Histoire et dates-clés Madrid

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Les origines

Madrid constitue un cas d'école en histoire urbaine : voilà en effet une capitale qui ne s'est pas imposée d'elle-même. La ville, dans une forêt dense, peinait à exister face à ses « voisines » Tolède, Grenade, Cordoue ou Séville, beaucoup plus actives commercialement et culturellement.

Madrid arabe puis chrétienne

En 1202, la ville est dotée d'un fuero, une charte qui (enfin) fait d’elle un petit quelque chose.

10 ans plus tard éclate la bataille de Las Navas de Tolosa, avec à la clé l'Andalousie. Juste avant le déclenchement des hostilités entre les troupes d'Alphonse VIII et de Mohammed al-Nasir, saint Isidore le Laboureur serait apparu au roi chrétien. Ce petit coucou divin l’aurait galvanisé et devinez quoi ? Les chrétiens gagnent la bataille. Si vous restez circonspect quant à son influence, toujours est-il que saint Isidore est désormais le patron de la ville, fêté en grande pompe chaque 15 mai par les Madrilènes.

Pendant les 2 siècles suivants, l'influence du catholicisme prend de l'ampleur. En décembre 1474, Isabelle la Catholique se concilie les notables de Madrid et se fait proclamer, un peu au forceps, « reine de Castille ». Elle fait bâtir le monasterio de San Jerónimo, l'hospital de la Latina, distribue allègrement des titres de noblesse à ceux qui l'ont soutenue, fait paver certaines rues et construire un abattoir.
Malgré ses bonnes grâces, Madrid reste alors à Séville ce qu’une partie de thé britannique est à une fiesta colombienne... Mais le (long) processus est enfin lancé, qui fera de la Castille le centre des royaumes d’Espagne, et de Madrid la capitale de la Castille.

Capitale du royaume depuis 1561

Le roi Philippe II, fils du grand Charles Quint, récupère en 1556 les rênes du royaume par le truchement des alliances, et transfère la cour de Tolède à Madrid en 1561. Voici Madrid capitale du royaume !

Madrid était une ville relativement neuve, facile à remanier au niveau tant architectural que politique. En outre, le bois et l’eau y abondaient, l’air de la sierra était particulièrement pur et les forêts autour regorgeaient de cerfs et autre gibier, prêts à assouvir la passion des Habsbourgs pour la chasse. À cette époque, en 1561, Madrid ne compte que 15 000 habitants... Devenue capitale du royaume, elle doit alors héberger une nouvelle population, composée de nobles et de fonctionnaires : à la fin du siècle, la ville atteint les 100 000 habitants. Du coup, une loi (regalía de aposento) oblige tous les Madrilènes à mettre à disposition de la Couronne la moitié de chaque maison, à condition qu’elle soit d’un bon confort et suffisamment vaste. Des constructions a la malicia (en trompe l’œil !) apparaissent alors dont les façades toute simples, aux fenêtres camouflées ou aux étages invisibles de l’extérieur, dissimulent la taille réelle. Les Madrilènes jouent d’ailleurs toujours, dans les quartiers de Los Austrias et de La Latina, à repérer ces demeures au cours de leurs balades...

