Histoire et dates-clés Belgique

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L’existence de Bruges est liée aux sables : il y a 1 000 ans, la côte de la mer du Nord ne présentait pas la même configuration qu’aujourd’hui. Des marées d’équinoxe rompaient régulièrement la frêle barrière des dunes et la mer envahissait les basses terres pauvres où vivaient tant bien que mal des peuplades à peine christianisées, descendantes des tribus de Morins et de Ménapiens que César n’avait même pas pris la peine de soumettre.

Sur l’une de ces jetées naturelles (brygghia), un peu moins précaire que les autres, s’installèrent des paysans libres qui entreprirent de fortifier le lieu pour se garder des raids des Normands. Un certain Baudouin Bras-de-Fer, comte, mais surtout soudard notoire, obtint en dot ces terres incultes, du roi Charles le Chauve dont il avait kidnappé la fille. Cette « Flandre » vint s’ajouter à ses possessions de l’Artois et du Cambrésis. Voilà comment la Flandre et la France ont lié leur destin.

Le miracle de la mer

Le site fut fortifié et des échanges commerciaux se développèrent avec les ports du Nord. Une enceinte fut construite et, en 1134, les éléments se déchaînèrent : la mer ouvrit largement un chenal à travers les terres. L’estuaire duZwin se forma et assura à Bruges 3 siècles de prospérité, à la condition de maintenir un drainage permanent pour éviter l’ensablement. Lorsqu’en 1150 Philippe d’Alsace, comte de Flandre, accorda des privilèges à la cité, Bruges se trouvait à la tête du commerce avec l’Angleterre et les villes de la Baltique. Elle était administrée par des marchands prospères qui organisaient leur propre justice.

En 1180, Damme fut aménagée pour servir d’avant-port d’où les marchandises étaient transbordées dans des embarcations plus petites avant d’arriver à Bruges. La situation géographique, entre Angleterre, foires de Champagne et Lombardie, entre sud-ouest de la France et Baltique, entre bassin du Rhin et Bretagne, fit de Bruges le plus grand centre de transit du Moyen Âge. Les comtes de Flandre touchaient les dividendes de ce florissant commerce en s’efforçant en retour d’en préserver la sécurité.

Le libre-échange et le capitalisme virent le jour dans cette cité avec la fondation du 1er marché des changes. L’établissement libre de « comptoirs commerciaux » de toutes les nations vit affluer des marchands des quatre coins de l’Europe. L’import-export était leur gagne-pain et, avec l’invention des lettres de change, les Brugeois se réservaient la vente de détail et la transformation du drap anglais, la main-d’œuvre étant constituée d’une population paysanne bon marché et sévèrement contrôlée.

Au XIVe  siècle, les Flamands affrontent la France

À l’avènement du XIVe siècle, des difficultés surgirent : par le jeu des successions comtales, le roi de France Philippe le Bel fit main basse sur la Flandre et favorisa le parti des notables (les b>Leliaerts, à l’emblème de la fleur de lys). Ceux qui exerçaient des petits métiers se révoltèrent contre leur condition d’exploités et le pouvoir en place inféodé aux Français. Le matin du 18 mai 1302, le parti des Klauwaerts (les griffes du lion héraldique des Flandres) prit les armes et passa au fil de l’épée un bon millier de Français et leurs partisans. En représailles, Philippe le Bel s’empressa d’envoyer son armée royale pour aller rogner les griffes du lion flamand. Cet épisode est passé dans l’histoire sous le nom de Matines brugeoises suivies, 2 mois plus tard, par la célèbre bataille des Éperons d’or.

L’âge d’or du commerce et des arts

En 1369, le mariage de l’héritière du comté de Flandre, Marguerite de Maele, avec Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, marqua l’amorce de l’âge d’or de Bruges mais aussi le début de son déclin. L’estuaire du Zwin commençait à s’ensabler inexorablement, ne laissant encore à la ville qu’un seul siècle de fastes à vivre, mais quel siècle ! Sur le plan artistique, Bruges rivalise alors avec Florence. Ses peintres Memling, Van Eyck, Van der Goes et Gérard David réalisent les chefs-d’œuvre de l’école flamande du XVe siècle.

