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Risques d'un voyage tropical

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 L'état des lieux

En 2009, près de 4 millions de Français sont partis en voyage dans des pays tropicaux (Afrique, Amérique centrale et latine, Asie...). Un rêve pour la plupart d'entre eux, mais qui peut parfois mal tourner. Selon les études, de 15 % à 70 % de ces voyageurs tombent malades lors de leur séjour, un taux qui varie en fonction des destinations et des conditions de séjour. (Données du Haut Conseil de la Santé Publique, juin 2010).

Il ne faut pas stresser pour autant. Près de 50 % des cas sont de simples diarrhées du voyageur, la fameuse turista, de la fièvre et des voies aériennes supérieures . Mais il faut savoir que plus on s'éloigne des pays industrialisés, plus la vigilance en termes sanitaires s'impose. La plupart du temps, vous garderez la forme en voyage. Encore faut-il faire preuve de bon sens et respecter des précautions élémentaires (avoir des vaccinations à jour, ne pas boire de l'eau non traitée, éviter les piqûres d'insecte...).

Retenez bien cette règle : "un voyageur averti en vaut deux".

Comme le risque est le produit de l’ignorance par le hasard, ce chapitre vous donnera toutes les informations sanitaires nécessaires à votre voyage ; restera donc le hasard : mais le routard sait s’en accommoder…

La quasi-totalité des maladies tropicales se guérissent avec des moyens simples et d’une efficacité majeure. La seule contrainte qui incombe au voyageur malade est de savoir consulter rapidement, en particulier devant certains symptômes qui doivent donner l’alarme et qui sont, bien entendu, décrits ci-après.

La prévention reste encore le meilleur moyen d'éviter la maladie. Encore faut-il être conscient des risques encourus.

Le 1e risque : l’alimentation et l'eau

Le voyageur tropical arrive d'un pays dans lequel tous les aliments sont contrôlés, aseptisés : nous sommes donc peu habitués aux toxines des aliments mal conservés, aux shigelles des ragoûts et aux amibes des salades.

La moindre toxine, la moindre bactérie, déclenchera chez le voyageur une diarrhée (turista) aussi banale qu'inévitable. C'est le risque majeur - et très mineur en même temps - pour le touriste. La moitié des cas de maladie en voyage sont des diarrhées. Si cela se produit, il faut penser à  se réhydrater fréquemment et abondamment (avec de l'eau filtrée et potable), en particulier les personnes âgées et les enfants.

Mais le péril alimentaire ne se limite pas à ce simple inconfort : de nombreuses et parfois sévères maladies sont véhiculées par les aliments. Ceci vient le plus souvent du fait que se croisent deux chaînes qui ne devraient jamais se rencontrer : la chaîne alimentaire et la chaîne des excréments humains. Ce croisement, c'est l'eau souillée (que l'on boit ou qui sert à arroser les légumes) et les mains sales (qui manipulent les aliments).

C'est ainsi que l'on peut attraper :

– le choléra ;
– la fièvre typhoïde et autres salmonelloses ;
– les shigelloses et autres infections bactériennes alimentaires ;
– l'amibiase et la giardiase (ou lambliase) ;
– l'hépatite virale A ou E, la poliomyélite, etc..

La fréquence de ces maladies liées à l'alimentation est d'autant plus élevée que :
– le niveau d'hygiène est plus bas ;
– la concentration humaine est plus grande ;
– la disponibilité en eau est plus faible.

Pour plus d'informations sur les dangers de l'eau, merci de consulter notre dossier sur l'eau en voyage.

 Comment se prémunir ?

Essentiellement en se lavant les mains avant de manger et en respectant trois règles d'or :

- Boire de l'eau potable. Faire bouillir l'eau ou la purifier avant de la consommer - ou ne boire que de l'eau en bouteille scellée. Ne pas consommer de glaçons.
- Peler les fruits et légumes et les laver abondamment avec de l'eau non souillée.
- Manger des aliments cuits, et bien cuits en ce qui concerne la viande.

Au restaurant, l'apparence de modernité ne met pas à l'abri d'infections alimentaires : il vaut mieux souvent aller manger dans un boui-boui ou un village de brousse où l'on respecte certaines traditions culinaires, même approximatives, que dans un hôtel-restaurant " de luxe " où, derrière, dans les cuisines, on ne respecte aucune tradition et où l'on ne maîtrise pas encore les nouveaux comportements de la cuisine collective moderne.
A cet égard, il faut citer la congélation qui crée de graves problèmes dans les pays chauds.

Le 2e risque : les insectes et les animaux

Les bêtes ne sont pas toutes gentilles, loin de là. Sous les tropiques, il vaut mieux prendre ses précautions. 

A éviter absolument : les moustiques, vecteurs de nombreuses maladies, comme le paludisme, la fièvre jaune, la dengue et le chikingunya.
- Le moustique anophèle  transmet le paludisme.
- Le moustique Aedes (pique le jour) transmet la fièvre jaune en Afrique et en Amérique du Sud, mais aussi la dengue et le chikungunya
- Le moustique Culex transmet les filarioses lymphatiques et le virus des encéphalites (encéphalite japonaise en Asie, virus du Nil en Amérique du Nord et en Afrique).
- Le moustique Aedes transmet les filarioses lyphatiques en Océanie. Il pique habituellement le jour.

Comment éviter les piqûres ?
 
