Magritte, Joan Miró, Francis Bacon, Jackson Pollock, Yves Klein, Jeff Koons et bien d’autres encore.

Peut-être avez-vous déjà eu la chance de voir quelques-uns de ces tableaux qui circulent dans des expositions temporaires à travers le monde. Mais cela ne suffisait pas à Joe qui voulait SON musée. Les villes de Miami ou Paris furent un instant intéressées par le projet. C’est Lisbonne qui a finalement décroché la timbale en proposant de consacrer une partie de son prestigieux Centro cultural de Belém à la colleção Berardo.

862 œuvres, 70 courants artistiques et plus si affinités

En tout, 862 œuvres sont visibles dans la collection permanente du musée, qui sera complétée par des expositions temporaires d’autres œuvres issues du fonds Berardo. Certaines sont d’ailleurs déjà présentées au Musée d’Art moderne de Sintra. L’importance de la collection Berardo permettra d’effectuer des rotations entre les œuvres, dont beaucoup ne seront pas exposées de façon permanente. Ce concept, qui se « veut dynamique, didactique et flexible », rappelle un peu le fonctionnement des musées Guggenheim qui jouent à fond la carte de la rotation.

Près de 70 courants artistiques sont représentés – et expliqués – au musée de Belém. L’idéal pour faire le point sur des mouvements aussi féconds (et parfois abscons !) que le fluxus, le néo-constructivisme, le lettrisme, le body art, le De Stijl ou l’arte povera. Outre l’art moderne et contemporain, le fonds comprend aussi de l’art déco, des céramiques portugaises, de l’art africain et des œuvres numériques. Et oui, my Berardo is rich ! À vous d’en profiter...

Un atout de plus pour Lisbonne

Lisbonne, quant à elle, ne s’est pas trop fait prier pour accueillir le magot de Berardo. En effet, si la capitale portugaise compte parmi les plus belles villes d’Europe, elle ne brille pas vraiment sur la scène culturelle internationale. Certes, les trésors artistiques de la fondation Gulbenkian méritent à eux seuls le voyage. Mais il manque à Lisbonne l’équivalent d’un Centre Pompidou, d’une Tate Modern ou d’un musée Reina-Sofia. Le musée Berardo vient combler ce vide pour propulser Lisbonne parmi les grandes destinations artistiques d’Europe. Un sacré pari.

Un de plus. Car, depuis l’Expo 98, la « belle endormie » au bord du Tage est sortie de sa torpeur nimbée de saudade. Sur les rives du fleuve, justement, entre la Baixa et Belém, la ville se réinvente. Dans le Bairro Alto et le Chiado, elle vibrionne la nuit tombée. Lisbonne, qui surfe sur un effet de mode, attire l’Europe et pas seulement, pour des clichés à base de fado. Désormais il faudra aussi compter avec le musée Berardo...

Illustration : Andy Warhol (1928 - 1987), Ten-foot Flowers, 1967, encre sérigrafique sur polymère synthétique sur toile.

Pour en savoir plus

Musée de la collection Berardo (Museu colleção Berardo)
Centro cultural de Belém
Praça do Império, 1449-003 Lisboa. Tél. : 213-612-913. Fax : 213-612-570.
www.museuberardo.com
Ouvert tous les jours de 10 h à 19 h, le vendredi (et les samedi et dimanche en été) nocturne jusqu’à 22 h.
Entrée : 5 €, gratuit le dimanche et de 18 h à 22 h les vendredi et samedi, pour les moins de 18 ans et les professeurs. Réduction pour les étudiants et les plus de 65 ans.

Aperçu et histoire de la collection Berardo
www.berardocollection.com

Pour aller au musée Berardo
Depuis le centre, prendre le tramway n° 15 ou les bus n° 43 ou 28 sur la praça do Comercio. On peut aussi se rendre à Belém en train depuis Cais do Sodré.

Texte : Jean-Philippe Damiani

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