Des navires vénitiens, catalans, russes, génois, biscayens, bretons, hanséatiques et portugais livrent tous les jours des marchandises. On en compte jusqu’à 150 à la fois dans le bassin du Minnewater. Ils déchargent du vin, des tapis, des oranges, des fourrures, de l’huile, du cuir, de la soie, des métaux, des épices, de la laine, des animaux exotiques et même de l’ivoire et des diamants.

1429 : une ville courtisée par toute l’Europe

En 1429, Philippe le Bon installa sa cour au Prinsenhof. Lors de son mariage avec Isabelle de Portugal, il donna des fêtes somptueuses et Bruges fut tapissée de draperies vermeilles. Quelque 800 marchands en tenue d’apparat accueillirent la fiancée. Le repas de noces se déroula dans un faste inouï : vaisselle d’or, draperies de brocart tissé d’or et banquet monumental. On continua le lendemain avec joutes et réceptions dans un décorum tel que les échotiers de l’époque en parlent comme d’un événement inégalé en Occident. Pour couronner le tout, Philippe le Bon en profita pour s’introniser, ainsi que 23 seigneurs de sa suite, dans un nouvel ordre de chevalerie qui suscitera toutes les jalousies, notamment côté anglais : l’ordre de la Toison d’or.

Bruges, la Bourgogne et les Habsbourg

En 1468, on remit le couvert pour le mariage de Charles le Téméraire et de Marguerite d’York. Mais le nouveau (et dernier, d’ailleurs) duc de Bourgogne était moins apprécié à Bruges : il leva de lourds impôts pour financer ses campagnes militaires. En tombant, en 1477, au siège de Nancy, il laissait à sa fille Marie l’héritage bourguignon qui fut transmis illico aux Habsbourg par le mariage de celle-ci avec Maximilien d’Autriche.

Marie mourut au cours d’un accident de chasse et Maximilien se rendit impopulaire au point de se faire séquestrer par les Brugeois. Son principal conseiller, Pieter Lanchals, fut décapité sous ses yeux et l’archiduc, en proie à une frayeur légitime, concéda tout et n’importe quoi aux Brugeois pour recouvrer sa liberté, mais obtint de ceux-ci (selon la légende) l’engagement d’entretenir à tout jamais des cygnes en souvenir du supplicié (« lanchals » signifie long cou en flamand). Promesse tenue.

XVIe siècle : le déclin

En 1500, la ville comptait de 45 000 à 50 000 habitants. C’était la cité la plus riche d’Europe du Nord, mais les Brugeois dépendaient de plus en plus de leurs avant-ports, Damme et Sluis, pour l’acheminement des marchandises. Ils multiplièrent les mesures protectionnistes et les contrôles vexatoires. Leur drap n’était plus compétitif, les manufactures anglaises avaient appris à le tisser et n’avaient plus besoin de la Flandre pour écouler la laine. Quant à Maximilien d’Autriche, rancunier, il favorisa l’installation des marchands à Anvers, la place commerciale montante. Anvers, port sur l’Escaut, devint la rivale de Bruges et finit par la supplanter.

Au début du XVIe siècle, les étrangers avaient quitté Bruges et plus de 5 000 maisons étaient vides. En 1520, 2 galères vénitiennes jetèrent l’ancre à Sluis. La République sérénissime, elle aussi en déclin, vint pour la dernière fois saluer sa consœur du Nord. Les guerres de Religion entre protestants et catholiques accélérèrent ce déclin, beaucoup de Brugeois nantis et adeptes de la Réforme choisissant l’exil vers la Hollande, plutôt que les persécutions de l’Inquisition.