- Utiliser un bon répulsif (à base de diéthyl toluamide DEET, ou acétyl butyl alanilate d'éthyl IR3535, ou caroxylate de Sec-butyl pipéridine  KBR3023 ou citriodiol)
- Port de vêtements imprégnés et couvrant le corps le soir
- Utiliser une moustiquaire imprégnée d'insecticide et s’assurer de l’intégralité du maillage.
Il est fortement déconseillé d’utiliser les bracelets anti-insectes, les huiles essentielles dont la durée d’efficacité est limitée à vingt minutes, les appareils sonores, la vitamine B1 ou encore l’homéopathie.

 Autres insectes piqueurs :

- Les tiques qui peuvent transmettre la maladie de Lyme et des fièvres récurrentes;
-  La mouche Tsé-Tsé (glossine) qui transmet la maladie du sommeil (Afrique).
- Des sortes de punaises (réduves) qui transmettent en Amérique latine la maladie de Chagas.
- Les phlébotomes, petits insectes velus, qui transmettent les leishmanioses (zone intertropicale, mais aussi pourtour méditerranéen)
- Les puces, poux ou morpions qui transmettent rickettsie, bartonnelle voire peste.

Attention également aux animaux venimeux (araignées, serpents, scorpions...), aux méduses et même aux chiens qui peuvent transmettre la rage...

Par delà ces maladies, les insectes peuvent aussi gâcher votre voyage : les moustiques qui vous empêchent de dormir, certains papillons (Afrique centrale, Guyane) qui répandent sur vous ou sur vos draps leurs fléchettes empoisonnées, les chenilles qui vous brûlent la peau, certaines araignées dont on n'oublie jamais la rencontre, les guêpes " tueuses " qui attaquent avec un bruit d'hélicoptère, etc...

Le 3e risque : l’homme et ses machines

Encore plus dangereux que les vilaines bestioles : vous et vos congénères ! Et oui, toujours selon le HCSP, les principales causes de rapatriement sanitaire sont dûes à l'homme : accidents, agressions, maladies cardio-vasculaires (50 % des cas de mortalités en voyage), problèmes neurologiques et psychiatriques préexistants (10 % des rapatriements !).

Les accidents de la circulation constituent une des grandes causes d'interruption involontaire des voyages : un énorme problème de santé publique dans certains pays, où les infrastructures routières sont sommaires et le respect du code de la route aléatoire.
Et les hommes, ce sont aussi les agressions, guerres, les guérillas, les émeutes, le banditisme...

Autres risques liés à l'homme :

- La bilharzioze (ou plutôt les bilharziozes : parasites à pénétration cutanée allant se loger soit dans l'intestin et le foie soit dans l'appareil uro-génital) ; que l'on peut attraper en se baignant dans les eaux douces stagnantes ou en marchant pieds nus sur un sol inondé.
- Les brûlures liées aux coups de soleil.
- Les maladies sexuellement transmises et le SIDA : préservatif obligatoire pour tout rapport sexuel.
- Le " coup de chaleur " en cas d'efforts physiques inconsidérés en plein soleil.
- Le mal des montagnes quand on se rend trop vite au-dessus de 3 000 m (céphalées, nausées oedèmes...).
- Evitez les expositions prolongées au froid et au vent.
- Attention lors d'une baignade (méduses, courants...)

Consultations de voyage

Un départ en voyage peut constituer une bonne occasion de faire le point sur sa santé. Dans tous les cas,préoccupez vous des questions de santé en voyage un mois avant votre départ (pour les éventuelles vaccinations).

En plus de votre médecin généraliste, des consultations de voyage se tiennent à votre disposition dans de nombreux hôpitaux ; en plus des 100 centres de vaccination internationaux actifs en métropole, il y a au moins un service de Maladies Infectieuses et Tropicales dans chaque C.H.U. En Région parisienne, vous pouvez vous adresser à plusieurs consultations. Consulter avant vaut mieux que consulter après…

D’autant que :
– Vous avez sans doute besoin de vaccinations, ou de rappels.
– Vous avez besoin d’une prescription de médicaments : certains médicaments, en particulier contre le paludisme, ne sont délivrés que sur ordonnance.
– Vous avez peut-être besoin d’un « check-up » avant de vous retrouver dans des contrées médicalement désertiques.
Si vous avez déjà, avant le voyage, un problème de santé, la consultation est absolument impérative : par exemple, si vous êtes diabétique, cardiaque, atteint d’une maladie chronique pulmonaire ou intestinale, porteur du virus VIH, etc., les problèmes du voyage deviennent extrêmement complexes ; ils ne sont pas cependant insurmontables, sous réserve que tous les précautions et conseils soient pris auprès d’un spécialiste.
– Enfin, les médecins tropicalistes qui travaillent dans ces services vous feront profiter non seulement de leurs connaissances médicales, mais aussi de leur pratique des pays dans lesquels vous allez voyager : ils pourront vous parler des épidémies récentes ou en cours, des récents changements de la résistance du paludisme, vous communiquer l’adresse sur place de confrères qu’ils connaissent, vous dire que faire devant tel ou tel type de diarrhée, etc.

N'oubliez pas de contracter une assurance couvrant les frais médicaux et le rapatriement sanitaire.

Liens utiles

Recommandations pour les voyageurs du HCSP

Institut Pasteur

Informations aux voyageurs du ministère de la Santé

Cimed (Comité d'informations médicales)