Les Habsbourgs et le Siècle d’or

La cité paisible connaît alors une expansion urbaine inédite et devient Villa y Corte (Ville et Cour royale). En effet, 2 résidences royales encadrent l’agglomération : à l’est, l’alcázar, siège officiel de la Couronne ; à l’ouest, un palais de plaisance, construit sous Felipe IV, où les rois iront se retirer et chercher le repos. Entre les 2, une ville chaotique qui ne cesse de s’agrandir dans l’anarchie la plus totale. En plus, l’absence d’un système d’égouts fait de Madrid une capitale sale et puante (ce qui était assez commun dans les capitales européennes de l’époque, cela dit). De cette ville-fourmilière, où s’affairent quotidiennement marchands et artisans, mais aussi truands et charlatans, la plaza Mayor est la construction la plus emblématique. Son style sobre caractérise l’architecture madrilène de « los Austrias » (les Habsbourgs, i claro que si !) : on le retrouve dans des bâtiments tels que l’ancien hôtel de ville (plaza de la Villa), ou l’actuel ministère des Affaires étrangères. 
La société baroque du XVIIe s aime la fête et les célébrations. Les visites des rois, les victoires militaires, les événements diplomatiques... La grande passion des Madrilènes de l’époque est le théâtre. Les pièces sont jouées dans les corrales de comedias, simples immeubles d’habitations dont la cour centrale sert de salle, flanquée d’une estrade en guise de scène. La plupart se trouvent dans l’actuel barrio de Las Letras, où de nombreux auteurs habitent : Tirso de Molina, Calderón de la Barca et, surtout, Lope de Vega, rénovateur du théâtre et chouchou de la Cour. Ce sont les auteurs du Siècle d’or espagnol, dont l’ironie et le sarcasme n’épargnent aucun secteur de la société. Il ne faut pas oublier que les artistes d’alors, Velázquez en tête, peignent des portraits non seulement des puissants mais aussi des miséreux qui survivent dans cette cour des Miracles qu’est le Madrid des Habsbourgs.

Charles III

Les Bourbons débarquent en Espagne avec Philippe V, petit-fils de Louis XIV. Habitué à Versailles, il est tout de suite dégoûté par la capitale espagnole et par son vieil alcázar médiéval. Aurait-il provoqué l’incendie de la résidence royale la nuit de Noël de 1734 ? Les religieux ont eu chaud : des reliques telles que 3 épines de la couronne du Christ et un morceau de la Vraie Croix ont bien failli partir en fumée. Les artistes, en revanche, ont été plus malchanceux. Une douzaine de Velázquez et quelques précieux Rubens ou Titien de la collection royale ne résistent pas aux flammes. Si le roi décide de se construire son petit Versailles particulier à La Granja, il ne néglige pas pour autant la capitale, qu’il essaie d’aménager en ville digne du prestige des Bourbons. Il fait ériger des fontaines, élargit des rues pour en faire des avenues... La grandeur à la française !
Napolitain d’origine et 3e des Bourbons, Charles III, sacré roi en 1759, débarque depuis son petit royaume de Naples dans une ville dont il ne cessera de modifier la structure. Aujourd’hui, si on lève la tête, on aperçoit encore de petits azulejos au-dessus des portes des maisons. Une obligation de Charles III. Il fait éclairer les rues, continue le pavage. Il s’entoure d’une clique d’architectes français et italiens. Parmi tant d’autres, les jardins du Palais royal et la puerta de Alcalá, sur la plaza de la Independencia de 1775 portent la marque de Francesco Sabatini. À la même époque (1785), le Prado commence à prendre forme. Le peuple appellera le roi el mejor alcalde de Madrid : le meilleur maire. Enfin, les Bourbons fondent les Reales fábricas sur le modèle des manufactures royales françaises. Dans le but de stimuler l’industrialisation et le savoir-faire, elles fournissent les palais et maisons seigneuriales en produits de luxe. Les 3 plus importantes sont celle du verre à La Granja et celles de la porcelaine et des tapisseries, toutes 2 à Madrid. Cette dernière, toujours en fonctionnement, embauchera en 1775 le jeune Goya pour la réalisation de toute une série de cartons...
Enfin, un point auquel nous attachons beaucoup d’importance : à partir de Charles III, on parle désormais des Madrilènes. Certes parce que la misère s’enkyste et que les insurrections se suivent, mais aussi parce que la population trouve enfin une identité, et une fierté à y vivre.

La période moderne et la Movida

Passons sur les frasques de Joseph Bonaparte, gentiment affublé du surnom de Pepe Botella (ou « Jojo, le roi du goulot ») par les Madrilènes, alors même que les historiens ibériques s’accordent à reconnaître qu’il était sobre.
Sur le plan historique, deux dates importantes : la révolte du 2 mai 1808, qui donne le signal de la guerre d'Indépendance, puis 1936 et la guerre civile. Madrid résiste à toutes les attaques franquistes et est l'une des dernières villes à se rendre. De cette période, l'urbanisme madrilène retient la gracilité (!) et l'élégance des constructions de la Gran Vía.
Vous n’aurez aucun mal à reconnaître, une fois sur la plaza de España, l’admirable béton armé franquiste, aussi fin et ciselé que le style pompier peut l’être. On comprend la Movida au regard de cette période.