Du XVIIe au XXe siècle : 3 siècles de léthargie

Au cours de ces 3 siècles, Bruges vivota dans l’espoir cent fois remis au lendemain, d’un canal qui la relierait à la mer. Hélas, les flux commerciaux empruntaient à présent d’autres routes. Avec la liaison Gand-Bruges, la ville se maintint au rang de port régional. Elle entretint une industrie locale de dentelle qui parvenait à peine à nourrir une partie de la population. Le petit peuple vivait de charité. Les propriétaires rentiers organisèrent le système d’assistance des maisons-Dieu et des hospices.

À l’intérieur même de l’enceinte des remparts, on trouvait des champs cultivés ! L’indépendance belge de 1830 en fit un chef-lieu de province et, en 1848, une famine poussa les habitants à l’émeute. On ressortit des cartons un projet de canal vers la mer qui, grâce aux efforts de Léopold II, vit le jour en 1907, Un raid de la Royal Navy, le 23 avril 1918, sur le port de Zeebrugge, permit d’empêcher la sortie des sous-marins allemands basés à Bruges.

Le réveil de la Belle Endormie

Curieusement, Bruges dut son renouveau à son passé oublié. Dans la 2de moitié du XIXe siècle, des écrivains et artistes anglais romantiques, en visite sur le continent, se prirent de passion pour cette ville qui répondait par son décor à leur engouement pour le Moyen Âge. Ils furent rejoints par d’autres Britanniques qui choisirent de s’établir à Bruges pour des raisons bien plus terre à terre : des officiers britanniques de l’armée des Indes à la retraite, qui ne pouvaient, avec leur modeste pension, mener le même train de vie qu’au Bengale ou au Pendjab.

Ils achetèrent à Bruges, à quelques encablures de leurs blanches falaises, de superbes maisons pour une bouchée de pain et trouvèrent un personnel de maison prêt à travailler pour de modiques gages. Tout ce beau monde formait une petite colonie, qui recevait des visites de parents et amis et, bientôt, un collège de petits Anglais en uniforme vit le jour. Bruges sortit lentement de sa torpeur, se mit à restaurer son patrimoine monumental et assainir ses canaux. On construisit de nouveaux bâtiments, à l’imitation du Moyen Âge. Des hôtels s’ouvrirent, des restaurants fleurirent, la ville était devenue la destination idéale pour tout couple en voie de formation durable...

Depuis 1949, en reconnaissance de son passé de cité internationale, Bruges a, par ailleurs, reçu le privilège d’être choisie pour former, dans le Collège de l’Europe, les futures élites de l’Union européenne.

Une cité secrète à redécouvrir, hors sentiers battus

Ces dernières décennies, Bruges a été victime de son succès. Trop de monde certains week-ends, trop de dérapages dans les prix ont failli décourager les vrais amoureux de la ville. Aujourd’hui, comme dans toutes les grandes villes touristiques surfréquentées, une nouvelle politique veille à éviter les excès. On ne construit plus de nouveaux hôtels, le secteur piéton ne cesse de s’élargir, et les guides ont pour mission, une fois les 10 spots incontournables visités, d’inciter le visiteur à s’intéresser au Bruges secret, celui qu’ils aiment et que nous aussi on adore.

Partir sur les pas des derniers Grands Ducs d’Occident, découvrir les lieux où vécurent des gens célèbres, comme Marguerite Yourcenar, flâner le long des canaux, au nord de la ville, jusqu’à un séminaire derrière lequel des vaches sont en train de ruminer, passer le porche des maisons-Dieu, profiter de la visite de la dernière grande brasserie artisanale pour se faufiler dans des bars à bière où l’on parle surtout le flamand, découvrir les petits musées qui renferment, sinon des trésors, de vraies curiosités...

Quant au domaine culturel, Bruges s’enorgueillit d’une salle de spectacle qui depuis près de 20 ans fait partie des grandes réussites de l’architecture contemporaine : le Concertgebouw. Avec un orchestre « Anima Eterna Brugge », connu de toute l’Europe, et un festival qui abolit les frontières entre les amoureux de la musique (liens étroits tissés avec Lille et Arras, entre autres).

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