Mais qu’est-ce donc que la Movida ? C’est ce mouvement complètement déluré qui s'éclatait dans l'excès et pratiquait la dérision comme discipline sociale. Fêtes, sexe et drogue, mais aussi matins glauques, misère et idéaux. Car tout l'édifice politique et « moral » mis au point par Franco s'est écroulé du jour au lendemain.
Le Caudillo, en novembre 1975, passe l'arme à gauche. Dès février 1976, un décret royal abolit la censure sur les films. Dans les 2 ans qui suivent, plus de 200 partis politiques sont créés à Madrid ! Enrique Tierno, ex-militant marxiste, philosophe et professeur agnostique, devient maire de Madrid. Il n'a pas son pareil pour surfer sur la vague de la Movida et réconcilier les Madrilènes avec leur ville, où la fête est passée au rang d’art éphémère.

Mais la massive industrialisation de ces 50 dernières années a considérablement changé le visage de la cité, ainsi que l'urbanisation démente des 2 décennies suivantes.

Madrid ahora ! (Madrid aujourd’hui !)

Dans les années 2000, les maires du Partido Popular, le parti conservateur, se succèdent à la tête du gouvernement municipal, dont Ana Botella, épouse de l’ex-président José María Aznar. De cette période, où l’architecture était parfois plus destinée à satisfaire la mégalomanie des maires (et à remplir les caisses de certains constructeurs) que les besoins de la population, on retiendra quand même la mise en valeur des berges du Manzanares dans le cadre du projet Madrid Río. Longtemps snobé pour son maigre cours, le fleuve de la capitale a enfin trouvé sa place grâce à un ensemble de jardins, fontaines et ponts à l’architecture résolument contemporaine.

2 moments importants marqueront les 1res années de ce nouveau siècle.
Le 11 mars 2004, Madrid est frappé par un attentat qui fera 192 morts dans plusieurs trains Cercanías (trains de banlieue). Cette barbarie fait suite à la participation de l’Espagne d’Aznar à l’invasion de l’Irak, aux côtés des États-Unis.
Puis, à partir de 2008, le pays, à l’instar de toute l’Europe, plonge dans une crise économique sans précédents.
En 2011, face à un système corrompu et à un chômage galopant, des manifestants occupent pendant des mois la puerta del Sol contestant le capitalisme sauvage. Le mouvement des Indignados (inspiré du livre Indignez-vous, de Stéphane Hessel) s’étend à d’autres villes, en Espagne et à l’étranger, et engendre la naissance de Podemos, un nouveau parti politique. C’est avec le soutien de cette formation que le parti Ahora Madrid remporte les élections municipales de juin 2015.
La nouvelle maire, Manuela Carmena, ancienne juge, se démarque tout de suite de la précédente équipe municipale : pour faire face à cette période de crise économique, elle baisse les salaires exorbitants des hauts fonctionnaires municipaux (le sien inclus), supprime les voitures de fonction, ou encore crée un organisme d’aide aux Madrilènes se trouvant dans l’impossibilité de rembourser un prêt immobilier abusif. Le retour du PP à la tête de la ville en juin 2019 annonce probablement de nouveaux changements...

La crise induite par la Covid a durement touché la ville, qui, malgré un confinement très strict de mars à mai 2020, a affiché au début de la pandémie des chiffres de mortalité vertigineux... Et les vagues suivantes ont induit plusieurs périodes de semi-confinement ou de couvre-feu, qui ont évidemment, comme dans toute l’Europe, pas mal entravé le mode de vie des Madrilènes... et l’économie de la ville, en particulier dans l’hôtellerie et la restauration. Ce qui n’empêche pas un vrai dynamisme, déjà revenu ! On assiste même, en 2023, à une véritable frénésie de consommation, de vie nocturne, sorte de rattrapage des mornes années de confinement.

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